Les révélations

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  Et puis un jour, lors de notre pause déjeuner, Julie me dit qu'elle voulait me parler en privé. Nous nous éloignâmes donc de notre groupe d'amies. Une fois que nous nous fûmes éloignées, elle prit une grande inspiration et dit :
-"Esther, je peux te dire quelque chose ?"
-"Oui bien sûr."
-"Tu me promets de n'en parler à personne ?"
-"Oui je te le promets."
Elle marqua une pause, puis elle dit en montrant ses bras :
-"Je me mutile."
À ce moment là, tout bascula en moi. Il me sembla même que ma tête tourna. Julie, ma meilleure amie, ma vie, celle qui était toujours souriante et de bonne humeur, était en fait malheureuse ! Je sentais que les larmes voulait dévaler mes joues mais je me retint. "Elle n'a pas besoin d'un malheur de plus" pensais-je. Après quelques secondes qui passèrent comme une éternité, je lui demanda pourquoi elle faisait ça.
-" Car je suis malheureuse Esther. Pas de l'extérieur mais de l'intérieur."
-" Pourquoi es-tu malheureuse ?"
-" Car mon père fume et ne veux pas arrêter. C'est moi qui gère ses cigarettes. Il m'insulte parfois quand je ne lui donne pas. Il y a également des gens qui m'ont trahie. Et mine de rien, ça fait mal. Sans compte que mes parents s'en foutent de moi."
-" Comment ça ? Pourquoi on t'a trahie ? Et pourquoi tes parents s'en foutent de toi ?"
-" Eh bien, tu ne verras pas souvent voir jamais mes parents manger avec moi. Tu ne les verras pas souvent faire quelque chose pour moi. Tu ne les verras que très peu essayer de me rendre ma joie. D'ailleurs, ils ignorent que je suis malheureuse. Comme tout le monde, sauf toi, à présent. Pour la question des amies, j'ai toujours tenu mes promesses mais pas mes amies. Certaines m'ont abandonnée, d'autres m'ont fais du mal et d'autres m'ont, comme je te l'ai dit, trahie à cause de rien. Rares sont les personnes qui n'ont pas profité de moi. J'espère que tu n'en sera pas une.
Je compte sur toi pour garder le silence. S'il te plaît."
De nouveau, ma tête me tournait.
Alors cette fille, si douce et si gentille avait encore plus de malheurs qu'elle ne m'avait révélé il y a quelques minutes ! Je ne voulais pas, je ne pouvais pas en entendre davantage. Cela se voyait qu'elle voulait pleurer. Je ne dit pas un mot. Elle non plus. Mais je compris qu'elle avait besoin de réconfort. Je la serrai dans mes bras et elle me chuchota :
-" Merci."

Juste une collégienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant