Coup de foudre au coin lecture

Fanny

Fanny traversait la cours de son lycée sous son parapluie noir. Elle avait lissé ses cheveux avant de venir travailler et ne voulait surtout pas qu'il soient mouillés. La jeune femme était la documentaliste de son lycée depuis longtemps déjà, et comme d'habitude, elle était en retard. Elle n'aurait pas le temps de passer par la salle des profs. Tant pis.
Elle arriva sous le préau et ferma son parapluie. Un groupe d'élèves de première marchait devant elle et ouvrit la porte vitrée qui menait au couloir du rez-de-chaussée. Elle se précipita vers la porte avant qu'elle ne se referme et entra à son tour dans le couloir. Elle apercevait déjà une foule d'élèves qui stagnait devant le CDI, à l'autre bout du couloir. Il faisait sombre mais Fanny voyait ses collègues se frayer un chemin parmi la masse adolescente.
Elle avançait vers la bibliothèque du lycée avec sa légèreté habituelle, à sa gauche les bureaux des CPE, à sa droite la salle des profs et le bureau de la principale. Tandis qu'elle passait devant la porte de la salle des profs, Fanny vit sortir Nicolas et Olivier, ses deux meilleurs amis.
Nicolas était grand et d'un charisme naturel. Ses cheveux grisonnants et ses lunettes rondes lui donnaient un air intellectuel et mûr. Il sourit et Fanny aperçut ses belles dents blanches. Il était à peine plus âgée qu'elle et, comme elle, ses élèves l'adoraient. Olivier, quand à lui, était un peu plus petit. Son grand nez et sa calvitie lui donnait un air beaucoup plus âgé que son collègue, mais il enseignait l'histoire-géo avec autant de passion que Nicolas la philosophie. Tous deux étaient pour Fanny les meilleurs amis qu'elle n'ait jamais eu : Nicolas pour son charme et sa gentillesse, et Olivier pour son honnêteté et pour la grande confiance qu'elle lui accordait.
Elle les salua. « Toujours aussi ponctuelle, dit Nicolas d'un ton moqueur, tes élèves t'attendent depuis dix minutes déjà !
- Dit plutôt que c'est toi qui l'attendais, repris Olivier en plaisantant. »
Fanny sourit mais n'eut pas le temps de répondre : ses deux acolytes devaient déjà s'en aller. Elle s'arrêta et les regarda monter les escaliers vers leurs classes. Quand ils eurent disparu parmi les centaines d'élèves qui allaient en cours, elle reprit sa course vers le CDI. Devant elle, les adolescents s'écartaient pour la laisser accéder à la porte. Elle la déverrouilla et l'ouvrit. Aussitôt, la foule se sépara en groupes de cinq ou six qui prirent d'assaut les tables rondes éparpillées entre les rangées de livres et les ordinateurs. La documentaliste alluma les lumières puis se dirigea vers son bureau où elle s'assit.
Elle se baissa pour poser son sac par terre puis se releva pour allumer l'écran de son ordinateur. Elle vit alors sur son clavier un post-it jaune sur lequel quelqu'un avait écrit quelque chose. Elle lut. « Passe une bonne journée ! ». Ce n'était pas signé mais elle reconnu l'écriture de Nicolas. Il lui avait sans doute laissé la veille après qu'elle ait quitté le lycée. Alors, elle sourit, et la journée pouvait commencer.