Mon amour

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D'Eren.

À Livaï.


Les jours passent, la douleur me consume. Je me bats contre elle, perds à chaque fois. Les souvenirs se déchaînent, se fracassent les uns contre les autres. Notre dernier noël, il me fait si mal. La dernière fois que ton sourire m'a ébloui, m'a fait vivre. Tout s'est éteint si rapidement, comme les lumières d'une scène. Je n'ai été qu'un acteur, jouant un rôle secondaire. Toi, tu étais l'acteur principale. Si j'avais pu, j'aurais pris ta place. J'aurais pris tout ce qui te peinait, tout ce qui te faisait mal, tout ce qui te faisait peur. J'aurai donné ma vie pour garder la tienne. Ta présence manque au monde, ton âme manque à la mienne. Sentir ton souffle sur ma nuque, j'en rêve chaque nuit. Je dois t'avouer avoir espérer que tout ça ne soit qu'un cauchemars. Que j'allais me réveiller et que j'allais revoir ton visage, être dans tes bras. Mais tu n'étais jamais là, tu ne le seras plus. Je me souviens avoir espérer jusqu'au bout. Quand tu étais dans cette étroite boite, trop petite pour l'incroyable personne que tu représentais. Ta peau était glacial, si blanche....Je te regardais, j'espérais voir ta cage thoracique se lever, apercevoir ne serai-ce qu'une petite respiration de ta part. En vain, ça m'a déchiré le cœur et j'ai pleuré en silence. 

Tu m'as donné la pire chose à faire avant de partir, annoncer ton départ à ta mère. C'était pourtant une belle journée d'été, les gens riaient, s'amusaient. Tout ça pendant que mon monde s'effondrait. Kuchel ne se doutait de rien, elle était heureuse de me voir. Mon visage n'était plus le même, elle pensait que je m'étais disputé avec un de mes amis comme il m'arrivais de le faire. Je me suis mis en face d'elle, et lui ai dit que tu venais de mourir. Sa réaction...elle hante mes nuits depuis ce jour là. Elle a hurlé, un "non" remplit de douleur est sortie de sa gorge. Comme si on venait de la poignarder, les larmes sont tombées et elle m'a pris dans ses bras peux de temps après. Nous sommes restés ainsi un moment, le temps semblait s'être arrêté. Nous laissant partager notre tristesse. Tu as cassé le cœur de beaucoup de gens en partant. Je n'ai jamais vu autant de monde à un enterrement, il n'y avait même pas assez de place pour toutes ces fleurs. Les vieux amis que tu avais perdu de vue il y a longtemps, eux aussi étaient là. Ta grand-mère, elle, ne pouvait pas rester. Voir son petit-fils sans vie l'a rendu malade, la déchirait. Il lui a fallu du temps pour venir te voir au cimetière après ce drame.

 Ton sourire, ta façon de rassurer les gens et de les tirer vers le haut...ce sont des choses que tu continuait de faire, même quand les médecins t'ont dit que tu ne vivrais pas plus de deux jours. Tu leur as prouvé le contraire, vivant sept mois de plus. Mon amour, tu étais tellement fort. Tu vivais comme si rien ne se passait, tout le monde était impressionné. Moi j'étais fier de toi, tu étais l'homme le plus courageux que je connaissais. J'étais le plus chanceux du monde d'être aimé par toi, d'être celui que tu avais choisi pour vivre à tes cotés. Peut-être que ça n'aurait pas dérapé si nous n'avions pas été voir ces médecins. Tu ne voulais pas y aller à ce rendez-vous. Tu sentais que tu allais mieux, que ta tumeur aussi, alors à tes yeux c'étais une perte de temps. Je pensais qu'y aller serait bien, je t'ai influencer sans le vouloir. "C'est pire qu'avant" t'ont t-ils dit. Tu as tout perdu à cette phrase prononcée. Après ça tu étais au plus mal, ils avaient pris ta force, ton courage, ta détermination. J'en veut au monde et à cette peur de t'avoir mis à terre.

Avec nos proches, on s'occupait de toi pendant que tu perdais pied. Tu étais toujours allongé, les yeux fermés. Tu ne pouvais presque plus parler, tes forces physiques étaient presque inexistantes. Mais ton âme, elle, se battait en silence. Tu étais resté chez nous, à chaque fois que je rentrais tu tentais d'ouvrir les yeux et de me sourire quand tu remarquais ma présence. Dans ces moments là, tu illuminais ma journée. J'avais du mal à rester fort, c'étais pas facile de te voir dans l'état dans lequel tu étais. Mais je ne craquais jamais devant toi, je savais que tu perdrais définitivement tout espoir si moi aussi je sombrais. Alors j'ai porté cette douleur pour nous deux, tu avais déjà bien assez de choses à supporter de ton coté. Mes parents étaient réticents à l'idée de te rendre visite, ils n'avaient pas le courage de te voir au plus mal. Toi tu refusais catégoriquement qu'on pleure en ta présence, tu n'avais pas besoin qu'on te rappelle la situation dans laquelle tu étais. Alors ils s'étaient dit qu'ils viendraient quand tu serais sur pied. Ils ne sont finalement pas venues, tu t'en es allé avant. Aujourd'hui, ils regrettent un peu, mais ma mère dit que la dernière image qu'elle garde de toi est un Livaï pétillant, souriant et pas un Livaï au plus bas.

Rᴇᴄᴜᴇɪʟ OS [Eʀᴇʀɪ/Rɪʀᴇɴ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant