Ce n'est qu'un rêve

Une enveloppe rouge ?

*Mademoiselle. Comprenez-vous réellement la situation ? Avez-vous vraiment une idée de tous les sacrifices que cela implique ? Pensez-vous être capable de supporter cette vie ?*

Il fait beau, aujourd'hui. Je ne pourrais malheureusement pas en profiter à cause du travail. Mais après tout, c'est la même chose tous les jours. Vivre dans le sud, je veux dire, le soleil et la chaleur ce n'est pas inhabituel. J'ai déménagé pour cette raison. Ce n'est pas la seule mais cela en fait parti. Par moment, le mauvais temps me manque presque. Presque.

Cette vieille ville est bondée de monde comme à son habitude. Tous ces touristes qui payent une fortune leur semaine de vacances pour pouvoir oublier, le temps d'un court instant, leurs soucis. Pouvoir faire un trait sur le quotidien et s'amuser avant de retourner à leur vie pathétique. Je ne comprends pas comment le monde fonctionne. En fait, je le sais mais... pourquoi ? J'ai cette affreuse impression qu'il n'y a que moi qui puisse prendre du recul sur comment nous vivons, nous, humains. N'y a-t-il que moi qui me pose toutes ces questions existentielles ? Les autres se rendent-ils compte que la vie que nous menons n'a littéralement aucun sens ? Cela me dépasse. Le plus fou, est que je vis exactement comme tout ces gens. Sans rien pouvoir faire de plus que d'exister sur cette planète. Je ne parle pas d'avoir des postes importants ou pouvoir plaider des causes humanitaires ou que sais-je encore. Je vois plus loin que ça. Je vois... Non, je ne vois rien. Et le problème est bien la. Je ne vois pas ce que j'aimerai être en mesure de connaître. Je suis intimement persuadée que cette vie...cette vie dont nous jouissons n'est que mascarade. J'aimerai pouvoir dire avec certitude qu'il existe cet autre monde. Cet autre univers. Il n'est pas question de planètes ou de galaxies. Mais, d'une autre forme de vie, liée à la nôtre, coincée dans un espace temps différent.

Je regarde les clés de ma voiture sans motivation puis je les prends dans ma main. Je soupire. C'est incroyable comme je ne suis pas motivée, pour ne pas changer.
Je descends les quartes étages de mon immeuble et vérifie si j'ai du courrier. Je vois une enveloppe. Étrange. On dirait qu'elle a été mise directement dans la boîte à lettres sans être passée par la poste. Aucun nom, aucune adresse, pas de timbre non plus. Elle ne contient rien. Je la prends avec moi et sort.
Je marche en direction de ma voiture et regarde l'enveloppe. C'est drôle, les rayons du soleil semblent avoir changé la couleur de celle-ci. A l'intérieur, l'enveloppe était bleue. Mais à l'extérieur, elle est...rouge. D'un rouge si flamboyant que c'est impossible que seul la lumière du soleil puisse modifier sa couleur. Mais, si elle avait été de cette couleur tout à l'heure, je ne serais pas là à me poser la question. Ça aurai été une évidence. Comment est-ce possible ? Je suis sure à 100% quelle n'était pas rouge. Je veux bien croire qu'il faisait sombre dans le hall de mon immeuble mais tout de même. Elle a vraiment changé de couleur du tout au tout. Mes réflexions m'ont stoppée net. Je suis au milieu du trottoir à regarder l'enveloppe qui se trouve dans ma main. Quelques passants me regardent du coin de l'œil. Ils doivent se demander ce que je fais. Moi même je l'ignore.
Je glisse l'enveloppe dans mon sac et continue ma marche. J'arrive à la voiture et m'y installe. Il fait beau, la route est sèche. Le temps parfait pour rouler. Dommage que ce soit pour aller au travail.

