Chapitre 5

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Leur arrivée dans ce royaume n'avait pas été très chaleureuse, malgré la douceur et la lumière forte du soleil. Ils étaient arrivés sous un énorme chêne en plein milieu d'une gigantesque place pavée, le motif formé au sol représentait une étoile dont chaque branche ouvrait sur une avenue. Il y avait huit branches et donc huit avenues correspondant à un domaine particulier, l'orfèvrerie, l'ébénisterie, l'art, le tissage, les sciences, la magie, l'art du combat et la restauration.
À l'âge de 50 ans, ce qui équivaut à 10 années humaines, les Vëls devaient passer un test d'aptitudes déterminant le domaine dans lequel ils seront affiliés durant 500 ans. A la fin de cette période ils peuvent repasser ce test pour tenter de se réorienter ou rester dans la filière qui leur est consacré. Ce type d'organisation unique et principalement dû à la longévité extraordinaire de ce peuple offrait des avantages incroyables autant physiques que mentaux. Les elfes les plus âgés étaient chargés d'enseigner leur savoir aux plus jeunes, si bien que la mémoire du peuple elfique est incommensurable et éternelle. Leur taux de reproduction très faible faisait d'eux des êtres pacifiques qui ne cherchaient point querelle entre eux car chaque vie est importante et digne de s'épanouir. Ici à la capitale du royaume de Vëlira vivait la grande majorité du peuple elfique et la concentration de leur savoir se trouvait dans la bibliothèque sacrée, véritable temple de connaissances. Le petit groupe fût soudain dévisagé par la cinquantaine de Vëls sur la place, ce royaume n'avait pas pour habitude de recevoir de la visite et seul une personne connaissant la formule adéquate pouvait ouvrir la porte du chêne.
-Nous ne sommes pas dans un royaume humain, murmura Gabriel offusqué, vous nous avez dit être envoyé par le Roi or Vëlira est dirigé par une reine.
- Du calme, nous n'avons pas menti, dit Mélia.
Celle-ci qui s'était pourtant empressée de franchir la porte était tendue comme la corde d'un arc.
- En fait nous avons besoin de quelque chose qui se trouve ici ou plutôt de quelqu'un, répondit Dytos.
Un vël s'approcha alors du groupe et leur demanda froidement:
- Je peux peut-être vous aider ?
La politesse feinte des Vëls ne cachait que de la condescendance à l'égard des peuples étrangers.
- Bien entendu, enfin je doute que vous soyez d'une réelle utilité mais puisque c'est proposé si gentiment, pourriez-vous nous guider jusqu'au temple écarlate s'il vous plaît ?
Carla ne s'y attendait pas, elle qui avait sondé Mélia et n'y avait trouvé que de l'abnégation et de la loyauté, la voir si froide et cassante contrastait fortement avec la première impression qu'elle avait eu de la jeune femme.
L'ironie dans sa voix et la moquerie lui paraissait inadéquat à sa personnalité
-Pour sûr, répondit l'individu maintenant crispé. 
La troupe se mit en marche dans un silence de mort dévisagé à chaque pas, on murmurait sur leur passage, les rumeurs devait déjà courir et avoir atteint le palais et le Haut-Conseil. Il ne restait plus qu'à voir comment ils seraient traité par les autorités.
Ils empruntèrent l'avenue dédiée à l'orfèvrerie, enfin l'orfèvrerie Vël bien sûr, il y avait bien quelques bijoux comme l'entendent les humains, mais pour eux les véritables parures sont les armes. Véritables chefs-d'œuvre les armes Vëliques sont finement taillées, polies, ornées, de sorte à former une pièce unique. Les armes chantaient, harmonieuses, leur maniement était aisé puisqu'elles étaient légères mais d'une solidité inégalable, elles avaient une allure fière et élancée comme leurs propriétaires qui les créaient souvent de leurs propres mains. Leur création nécessitait parfois des années de travail, l'artisan y insufflait une partie de lui-même, littéralement, il laissait son Éclat se fondre dans sa création formant ainsi un lien puissant entre les deux êtres.
Tout le long de l'avenue se dressait des forges et des échoppes scintillantes mais elles n'étaient rien comparées au temple écarlate, ce temple était le centre même de la ferronnerie on y apprenait les rudiments de l'orfèvrerie et les meilleurs pouvaient espérer devenir professeurs, il n'y en avait que 3, non pas par manque de place mais par souci de réussite. Les critères d'évaluation étaient sévères et très peu peuvent espérer prétendre au nom de maître-orfèvre.
