Ⅰ.
29.09.15
Mardi 7 h 06.
Ce sont les paupières lourdes que je peine à ouvrir mes yeux ce matin. Ma vision s'estompe quelques instants avant que je ne puisse voir bien claire le plafond épuré de ma chambre. Sous ma couette, l'aire douce, je reste ainsi quelques minutes pour récupérer l'énergie qu'il me manque pour sortir de mon lit. Lorsque je pose mes pieds mince sur le parquet, un frisson glacial m'envahit. L'été part doucement et la froideur de l'automne loge chez nous, peu à peu. Je semble innocente dans cette démarche de jeune fille enveloppée par le temps frais. Mes bras croisés, frottants mon tissu de pyjamas pour me réchauffer. Mon corps se poste en face de mon emploi du temps, 2 heures de Mathématiques suivis d'une heure d'histoire pour ce mardi de plus.
*
Je me prépare, le quotidien, la routine, en quelque temps, je suis déjà propre et vêtue. Par oublie, mon sac n'est guère préparé ce matin, je dois alors m'en occuper alors que je suis déjà fortement à la bourre. Ma mère, comme à son habitude, me crie de ne pas oublier de faire la vaisselle et de sortir notre chien lorsque je serais de retour à la maison ce soir. Elle finit tardivement, entre l'heure du dîner et l'aube. Son métier est difficile et elle manque de temps pour prendre soin d'elle. Je peux comprendre la fatigue qui la maintiens, cela engendre à de la saturation. Je me tais donc et exécute tous ses ordres.
Mes cheveux sont lisses comme un chemisier bien repassé. Chaque poil qui habille ma tête est coiffé et brillant. Leur jaune poussin me donne un charme qui se colle à ma façon d'être. En bref, comme chaque matin, je suis toujours la même.
Je descends les milliers de marches pour aller à la cuisine, peu de temps avant, Moe, une amie, m'a envoyée un sms pour me dire qu'elle était à l'arrêt du bus. C'est la raison de ma rapidité soudaine, car, généralement, j'arrive bien avant elle. J'ai déjà une grande marge de retard. Vous savez, je suis cette fille stressée par une infinité de choses plus stupides les unes que les autres. La raison étant que ma vie est si simple et sans danger que lorsque une petite catastrophe fait surface, j'ai peur de briser ma routine. Pour le peu de conséquences qu'a un retard dans une vie, je m'imagine toujours des scénarios insensés.
*
J'attrape une pomme pour éviter tous bruits suspects venant de mon petit estomac. Ma sœur prépare son casse-croûte calmement. À côté, je passe pour une personne bizarre qui bouge dans tous les sens. Elle se tourne alors vers moi et me jargonne :
" Pourquoi tu fais les cent pas ?
- Je suis, *mastique* , en retard !
- Tu peux m'expliquer ce que ça fait ?
- Eh bien... "J'en perds mes mots.
"Tu vois ? C'est la première fois que tu es en retard, pas la dixième. Alors, s'il te plaît, arrête de stresser comme ça !"
Elle est la cadette et moi l'ainée. Les rôles devraient être inversés, non ?
" Iris, je suis plus vieille, tu me dois respect dans tes paroles.
- Excuse-moi sœurette, mais tu es sans cesse comme ça pour rien, c'est saoulant.
- Bah, pardon d'avoir développé cette personnalité !
- Ne commence pas à te blâmer, je n'annonce que les faits. "Je la regarde dans le blanc des yeux, les flammes montent, mais je les contrôle. L'ainée que je suis doit être calme. Iris reprend:
" Sinon, j'aurais besoin d'aide pour mes devoirs ce soir, t'auras le temps ?
- Oui, si tu es sage.
- Je n'ai pas cinq ans, Saaya, prends moi au sérieux.
- Seulement quand j'entendrais le respect dans tes mots.
- Pfff...
- Souffle pas comme ça, je n'énonce que les faits.
- Tu n'énonces rien, tu me fais du chantage, maman sera ravie de l'apprendre.
- Ne mêle pas maman à tes petites crises, tu la fatigues de plus en plus. "De ces mots, je me rappelle de mon retard. Je chope mon téléphone dans ma poche et vois quatre appels manqués de Moe.
" Merde !"
Je prends mes clefs et cours en claquant la porte d'entrée derrière moi. La pluie se manifeste violemment ce matin, j'en perds parfois l'équilibre. Mon sac se tient sur ma tête comme un parapluie et je cours en créant des éclaboussures à cause de mes bonds violents. Je risque pas moins de 2 fois de me faire écraser par empressement. L'arrêt de bus me protège enfin de l'eau du ciel, je soupire. Mon corps entremêle l'humidité de la pluie et la sueur de ma course. Je l'ai raté, évidemment, le prochain n'arrive que dans 2 minutes.
*
7 h 43.
Le bus ralentit, l'entrée s'ouvre face à ma carrure de jeune fille, trempée.
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I want to swim in your blood.
HorrorQui l'eût cru qu'une jeune fille, simple et d'apparence mignonne deviendrait une femme prête à torturer pour l'homme sur lequel elle fantasme? Tashira, qui l'eût cru que ta simple camarade que tu pouvais parfois mépriser renverserait les rôles entre...