Je dis bonjour à mes collègues mais ils ne me répondent pas. On dirait que je ne suis pas là. Que se passe-t-il ? C'est une nouvelle farce ? Je passe devant l'un d'entre eux, mais il ne détourne pas le regard. Comment peut on a ce point ne pas réagir à la présence de quelqu'un ? Il y a un problème. Quelque chose ne va pas. Je commence à avoir la tête qui tourne. Je m'assieds sur le rebord du mur et j'entends une voix.
*On t'a pourtant envoyé l'invitation. Pourquoi ne t'y es tu pas rendu ?*
Quoi ? Je...j'ai du rêver. Je ne me sens pas bien. Ça doit être pour ça. Cette voix... je ne la connais pas mais ce n'est pas le problème. Je l'ai entendu...dans ma tête.
*Ne t'en fait pas. Tu ne comprends pas, tu ne nous vois pas mais tu n'as pas à t'en faire. On va venir te chercher et on te ramène avec nous.*
Je sens que je vais faire un malaise. Je me sens partir de plus en plus. Je n'ai aucune idée de comment je suis. Si je suis assise ou allongée. Si les gens me regardent ou si je suis seule. Je n'ai plus que ma conscience. Et cette voix qui me parle dans ma tête. Qui est-ce ?
*Rapproche-toi encore un peu. Et attrape ma main. Je te guiderai.*
Me rapprocher ? Comment faire ? Je ne connais pas le chemin. Je ne vois aucune main tendue vers moi. J'ai les yeux ouverts pourtant. Enfin, je crois. Il ne me semble pas les avoir fermés.
*Dépêche-toi, nous n'avons plus beaucoup de temps. Fait un petit effort, encore un.*
Je veux bien mais je ne sais pas comment m'y prendre. Je sens comme une rafale glacée m'agresser. J'ai si froid. Je ne comprends pas. Il faisait si chaud et tout d'un coup...
*Ca y est !*
Ma main est chaude.
*Je t'ai enfin attrapé ! Laisse-moi te ramener au chaud.*
Je ferme les yeux. Et la chaleur regagne peu à peu mon corps. Quelle agréable sensation. J'ai l'impression d'être enveloppée d'une incroyable douceur. J'ouvre les yeux. Une légère brise me caresse le visage. Je lève la tête et je le vois. Cette voix qui me parlait. C'est lui. Il me tient fermement dans ses bras. Ou sommes-nous ? J'essaie de regarder autour de moi.
*Nous ne sommes pas encore arrivé Mademoiselle. Mais n'est crainte, je suis là à présent.*
Je me sens rassurée bien que je ne me sentais pas en danger auparavant. Je suis si bien dans ses bras. Je mets mes bras autour de lui. Et je sens un petit sursaut de sa part. Mes mains ne peuvent s'empêcher de caresser doucement son dos qui semble si musclé.
*Ferme les yeux.*
Je m'exécute.

*C'est bon, tu peux ouvrir les yeux. On est arrivé.*
J'ouvre les yeux et je découvre avec stupeur l'endroit où je suis. Un bureau ? Je vois une table transparente, une chaise noire, une chaise blanche, et un grand miroir à côté de la chaise la plus claire. Il y a aussi une petite plante sur le bureau. J'ignore de quelle espèce elle est mais je n'en ai jamais vu des comme celle-là.
*Mademoiselle. Ne perdons pas une seconde et commençons. Que veux-tu ?*
Pardon ? Je ne comprends pas. C'est lui qui m'a emmené ici. Je ne sais pas ce que je fais dans cet endroit.
*Mmh...*
Il vient de soupirer.
*Mademoiselle. Tu ne sais vraiment pas pourquoi tu es ici ?*
Je n'en ai absolument aucune idée. Mais la voix de cet homme m'envoûte. Tout son être me transcende. Peu importe la raison de ma présence dans ce bureau, je ne veux pas le quitter. Je veux rester à jamais prisonnière de cet inconnu.
Il me regarde. Il y a comme des flammes qui dansent dans ses magnifiques iris verts. Une mèche blonde retombe sur son front. Je n'ai jamais vu un homme si beau de ma vie.
Il avance sa main sur son bureau, dans ma direction. Il entrouvre ses lèvres. Il s'apprête à parler. Je suis impatiente d'entendre de nouveau sa voix.
*Es-tu prête à abandonner tout ce que tu as, toutes les personnes qui te sont chères pour tout recommencer ?... Tu ne le regrettera pas.*
Quoi ?