Où suis-je ?

Chapitre 2 - Premier mensonge

Ma meilleure amie reste pétrifiée lorsqu'elle aperçoit Marius. Ils échangent un regard glacial. Avant que je n'ai pu comprendre ce qui se passe, il s'enfuit. Pas un mot pour moi. 

Je reste ahurie face à ce que je viens de voir. Emma fait comme si rien ne s'est passé. Elle accroche plein de photos sur les murs. Chacune d'entre elle met en scène deux magnifiques petites filles. Ces dernières grandissent au fur et à mesure des clichés suspendus. Une fois qu'elle a fini, je décide de lui demander pourquoi elle a eu un tel comportement :

-Je peux savoir ce qui se passe entre Marius et toi ?

-Regarde, là nous étions sur les plages de Cabourg, esquive-t-elle.

-Tu plaisantes j'espère ! m'énervais-je.

-Charline, tu n'as pas besoin de stress en ce moment. Il faut juste que tu saches que ce sale type est un manipulateur et un menteur. Ne lui fais jamais confiance.

Notre conversation s'arrête là puisque mes parents entrent à leur tour dans ma chambre. Tous les trois, ils s'assoient autour de mon lit en prenant place sur les chaises. Je suis présente physiquement mais pas mentalement. Je n'arrive pas à penser à autre chose que Marius. Emma m'a conseillé de me méfier mais je ne comprends pas pourquoi. Il a été adorable avec moi.

Lorsque l'infirmière entre pour leurs dire qu'il est temps de partir, je suis prise d'un soulagement. Je n'arrive plus à faire semblant.

Cette histoire m'empêche de dormir. Je suis hantée par des sensations. Je sais que j'ai un lien particulier avec Marius mais je ne sais pas lequel. C'est frustrant de n'avoir aucun souvenir.

Je me suis assoupie lorsque je suis réveillée par la lumière du jour qui traverse le store de ma chambre. Celle-ci remplie la pièce peu à peu, lui donnant une ambiance réconfortante. Je ne peux m'empêcher de rêver. Rêver à ce que ma vie était avant. De nombreux scénarios défilent dans ma tête mais je ne peux pas savoir lequel est le vrai.

Vers 7 heures 30, le petit déjeuner m'est apporté. Sur le plateau, une petite boite noire m'attend. Je veux demander à l'infirmière ce que c'est, mais je n'ai pas le temps car celle-ci part pour une urgence. Curieuse, je me saisis de ce cadeau. En enlevant le couvercle, je découvre un magnifique collier. Il est orné de magnifiques petites perles noires. Sa simplicité me frappe l'esprit. Je regarde partout s'il y a un petit mot. Aucun ... Mais de qui vient ce présent?

C'est avec une légèreté d'esprit que j'appréhende mon rendez-vous avec la psychologue de cet après-midi. C'est bien la première fois.

Mes parents arrivent au moment où je finis mon repas. Cette fois, aucun album photo juste un jeu de société. Je suis soulagée. Je vais pouvoir penser à autre chose.

-J'ai gagné ! s'exclame mon père.

-Tu rigoles Paul. Tu triches depuis le début de la partie, rétorque maman.

C'est en chœur qu'ils se mettent à rire au moment où ils se rendent compte que Léa, la psychologue, est entrée dans la chambre et qu'elle les regarde perplexe. Ils étaient tellement occupés à se chamailler qu'ils ne s'étaient pas aperçu de sa présence.

-Nous sommes désolés. Nous n'aimons pas perdre ni l'un ni l'autre, explique Paul. Adèle nous devons y aller. Il faut maintenant laisser notre fille entre de bonnes mains.

Sur ces mots, ils m'embrassent le front en même temps et finissent par se cogner. Amusées, Léa et moi ne pouvons pas étouffer notre rire.

-Charline, comment allez-vous aujourd'hui ? demanda Léa.

C'est comme cela que je commence à lui parler de moi, de mon état d'esprit et de ce trou noir qui m'angoisse. Ne pas avoir de souvenir de sa vie c'est comme perdre une partie de soi. Vous imaginez, vous, vous réveiller du jour au lendemain sans savoir comment vous vous appelez ou sans reconnaitre ces personnes qui vous entourent et qui sont si bienveillantes.

Cependant, aujourd'hui, je vois ça  autrement. Au lieu de me dire que je n'ai plus rien, je décide de me concentrer sur ces sensations qui m'envahissent à chaque fois que je vois quelque chose ou quelqu'un de familier. Elles vont me permettre de reconstruire ma vie.

-Vous avez raison Charline, dit Léa. Vous devez rester positive. C'est comme cela qu'on avance dans la vie.

Sa voix calme et rassurante m'apaise. Léaa est la seule personne qui ne me juge pas. Elle non plus, elle ne connait pas mon passé. Soudain, je décide de lui parler de Marius :

-Je ne comprends pas. Quand Emma est rentrée dans ma chambre j'ai senti une tension entre les deux mais je ne sais pas ce qui s'est passé. En plus, il est adorable avec moi.

-Ecoutez, dit Léa, je pense que vous ne devriez pas vous encombrer l'esprit de tout ceci pour le moment. Prenez simplement ce dont vous avez besoin.

-Vous savez quoi ? Marius m'a offert un magnifique collier ce matin. Il était posé dans une boite sur mon plateau du petit déjeuner.

Je ne peux pas m'empêcher de sourire. Une vraie enfant. Le rendez-vous avec la psychologue dure une heure. Au moment  où elle s'en va, je l'entends saluer quelqu'un. Je ne vois pas qui sait. J'imagine que c'est l'une des infirmières qui vient me faire ma piqure quotidienne.

-Marius ! Je ne pensais pas que c'était toi.

-Déçue ? demande-t-il.

-Au contraire ! Je pensais que c'était Isabelle qui venait me piquer ! J'ai horreur de ça mais je n'ai pas le choix tant que je suis obligée de rester allonger sur ce lit.

On discute quelques minutes. Puis d'un coup, je lui parle du cadeau que j'ai reçu le matin même.

-Merci beaucoup pour le collier, les petites perles noires sont magnifiques.

-De rien, dit-il d'un ton hésitant. A quoi ressemble-t-il déjà ?