Les égouts

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      Premier jour de mon nouveau job... Pas facile d'annoncer à sa famille qu'on va bosser dans les égouts de Paris, surtout quand on a fait des études d'ingénieur... Mais allez leur expliquer que rester derrière un bureau avec des collègues pédants et des patrons qui ne voient que le pognon en oubliant qu'ils ont des êtres humains sous leurs ordres, bah ce n'est pas mon truc. Oh non ! Je n'ai pas passé des années à retenir des informations plus compliquées les unes que les autres pour me faire traiter comme une sous-merde...

      Alors oui, passer d'un costume-cravate à une combinaison fluo, de bureaux éclairés à l'obscurité des tunnels, de stylos à du matériel de nettoyage, ça fait bizarre... mais en même temps, ça soulage... Finies les conversations autour de mécanique des fluides, adieu la cravate qui serre la gorge, les poignées de mains moites ! Bonjour la presque solitude et le calme !

      Arrivé au bureau pour prendre mes ordres de mission, on me tend un papier à signer indiquant que je me rends sur le site en ayant conscience des risques. Pensant qu'il s'agit d'un bizutage, je signe sans trembler et avec le sourire. Tout le monde en est passé par là non ?

      Ça y est, je descends dans les égouts pour la première fois en tant que professionnel après des semaines de formation. Les tunnels qui m'ont été assignés passent près des catacombes et cela me réjouit, j'ai toujours aimé les histoires de fantômes !

      Les lumières deviennent plus sourdes, comme si un filtre avait été appliqué dessus. Les lampes du fond clignotent... Décidément, ils y mettent les moyens dans mon bizutage ! Le silence devient plus pesant et je n'entends plus mon collègue sensé être derrière moi. Règle n°1 : ne jamais descendre seul. C'est donc une preuve de plus que c'est une blague ! Il ne m'aurait jamais laissé seul si j'avais couru le moindre danger.

      Ma lampe de poche commence à grésiller, les piles n'ont pas dû être vérifiées... Le froid s'intensifie en même temps que l'obscurité, je vois à peine la fumée qui sort de ma bouche... Une ombre passe près de moi... « Stéphane ? C'est toi ? » Pourquoi je demande... ça ne peut être que lui, nous sommes les seuls à être descendus. On me frôle le bras... « Stéphane, ne sois pas gamin, elle n'est pas drôle ta blague. » Un râle se fait entendre au loin, un enregistrement sûrement... « Ha ha ha, Stéphane, allez, fini de rire, on a du travail ! ».

      Pas une réponse, je ne comprend pas, si c'était une farce, aussi mauvaise soit-elle, il aurait dû me dire que je l'avais démasqué, que c'était bien joué et on aurait du reprendre le travail... Une ombre se rapproche, sûrement mon collègue qui va m'avouer que je suis en plein bizutage... Elle se rapproche encore, mais... déformée... Stéphane est grand mais mince, là l'ombre est trapue... Elle se rapproche encore... Je ne comprend pas, on dirait que ce n'est pas un homme... Un costume sûrement, je ne vois pas ce que ça pourrait être d'autre. Encore quelques pas et je pourrais voir ce qu'il se passe... Un mètre encore... « Stéphane, c'est bien toi n'est-ce pas ? Sympa ton cost.................... »

Sous la SeineWhere stories live. Discover now