Chapitre 8

4 1 0
                                    

          Pensant pouvoir alléger son esprit en faisant quelques recherches sur Internet, lui déclarant que c'était normal chez certaines personnes et qu'elle se faisait des idées, elle tapa sur la barre de recherches les critères qu'elle avait remarqué chez Léo, ce soir : une peau gelée, ne pas pouvoir manger de la nourriture ordinaire, une force démesurée et une vitesse impressionnante.

 Mais ce ne fut absolument pas le cas, il en résulta même le contraire, les seuls sites qui parlaient de ces constatations n'abordaient que des sujets irrationnels et tellement invraisemblables que s'en était surprenant.

Qui peut bien croire en de telles choses ? pensa Phoebe.

 À chaque ligne, un mot revenait sans cesse, à son plus grand malheur, le mot « vampire », une diffamation créée pour faire peur aux gens, un bobard devenu tellement connu et populaire que certaines personnes y croyaient et avaient foi en lui, une créature de la nuit ne se nourrissant que de sang chaud sortant à peine des veines, un suceur de sang, un être cruel et monstrueux, qui ferait, à lui seul, des ravages si on mettait dans son champ de vision, du sang. Cela la surprenait qu'on pouvait croire en de tels mensonges.

 Mais plus l'idée s'immisçait dans son esprit, plus cela devenait un peu plus logique pour Phoebe, compte rendu des derniers évènements. Comment pouvait-elle expliquer ce qu'il s'était passé, devant elle, en cette même soirée, si ce n'était pas quelque chose se rapportant à ce sujet ? Malheureusement pour elle, elle ne pouvait tout simplement pas expliquer, de façon rationnelle, une chose qui n'en était rien, qui était même à l'opposé.

Ne voulant s'attarder encore longtemps, elle prit le soin d'enlever ses vêtements, se vêtit de son pyjama favori, et se faufila sous ses draps, frissonnant à cause de la fraîcheur s'en dégageant, et entreprit de s'endormir, espérant de tout cœur une nuit un peu moins agitée que la précédente.

 Mais Dieu en avait sûrement après elle, puisque le sommeil ne lui vint point. Et ce fut après une demie heure passée à se retourner de tous les côtés, pour trouver le sommeil, en vain, qu'elle en eut assez et s'en alla s'asseoir près de sa fenêtre, admirant le ciel noir rempli d'étoiles, semblant l'apaiser. Elle se permit alors, étonnement, de réfléchir un temps soit peu à la ridicule et minuscule chance que Léo soit en réalité, la personne qu'elle craignait tant. Elle ne put alors s'empêcher de comparer ce monde dans lequel elle s'apprêtait à plonger, au sien, qu'elle connaissait déjà du bout des doigts.

 Ce monde inconnu, où elle allait être mêlée, représentait en quelques sortes, une échappatoire pour Phoebe. Il était tellement mystérieux, tellement extravagant et tellement imprévisible qu'on ne s'y ennuierait jamais. Aucune limite n'y était rattachée et aucune loi n'avait le dessus sur la société, elle n'accorderait alors pas la moindre importance à cette dernière, et elle se contenterait d'évoluer et de s'épanouir dans son petit monde, entourée de personnes semblant être réellement attachées à elle, non pas fausses et hypocrites.

Sa réalité à elle, son monde où elle s'efforçait de suivre les pas d'autrui, et de satisfaire à peu près tout son entourage au lieu de se satisfaire elle-même, et faire ce qui lui plaisait, lui parvenait pour une fois, fade et sans réelle importance. Un monde dans lequel chacun de ses faits et gestes étaient calculés, tout était prémédité et rien ne se faisait à l'instinct, où elle devait absolument rendre fière la société dans laquelle elle vivait.

Mais cette vie-là, Phoebe la haïssait du plus profond de son cœur. Elle ne parvenait pas à comprendre ce que sa vie avait avoir avec celle d'autrui, rien ne la rattachait aux autres, elle ne pouvait alors pas avoir un impact sur eux. Mais ils étaient toujours collés à elle, la remettant à sa place quand elle voulait enfin se laisser aller, et de donner une misérable chance à ses rêves, et à un tout autre avenir que celui qu'ils lui avaient crée de toutes pièces.

  N'ayant toujours pas trouvé le sommeil, elle se chaussa, puis descendit à la cuisine se servir un verre de camomille lui servant d'antidépresseur. Ayant toujours des doutes sur la nature de Léo, elle se promit d'en savoir davantage et de clarifier ses accusations en préparant un plan digne de ce nom pour être fixée une bonne fois pour toutes à son sujet, en buvant sa tasse, se délectant des saveurs mélangées.

Une idée lui vint soudainement en tête, et elle se souvint clairement de l'élément déclencheur pour chaque « vampire » : le sang évidemment. Après une dizaine de minutes à réfléchir au bon moyen de s'y prendre, la camomille fit effet, et elle se retrouva apaisée et moitié endormie au moment où elle monta les escaliers, pour rejoindre rapidement son lit l'attendant à bras ouverts. Dès que sa tête fut posée sur son oreiller, elle s'endormit instantanément.

Anéantie à vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant