《Reculez, reculez s'il vous plaît !》; intervint un homme d'une quarantaine d'années tandis qu'il accrochait un ruban.《Vous devez rester derrière le périmètre de sécurité.》
Qui disait grand feu, disait grand déploiement. Pompiers, sécurité. De nombreux camions et voitures barraient la route ainsi que l'amas de lances à incendie étirées sur la route.
《On a besoin d'une civière ici !》
De jeunes hommes emmenèrent le matériel demandé près de l'entrée d'un immense bâtiment en feu, là où l'un de leurs collègues sortait avec une personne dans les bras. La victime fut déposée sur la civière et le pompier repartit combattre les flammes.
Le feu. Leur plus grande passion. Au-delà du côté humain dont ils devaient faire preuve chaque jour, faire un feu était ce qu'ils préféraient tous. Les risques, connus de tous, n'étaient qu'un détail. Ils faisaient partie de leur plaisir, de l'adrénaline.
Ce soir, ce fût un feu compliqué à gérer, alors du renfort fut appelé à la rescousse. Des camions arrivèrent d'autres villes pour les épauler le plus vite possible. En pleine ville, la tâche était plus assidue. Il y avait toujours plus de monde à évacuer et des immeubles ou autres structures qui atteignaient des hauteurs parfois vertigineuses.
Comme ici, où il fallut de longues heures d'arrosages constants et épuisants, que ce soit au sol ou au sommet de grandes échelles.
Le retour à la caserne, après avoir été relayés par une autre équipe qui avait pour mission de veiller à ce que le feu ne reprenne pas, se fit entre l'excitation et la fatigue. Certains parlaient avec enthousiasme, tandis que d'autres gardaient le silence.
Prendre une douche fut nécessaire après une telle intervention. Tout le monde y fila, les uns après les autres, afin d'ôter transpiration et odeur de fumée de leur corps.
《Quelqu'un veut un café ? J'ai fait une cafetière !》
《Juliette, t'es la meilleure.》; la jeune femme afficha un sourire et disposa des gobelets devant elle afin d'y verser leur précieux breuvage.《T'es la femme parfaite, je devrais t'épouser.》
《Moi aussi, dommage que tu sois gay.》
L'homme qui avait fait la remarque se mordit les lèvres avec un sourire. Il déposa les cafés sur la table destinée aux repas et pensa qu'effectivement, c'était dommage. Juliette était belle, gentille, femme pompier en plus. Dommage ! Ils ne pouvaient être qu'amis tous les deux.
《Je voudrais bien être désolé mais en fait non.》
《Tom.》; soupira la jeune femme en levant les yeux au ciel. Elle afficha ensuite un sourire et il lui prit les gobelets chauds des mains.
《Quoi ?》
《Goujat.》; répliqua une autre jeune pompier dans son dos. Tom tourna la tête et plissa les yeux.
《Quoi ? Je suis le seul mec ici qui peut être ami avec vous sans arrières-pensées !》
《T'es quand même un petit con.》; s'amusa Juliette.
《C'est vous qui n'êtes pas cool !》; se défendit le jeune brun. Ses deux collègues firent mine de le plaindre, alors il soupira et alla s'asseoir à côté d'un autre pompier. Un homme cette fois.
Quelques-uns d'entre eux se connaissaient bien. Tom avait été à l'école avec une petite partie de l'équipe, ils avaient été au lycée ensemble, avaient suivi leur formation ensemble. Ils étaient un bloc. Il ne pouvait pas dire qu'ils se disaient tout entre eux, mais ils étaient soudés. C'était déjà pas mal.
Parmi tous ses copains, Tom avait quand même un ami plus proche. Un allié. Charlie.
《Tu te fais encore martyriser par des filles ?》; taquina son collègue.
