Je me souviens de la première seconde où nos yeux se sont fusionnés tel un artifice: tu portais un sweat ample et basique qui flottait gracieusement autour de ton corps svelte, tes cheveux mi-longs qui couraient autour de ton doux visage si expressif. Ta mâchoire anguleuse et imberbe. Ta pomme d'adam me fascinait.
Mes amis prétendent que tu regardes mal, mais ils ne te connaissent pas. Moi, en flamboyant de la rétine, du ventre et des pommettes, je me goinfrais de frites au fromage fondu dans ce stupide restaurant avec deux de mes amis. Toi, droit et scintillant, tu patientais sur un tabouret du comptoir: attendant une arrivée probable: ta petite amie sûrement.Mes amis discutaient de leur partie de foot, d'une soirée où pendant ce temps je crayonnais sur mon calepin depuis ma terrasse la structure en fer de la capitale. Je brûlais de rage de ne pas avoir sur ma main mon calepin et ma boîte de crayons pour t'imprimer sur un morceau de papier.
-Théodore, tu nous écoutes?
-Mec, tu es muet comme une carpe depuis une heure.Et là, tu as tourné tes yeux bleus vers les miens. Je continuais dans ciller à te contempler. Et tu m'avais souri, découvrant tes dents parfaites, faisant plisser tes pommettes et tes yeux.
Mon coeur faisait boum boum boum.