Bad boy veut un chien [Terminé]

Bad boy veut un chien

Il arriva au lycée, se garant à sa place de parking réservée, comme tous les matins. Il était entouré d'un nuage de fumée dû à sa cigarette, lui donnant un côté mystique qui effrayait et attirait. Toujours au centre, et toujours devant, il précédait un groupe de garçons de son âge, ils devaient être cinq en tout. Tous les regards étaient braqués sur eux, ou plutôt, sur lui. Ses cheveux blonds mal coiffés, ses yeux verts sombres, son visage, fermé, son regard noir, meurtrier. Ceux qui le suivaient n'avaient rien de comparable. Ils n'étaient pas désagréables à regarder, mais leurs atouts étaient tout juste sommaires face à l'éblouissant éclat de froideur qui émanait de lui. À leur passage, un chemin se dégageait, pour certains, c'était par peur, pour certaines, c'était pour s'attirer ses faveurs.
C'était tout juste si on ne déroulait pas le tapis rouge sous ses pieds.

Dans les yeux de ceux qui le regardaient, c'est à dire de tous, on pouvait voir de la crainte, pour ceux qui se faisaient voler leur goûter ; de l'admiration, pour celles qui auraient aimé tenter quelque chose ; de la haine, pour ceux qui s'étaient fait voler leur copine ; du désespoir, pour ceux qui avaient essayé un jour, de lui apprendre des choses...

Alors qu'il poussait sans ménagement une élève pour atteindre son casier, quelqu'un l'interpella :

"Monsieur Liam ? Pouvez-vous m'accorder deux minutes, s'il vous plaît ?"

C'était le directeur, et sa question étant rhétorique, le garçon s'abstint de répondre, se contentant d'un vague hochement de tête suintant le mépris. Liam et le directeur ne pouvaient se voir en peinture, et si l'un se serait volontiers passé de cet entretien et le montrait, l'autre prenait sur lui, sachant pertinemment qu'il ne pouvait plus repousser ce moment. C'était donc raides et contraints que les deux hommes se rendirent dans un endroit plus calme, le bureau du directeur.

"Bien, jeune homme, expliquez - moi, si c'est possible, comment, en seulement une semaine, vous avez pu avoir six retards et deux absences ?" Commença le directeur, assez fier de sa lancée.

Prenant bien soin d'éluder la question, Liam contra sur le même ton :

"Monsieur le directeur, si je puis me permettre, vous allez occasionner mon septième retard. Ne serait - il pas mieux que je retourne suivre mes cours, qui me permettront, soit dit en passant, d'avoir mon bac ?"

Son interlocuteur vit rouge, cette confiance mêlée d'arrogance dont faisait preuve ce lycéen avait le don de mettre hors de lui le directeur. Il tenta toutefois de garder son calme. Pour ce faire, il mit fin à cette discussion qui ne servait à rien. À chaque fois c'étair la même chose, il se forçait à intercepter le rebelle pour avoir une discussion sérieuse, et au final, il abandonnait, incapable de supporter Liam plus de cinq minutes et vingt-trois secondes. Le jeune homme retourna donc en classe équipé d'un mot de retard et d'une note à l'adresse de ses parents. Seulement, déterminé à torturer son directeur jusqu'au bout, il décida de ne pas se rendre en cours de toute cette journée.

Sur le chemin qui menait le rebelle à la sortie, il croisa deux garçons plongés dans une discussion qui aurait pu être très intéressante pour certains mais fort ennuyeuse pour lui. Liam avait faim, or il savait que ces deux personnes avaient souvent, voire en permanence, de quoi se délecter dans leur sac. Le prédateur se positionna contre le vent, de sorte que ses proies ne puissent pas le sentir, et par conséquent, s'enfuir. Tel un virtuose, il s'empara rapidement et efficacement de la nourriture que possédaient à l'origine ses victimes. Celles - ci s'enfuirent, sans réussir à récupérer leur bien, mais avant que le charognard n'ait encore besoin de quelque chose.

Liam rencontra sa prochaine proie au niveau du portail, cette fois-ci. C'était une belle jeune fille avec qui il avait déjà "parler", plusieurs fois auparavant. Ce fut donc d'un commun accord qu'ils se retrouvèrent tout deux dans un lit chez le jeune homme plutôt qu'en cours à réviser pour l'examen qui se profilait à l'horizon.

Ainsi donc, vers dix heure et demie du matin, Liam se retrouva enfin seul chez lui. Épuisé par les événements précédents, il s'affala dans son canapé et croqua un bout de l'encas de ses deux premières proies du matin. Il profita du calme de sa maison pour se reposer en faisant une petite sieste régénératrice.

Une fois réveillé et de nouveau d'attaque, Liam monta dans sa salle de bain. Il prit une douche bien chaude, et n'en sorti que lorsque sa peaux fut rouge. Puis, il s'approcha du lavabo. Plusieurs fois, devant le miroir, il joua à montrer son regard noir qui faisait trembler, alternant avec son regard charmeur qui faisait tomber. Enfin, il relâcha les épaules, passant une main dans ses cheveux et fit tomber son masque. Enfin un endroit où il pouvait être qui il voulait, un endroit où il ne serait pas jugé, un endroit où il était en sécurité.

Le garçon attrapa un coton qui reposait sur le bord du lavabo, et soigneusement il se débarrassa du crayon noir qui soulignait et assombrissait son regard. Il fit un grand sourire devant le miroir et retrouva son air angélique et enfantin. Dans sa chambre, il se défit de son jean troué et de son T-shirt à tête de mort, optant pour un vieux pyjama rayé et agréable.

Le vrai Liam, et non un énième rôle qui le protégeait, descendit dans sa cuisine. Il attrapa une enceinte et mit son morceau préféré, le Prélude de Bach, écrivant en même temps sur un post-it, qu'il colla sur le réfrigérateur : Je pourrais avoir un petit chien maman ?

Il commença à fredonner et s'envola dans la danse...

The End.

@Rain_Bow__