Chapitre Ⅲ: Un océan de frustration.

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8 h 18.

     Je sors d'un coup de la salle de classe, laissant derrière moi l'éclat du bruit de la porte frapper les oreilles des élèves qui rient encore. Est-ce que je stresse réellement pour rien ou est-ce que les moqueries de mes "camarades" sont de vraies raisons pour moi d'en pleurer ? Leurs réactions hilares s'assourdissent, pour cause que je m'éloigne de la salle. Mes jambes accélèrent mais sont irrégulière, je tremble légèrement. J'ai les yeux brouillés par mes larmes et je ne rate pas moins plusieurs portes de casier non fermés dans les couloirs. Pensant que je puisse les esquiver toutes, je m'en prends une de plein fouet dans le bras droit et perd l'équilibre. Mon corps tombe violemment mais personne l'entend.

Je reste par terre, une douleur au bras, à contempler le plafond épuré de l'école.

Rah,
un évènement a perturbé ma routine et m'a amené jusqu'ici. Je ferme les yeux juste un instant pour ressentir cette fraicheur, qui m'enveloppait déjà ce matin. Elle revient me chatouiller la nuque. Je soupire et pleure un océan de honte et de frustration.

*

Alors que mes oreilles n'entendent plus que le son de ma pensée, une voix "saouler" et indifférente soupire mon prénom de loin :

"Saaya !"

Cet appel cherche à me trouver et lorsque j'en prends bien conscience je me lève soudainement et cours à l'opposé de celle-ci. Si je la sème, je serais peut-être capable de disparaitre à jamais de ce lycée sans être retenue et forcée d'y rester dans un sentiment d'humiliation constant. Mais, car il y a toujours un mais, cette voix atteint mon oreille plus près et souffle.

Est-il derrière moi ? M'a-t-il rattrapé ?

Il perce mon état et me laisse dans le doute. Qui est-ce ? Pour le savoir je ne peux que me tourner. Mais avant que je ne pivote, je sens son expiration qui était si près de ma lobe, s'éloigner. Cette voix qui m'avait appelée se pose devant moi de manière nonchalante.

C'était donc celle de Tashira Tsubasa.

*

Je ne baisse pas mes yeux et le provoque du regard.

"Tu n'étais pas obligé de me courser après.
- J'en ai pas eu le choix. "

Il a les cheveux plus noir que ce que je ne pensais. Il se tient devant moi comme si je n'étais rien de spécial à ses yeux : les mains dans les poches, sa face légèrement penchée, ses mèches tombantes. Il fait une tête de plus que moi.

"Qui t'a forcé ?
- Le professeur. "

Je baisse mon regard, en vain. J'ai envie de m'excuser pour m'être enfuis et donc l'avoir emmené dans mes histoires.

"Tiens. "

Ses grandes mains de pianiste me tendent un paquet de mouchoir.

"Ça aussi c'est le professeur qui te l'a forcé ?
- Nan, juste moi. "

J'ai sorti ça comme une blague, indirectement, mais je l'ai sentie, durement mais sentie quand même, le prendre drôlement.

"Bon, j'suis sensé te raccompagner en classe. Viens.
- Non, je ne préfère pas. "

Bien sûr, il connait la raison de ma réponse négative.

"Tu comptes les laisser rire ?
- Comment ?
- Ne fais pas mine d'être sourde. Tu pleures au lieu de prouver ta personne en revenant leur faire face. C'est ridicule.
- Je ne te permet pas de me juger.
- Alors, pourquoi leur permet-tu, à eux ?"

Je médite sa phrase, il n'a pas tord. Mon regard s'attarde sur ce paquet de mouchoir qu'il m'a donné puis lève doucement la tête et rencontre ses prunelles émeraudes. Je lui sors :

"Sais-tu ce que ça fait d'être moqué de tout le monde ?
- Non.
- Et bien ne me reproche rien.
- Mais au moins, sais-tu pourquoi aujourd'hui tu pleures et moi non?"

Je ne le coupe pas..

"Car je sais tenir tête, et toi non. "

..et soupire.

"Tu as raison. "

Il me regarde le temps de quelques secondes et enclenche la marche, je le suis timidement.

*

Au parc 17 h 36.

     Ce fut une longue journée.

I want to swim in your blood.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant