II

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"L'émeraude est pierre de sagesse et d'amour comblé. Le rubis est celle de l'amour divin et de la royauté. Je porte ces deux pierres constamment, l'une dans mes yeux, l'autre sur mes lèvres. Je suis une reine née paysanne, aimée des dieux et les aimant tout autant."

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Thèbes, ville consacrée d'Amon, Haute-Egypte

Les rues de Thèbes étaient pleines de monde. Les marchands vendaient bijoux et tissus alors que la ville était en pleine préparation de fête. Nous étions le premier jour du mois de Thot, le nouvel an, le jour de la naissance de Rê.

Pourtant cette agitation joyeuse cachait une inquiétude: le nouveau Pharaon venait visiter le temple du dieu thébain alors que les célébrations pour la crue du Nil commençaient.

Lorsque la barque de Râ atteignit le zénith, la ville de Thèbes vit apparaître à ses portes la procession royale. Un éléphant et une multitude de garde s'engagèrent sur la voie principale, prenant la direction du temple.
Tous essayaient de voir le jeune roi, normalement dissimulé sous les lourdes teintures portés par l'éléphant,sans savoir que celui-ci s'était glisser parmi ses hommes pour passer inaperçu lors de la procession royale et observer son peuple en toute tranquillité.
Mais quelle ne fût pas leur surprise lorsque l'accès du temple du dieu caché leur fût refuser par le Grand Prêtre en personne, accompagné de deux tigres immobiles.
La raison? La prêtresse officiait, le tintement de ses sistres et la mélodie créŕe par ses suivantes se faisant entendre depuis l'extérieur.

Mais refuser l'accès d'un temple au Pharaon est impossible.  C'est donc ainsi que le jeune Amon fût installer dans le salon intérieur du temple, des servantes lui apportant victuailles et boissons tout en se pavanant devant lui.  Mais le jeune pharaon ne quittait pas des yeux la salle principale, plus précisément la femme qui y dansait.
Elle n'était visiblement pas égyptienne.  Sa peau était plus pâle que la plus pâle des femmes d'Égypte et ses cheveux battaient contre le bas de son fessier à chaque pas. Ce détail amusa le roi, étant donné que les égyptiens, hommes ou femmes, avaient le crâne épilé et portaient donc des perruques.  La femme devant lui avait des cheveux naturels et ceux-ci avaient une taille impressionnante.  Il interpellait une servante en pointant la danseuse du doigt.

-Qui est-elle?

Mais ça ne fût pas ça qui attira l'attention du roi, ni le corps souple et fermé se collant au torse de pierre de la statue du dieu Amon alors que la servante lui répondait.

-Il s'agit de la fille de la Divine Adoratrice Hepet. C'est la Divine Adoratrice Népherti.

Non.
Ce furent les deux perles émeraudes qui se posèrent sur lui avec agacement l'espace de quelques secondes qui firent grandir en lui l'envie de s'amuser avec la femme devant lui.

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Un regard la dérangeait. Il brûlait la peau de son dos, semblait percer sa lourde chevelure.  Il le perturbait au point qu'elle finit un léger faux pas, sa cheville prenant un angle douloureux.
Transformant cette erreur en pas de danse, la jeune femme agita l'instrument dans ses mains, sa mélodie se mêlant au doux tintement qui retentissait à chacun de ses pas. Comme toutes les robes égyptiennes, sa tenue laissait entrevoir  le galbe de ses seins, son grand de peau, ses courbes. Courbes qui allèrent se presser contre le corps de pierre de la statue d'Amon. Son dos se cambra sensuellement ses mains tracèrent des courbes imaginaires sur l'idole de granit, ses seins s'y frottèrent alors que la musique ralentissait et s'arrêtait.

Le regard la brûlait encore, posé sur son visage encore dissimulé pour son observateur. Alors elle se décida à lever la tête, plongeant ses iris brûlants de colère dans leurs opposé, brillants d'amusement. 

Devant elle, le plus bel homme qu'elle ait jamais vu après son propre père. Népherti se dirigea lentement vers lui, la sensualité de sa danse ne l'ayant pas encore quitter. Elle attendit que les yeux du jeune homme remonte de sa poitrine pour s'adresser à lui.

-Qui pensez-vous être pour entrer dans ce temple alors que c'est interdit? L'adoratrice ne danse que pour Amon.

Le jeune homme fit un plus grand sourire alors que des cris de joie retentissaient à l'extérieur. Il semblerait que cette amusante jeune femme soit une vraie tigresse.

-Je suis le roi de cette nation donc les portes du temple me seront toujours ouvertes. De plus, à partir de maintenant je suis ton époux Népherti d'Égypte.

À ses mots, les pupilles malachite de la jeune femme s'écarquillèrent. Les ordres fu pharaon font loi. Les femmes d'Égypte sont siennes. La Divine Adoratrice n'a qu'un époux mortel légitime et celui-ci venait de proclamer qu'elle était sienne.

Elle fronça ses délicats sourcils et prit dans l'une de ses petites mains le rubis qui brillait contre le torse nu de son nouveau mari, retenu par un lien de cuir. Un sourire moqueur prit place sur ses lèvres et elle lui arracha la pierre avant de s'en aller en courant à l'extérieur du temple. Ses dernières paroles avant de disparaître avec les deux gros tigres de la vue du roi firent débuter un jeu vieux comme le monde : celui de l'amour.

- Bonne chance Amon!

Le lion avait trouver une tigresse avec qui jouer.

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