Celles qui Survivent [TOME 1]

lo. la mère et la fille

CHAPITRE 10
LA MÈRE ET LA FILLE

" c'est curieux comme deux personnes de la même famille peuvent ne pas se ressembler "

- Attention, mademoiselle. Je vais devoir serrer.

Je pince les lèvres, anticipe la douleur. La petite bonne tire pour lacer mon corset, toujours plus fort. Ma respiration se bloque, mon corps entier se tend, entièrement aspiré vers l'arrière.

- Et voilà, mademoiselle. C'est fini, me dit-elle d'une voix apaisante.

J'essuie les larmes qui m'étaient montées aux yeux. Cette chose est un instrument de torture, ni plus ni moins. L'oxygène n'entre dans mon corps que par minuscules inspirations, comme si l'air était un alcool coûteux que l'on se doit de déguster. J'ai l'impression que ce corset maudit essaie de fusionner avec mon corps. Chaque mouvement me fait grimacer.

- Vous vous y habituerez, avec le temps, compatit-elle.

La petite brune m'aide ensuite à me vêtir de la luxueuse robe que m'a acheté Nausicaa. Apparemment, elle est allée la choisir dès notre arrivée, avec des bijoux assortis.

Après tant d'efforts, je me contemple devant le miroir. La robe est très belle, d'un gris perle qui scintille sous la lumière du lustre de mon salon. Je fais un pas supplémentaire vers mon reflet et mes yeux s'égarent sur le pendentif niché au creux de mon décolleté, rendu ridiculement haut et volumineux par le bustier. Je caresse le bijou argenté du bout des doigts, admirant sa façon scintillante d'attirer l'attention sur ma poitrine, puis détaille le reste de mon apparence. Les mains de fée de la femme de chambre ont relevé mes cheveux dans un chignon volumineux qui semble étirer ma silhouette et elle a coloré mes paupières d'un fard argenté qui fait ressortir la puissance de mes yeux.

- Me voilà ! Oh, Iara, vous êtes ravissante !

Nausicaa, qui était partie récupérer une paire de boucles d'oreilles dans sa suite, bat des mains. Un immense sourire aux lèvres, elle marche vers moi en s'extasiant.