Gabriel ne cessait de s'ébahir devant les vitrines des magasins, bien qu'il ne sache manier aucune arme à part son esprit il pouvait tout de même ressentir la puissance des oeuvres exposées et leur éclatante majesté. Ils arrivèrent enfin devant les portes du temple et leur guide les abandonna après les  avoir saluer courtoisement.
- Que faisons-nous ici ? demanda-t-il.
- Nous devons rencontrer quelqu'un qui pourra nous aider, enfin vous aider même si ça ne me plaît guère de le revoir, répondit Mélia jusqu'ici murée dans un silence profond.
- Nous aider ? En quoi pourrait-on nous aider, je ne vois aucune bonne raison à cela.
- Et pourtant il le faut et je promets de tout vous expliquer mais nous n'allons pas le faire devant la porte tu ne crois pas ?
- Bien mais s'il y a encore des cachotteries nous concernant Carlia et moi, je ne vous ferai plus confiance et je ne vous suivrais plus nulle part.
- Entendu gamin, on peut rentrer maintenant ?? s'impatientait le guerrier.
Le temple écarlate était impressionnant, le bâtiment tout de métal aux reflets rougeoyants  semblait consumé par les flammes, il s'en dégageait une chaleur oppressante et des bruits de vapeur, d'outils ou encore de brasier. Le groupe entra bouche bée on aurait pu se croire au paradis des forgerons, une fourneau imposant trônait au centre du hall et des dizaines de personnes s'affairaient autour, activant des soufflets, frappant des morceaux de métal, une véritable fourmilière organisée dans un ensemble parfait. Carlia se demanda si l'on avait accès à tous les endroits si facilement dans cette ville, on semblait pouvoir rentrer partout c'était déroutant.
Trois vëls s'approchèrent d'une démarche synchronisée, le premier en partant de la gauche était petit et semblait plongé dans un traité de géométrie, le second était le plus grand et ouvrait la marche, il avait des yeux gris et affichait un sourire accueillant lorsqu'il croisa le regard de Mélia, qui ne le lui rendit pas et semblait ne même pas connaître cet individu. Enfin le dernier avait l'air tellement âgé qu'il aurait pu se briser d'un simple coup de vent. Carlia frissonna malgré la chaleur ambiante, elle ressentait une présence démoniaque ténue, presque invisible. Avec ses sens psychiques elle effectua une vérification de la ville entière, elle étira son esprit en dehors de son corps et recouvrit la surface de la capitale en une fraction de seconde soudain son esprit fût attaqué, des serres déchirèrent sa conscience d'une violence inouïe, elle se rétracta mais une troisième conscience la retint.
Nous savons à présent où tu te trouves ce n'est qu'une question de temps.
Carlia se débatit de toute sa force spirituelle et parvint à échapper à l'emprise de ses agresseurs, elle revint dans son corps totalement paniquée et encore bouleversée par cette attaque. Ce n'était pas le démon, elle connaissait sa voix, ce n'était pas lui. Mais qui avait pu la retenir de la sorte, il fallait une puissance considérable pour pouvoir capter une conscience, la dominer, et savoir où elle se trouvait en si peu de temps. Carlia se sentit idiote, elle était dans un pays inconnu, potentiellement hostile, rempli des magiciens le plus talentueux du continent, et tout ce qu'elle trouvait de mieux à faire c'était de laisser traîner son esprit sans défense.
Gabriel tourna son visage vers elle et lui posa une question silencieuse : Qu'est ce qui c'est passé ?
Carlia lui fit signe d'attendre. Elle ne savait pas s'il avait communiqué avec elle par la pensée ou si elle avait simplement lu sur ses lèvres mais comment avait-il pu savoir ce qui venait de se passer ? Elle se résigna à attendre de pouvoir parler avec lui de tout ça au calme.
Tout ceci n'avait duré qu'un instant et les trois hommes saluèrent enfin le groupe.
- Enchanté nous sommes les trois maîtres-orfèvres de cette académie, dit le plus grand des trois, quelle motivation vous a mené ici ?
- De même je suis Mélia Hanselin et voici Dytos Dreck, Gabriel et Carlia. Nous sommes ici pour parler à Liam Hanselin, mon frère et aussi le directeur de cette académie.
- Hum c'est fâcheux...

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Voilà la fin de ce chapitre j'espère qu'il vous aura plu, je sais que je ne publie pas souvent mais espérons qu'avec le confinement cela s'arrange !!

L'espoir d'EdoniaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant