Chapitre 1

33 3 0
                                    

Cela fait maintenant deux heure, deux heures que j'entends ces cris, ces hululements qui me font bondir et frémir à chaque instant. Voilà maintenant en plus que le vent se lève et que les feuilles se mettent à tomber. Je ne sais pas si je vais survivre, je ne sais même pas si je vais pouvoir continuer de marcher très longtemps avec ce froid qui pénètre dans mon corps frêle jusqu'à mes os. Sous chacun de mes pas le tapis de feuilles mortes de la forêt croustille, comme un vulgaire chips dans la bouche d'un vulgaire Homme. La lune est à son zénith et il doit être environ une ou deux heure, si toutefois mes calculs d'apothicaires sont bons. J'avais mis dans mon sac à dos avant de partir le simple et le strict nécessaire :

- Une cuillère (Quoi !? J'ai toujours été gourmand.),

- Mon carnet (Pour recenser l'ensemble de mes aventures que je vous raconterai)

- Un stylo (Sinon, comment écrire me direz vous)

- De l'huile de foie de morue (Oui certes à contrecœur mais à l'orphelinat, ils disaient aux pensionnaires que cette mixture guérissait de n'importe quel mal).

Et oui c'est tout, certain diront « c'est peu », d'autres diront « c'est beaucoup trop tu vas être chargé ». Mais depuis que je suis à l'orphelinat peu de personnes se fient à mes volontés et à mes décisions. Je pense qu'ils n'ont toujours pas remarqué mon absence, ni mes pseudo-camarades, ni les Bonnes Âmes qui nous nourrissaient, blanchissaient aux frais de l'État. Mes parents avaient disparus dans les montagnes il y a une quinzaine d'années, je ne les ai jamais connus. Et ils ne m'ont probablement donné que une infime part d'affection. Je ne leur en veux pas, c'était un accident. Je n'ai simplement PAS LE DROIT de leur en vouloir de m'avoir mis au monde et d'être morts une soixantaine de jours plus tard.

Comme je le disais préalablement, je vivais, tout de moins je continuait ma vie (qui ne ressemble a pas grand choses certes...). Puis un jour un événement dont je n'oublierait jamais l'auteur. Une nuit d'été, nous dormions tous dans un grand dortoir entre garçons, la pleine lune illuminait mon regard empli de larmes, je pleure tout les soirs, c'est bénéfique paraît-t-il. Ce dortoir est très sobre, murs blancs, sans âmes, sans vie. Il me faisait très fortement à une salle d'hôpital, dans un modèle néanmoins quelques peu plus grand je l'avoue. Le même silence de mort que tout les soirs s'instaurait dans la pièce quand soudain un garçon de mon dortoir esclaffa extrêmement fort : « Ah ! Une araignée, là sur ma couette ! ». Tout le monde la regarda avec stupéfaction. Nous ne devions pas parler sous peine de punitions. Et cet énergumène m'aimait très peu, c'était ce que j'appelai sans scrupules un emmerdeur, soit un garçon qui, pour n'importe quel prétexte, sans foi ni loi, ne se priverai de dénoncer une autre personne à sa place. Je savais que j'étais sur la sellette. Et ce fût sans surprises que j'entendis des pas furieux dans l'escalier, du dortoir, on sentait la colère dans la puissance des pas de la Bonne Âme qui gravissait la successions de marches de pierre froide. Cette pierre était presque aussi froide que le regard qu'elle nous asséna. Et sans surprise Alain me pointa du doigt et la Bonne Âme (Que je n'avais pas encore vue -elle devait être nouvelle dans l'enceinte- me regarda avec bile et me fit signe de la tête de la rejoindre. Encore une fois j'allais passer la nuit dans les cachots de l'orphelinat. Et c'est à ce moment-ci que j'en eut marre de cette vie répétitive et c'est à cause de cet orphelinat que j'étais en train de marcher sur un tapis de feuilles bruyantes qui me cachaient encore leurs petites subtilités

***********************************************************************************************

Je continuait ma marche rapide dans le bois sombre soudain j'ai aperçut de la fumée au loin. Ce devait être soit une maison soit des nomades. Dans les deux cas cela n'arrangeait pas mon état cardiaque. Je sentais mon cœur battre à la chamade. Mes jambes continuaient de me faire avancer vers l'inconnu. C'était mon subconscient qui agissait pas mon cerveau. Puis dans la précipitation, arriva ce qui devait arriver, je me pris une racine et j'ai trébuché et je suis tombée par terre comme un aveugle ayant oublié sa perche. Parfois j'étais très peu délicate. Enfin, je me suis relevée et j'ai frotté mes mains pleines de terre et... Je vis sur mon vieux t-shirt une tache de sang. Ce n'était pas le mien je n'étais écorchée nulle part. J'en conclus, l'horreur dans les yeux qu'il appartenait à un AUTRE. Je courus le plus rapidement que je pus comme dans un cauchemars j'avais l'impression que la forêt m'en voulait, et qu'elle en voulait surtout à ma vie. Rarement j'ai eu si peur que ça... Ce sang, sur les... Sur les... Feu... Feuilles. Je finis par arrêter de courir, à bout de souffle. Je m'assis et mis ma tête entre mes genoux. Tel un condamné à la peine capitale, ce que j'étais peut être. De longues minutes passèrent, qui se transformèrent en heures. Dans une vie, ces moments arriven forcément. Des moments de solitudes où l'on pense que notre existence ne tient qu'à un fil, ce moment de notre existence où l'épée de Damoclès menace à chaque seconde. Je ne cessai de trembler. Puis soudainement un voix s'éleva du lourd silence qui planait. Cette voix m'appela : « Petit ? ». Je ne levait pas mon nez de mes genoux aux allures réchauffantes, cette voix c'était la voix d'un homme, d'un homme fort et dur. Aussi lentement qu'un escargot sort de sa coquille je sorti de mon cocon. Un grand homme brun était debout devant moi, la bienveillance dans les yeux. Je compris à cet instant qu'un choix se livrait à moi;m'enfuir en courant et continuer de errer dans cette forêt menaçante ou suivre l'homme et saisir l'opportunité qui s'offrait à moi : changer de vie.

Étant donné ma situation et la probabilité que je survive sans aide ni nourritures, je choisis la seconde option. J'ai attrapé la main de l'homme et il se présenta : « Sir Martin, à votre service ». Jamais on ne m'avait adressé la parole comme ceci. A l'orphelinat, quand on m'adressait la parole c'était pour me traiter de je ne sais quel nom d'oiseaux ou de me donner des ordres et corvée à effectuer. Mais vous me direz le changement n'a jamais fait de mal à personne. Il se mettait à marcher devant moi et nous nous approchâmes des taches de sang que j'ai croisé quelques heures auparavant. Il les évita et me jeta un regard furtif. Je me demandais quel lien existait entre le sang sur les feuilles et Sir martin. Peut être que je finirai par le savoir et si c'est le cas il faudra que je me montre extrêmement discret, à moins de résumer mon existence passée à quelques taches de sang sur des feuilles dues à un travail mal about. C'est à partir de ce moment ci que je vais commencer à vous raconter comment une vie peut être changé à cause d'une rencontre et d'un changement de mode de vie. Modestement, cette histoire c'est la mienne, histoire d'un jeune garçon, orphelin, dont la vie changea après avoir rencontré un certain Sir Martin, LE Sir Martin.

L'histoire d'un orphelin pas comme les autresWhere stories live. Discover now