Le repas enfin finit, je débarrasse la table et retourne dans ma chambre, je fais mon sac d'école et mets mon réveil en route. Je me couche dans mon lit mais n'arrive pas à trouver le sommeil. Je fixe encore et encore le plafond d'un blanc immaculé, un blanc parfait aussi parfait que mes parents voudraient que je sois. Puis, en y regardant de plus près je peu voir des fissures. Sous cette perfection, il y a quelque chose de caché. Une preuve que rien ni personne ne peut être parfait, mais apparemment nous n'en sommes pas tous conscients. Toujours dans mon lit, mon regard quitte le plafond pour se poser sur mon bureau. Je me lève et me dirige vers lui et reprends ma feuille, et dans la case mourrir je mets « mes parents » et juste en bas « école » mais après réflexion je le trace et mets « les cours ». Selon moi, la différence est que: l'école n'est pas que le lieu où on étudie, c'est aussi l'endroit où on rencontre nos amis, où on peut passer de bons moments, la voilà la différence. Maintenant la question est pourquoi quelqu'un qui a des amies voudrait se suicider? Eh bien, la réponse est que j'ai toujours été quelqu'un de très mélancolique. Même au sommet du bonheur mon malheur me rattrape. Et bien que j'ai mis mes parents dans la case mourrir, je peux comprendre pourquoi ils agissent de cette façon envers moi. Je suis une jeune fille métisse, donc à moitié noire, la vie pour moi sera peut être plus compliqué que celle de mes amies blanches. Je comprends aussi que des parents veulent le meilleur pour leur enfant et sont prêts à tout pour le leur donner, mais de temps en temps ils devraient se remettre en question. En pensant tout ce mal de mes parents je me sens coupable et repense à toute la joie qu'on a vécu, tous les souvenirs que j'ai avec eux et je pense à tous les bons côtés de mes parents, en dehors de leur caractères beaucoup trop dominants, et je culpabilise. Je devrais peut être leur parler, leur dire mon mal profond. Mais je sais comment tout ça finira, je serais planté devant eux et soit je changerais de sujet au dernier moment, soit ils ne me laisseront pas m'exprimer. J'ai tellement envie de leur dire , qu'ils voient dans mes yeux mon désespoir, mais rien à faire, en même temps, comment un parent peut imaginer que son enfant veut se tuer, et même s'il y pensait, il le dénierai. Alors dans la case vivre j'écris « mes parents » et en dessous « mes amies ».
Le lendemain sur le chemin de l'école je sens mon ventre se nouer. Je ne suis pas harcelée et je n'ai pas d'ennemies. Mais, je suis nouvelle ça ne fait pas longtemps que je suis arrivée, je ne sais jamais où me mettre. Je marche le regard dans le vide et je ne vois pas la voiture qui était à deux doigts de me rouler dessus. Le conducteur baisse sa fenêtre furieux et me hurle « Vous pourriez faire attention! Qu'est ce qui se serait passé si je vous avais heurté ! » il n'attendit même pas ma réponse et repartit. Je continue mon chemin comme si de rien était, en prêtant une attention particulière à chacune des voitures.
Arrivée au lycée je vois l'une de mes amies, je lève la main pour la saluer mais aucune réaction de sa part. Je ressers la main et la baisse, honteuse je baisse la tête et continue ma route. Je me doute que personne n'a vu, vu que personne ne me remarque, mais je ne peux pas m'empêcher de mourrir de honte à l'intérieur, la honte est sans doute le gros point que je mettrais en gras, en majuscule et en rouge sur la liste en faveur de la mort. Une fois dans le bâtiment, je monte les escaliers et fais bien attention à chaque marche, mais apparemment je n'y est pas fait assez attention. Je m'étale par terre, comme une crêpe. Tous les regard sont tournés vers moi Non,non,non,non,non. Pas ça ! Pitié ! , la voix dans ma tête rajoute à mon sentiment de mort interne. Je me lève, ne regarde personne. L'avantage ,ou le désavantage, que j'ai est d'avoir un visage qui, quand je le veux, ne montre aucune émotion. A ce moment là c'est un avantage! Une fois debout je me dirige à toute allure vers les toilettes où je reste enfermée jusqu'à la sonnerie.
« Driiiiiing »
Je vais à toute vitesse dans la salle de classe, m'assois, sans regarder personne. Je me trouve au troisième rang devant, derrière et des deux côtés il n'y a que des gens qui se connaissent,sont amis, sont sociables et aux milieux de tout ça, il y a ....moi. La tâche dans le paysage, le mouton noir du troupeau. On s'habitue à cette idée mais jamais à la sensation de n' être rien, de ne pas exister. Le professeur d'histoire fait son entrée, vieux et grognon, il n'a pas pour habitude d'avoir sa langue dans sa poche. Il me fixe sans rien dire et s'approche à petit pas de moi. Je rêve de devenir totalement invisible, surtout au moment où il me dit « Dis donc mademoiselle. Tout à l'heure votre plongeon était spectaculaire ! » il explose de rire et toute la classe fait de même, je souris pour faire bonne figure, mais cela me décide, je veux mourrir, je vais mourrir.