~ Chapitre 3 ~

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  C'est alors qu'un énorme flash m'éblouit et me téléporta dans un espace lumineux inconnu, une rue apparemment. Il faisait jour. Je ne connaissais pas l'endroit. Comment pouvais-je apparaître en plein milieu d'une ville alors que quelques secondes auparavant, j'étais dans mon hangar ? Les couleurs se ternirent. Tout devint gris autour de moi, il y avait une sorte de matière un peu floue, comme dans un souvenir, sauf que de ce souvenir je n'avais aucun souvenir...

  Je claquai des doigts. Les couleurs revinrent laborieusement, mes pouvoirs opéraient moins bien. J'étais au beau milieu d'un carrefour et les véhicules me passaient au travers du corps comme si j'étais transparent, comme si je n'existait pas...

  Un journal virevolta à mes pieds. La date indiquait le 3 juin 2005. Cinq années plus tôt dans le passé !

  " Je suis désolé, je ne contrôle pas ce qui arrive. Ferme les yeux, s'il te plaît... "

  Le passé d'Anna !

  Gardant exprès mes yeux grands ouverts, j'observai le flot de voitures et tentai sans succès de faire un pas. J'étais soudé au sol.

  _ Que s'est-il passé de si terrible pour que tu réagisse de cette façon ?

  " Ferme le yeux ! " ordonna-t-elle sèchement.

  Je n'obéis pas. Une grosse Mercedes noire fonça droit sur moi. La voiture me passa au travers et continua sa route dans un crissement de pneus avant de griller un feu de circulation. La présence d'une vétuste automobile rouge m'alerta. Plusieurs personnes se trouvaient à l'intérieur. Un homme dont les cheveux commençaient à grisonner la conduisait en riant, sa femme arrangeait sa coiffure le sourire aux lèvres, trois enfants étaient assis à l'arrière, dont deux âgés d'une dizaine d'années, endormis.

  " Arrête, s'il te plaît ! "

  Des écouteurs dans les oreilles, une jeune fille légèrement plus agée qu'eux regardait par la vitre. Je reconnus Anna.

  " Ne regarde pas... "

  Elle me suppliait presque.

  Le choc fut terrible. La voiture familiale se renversa et s'écrasa contre une moto dont le jeune conducteur fut éjecté et percuta le pare-brise d'un camion. Ce dernier perdit le contrôle et roula sur le trottoir. Une femme avec poussette ne réussit pas à l'éviter... La Mercedes fit une embardée et se retourna sur elle-même avant de s'encastrer dans le camion et... Je me détournai. Puis mon regard fut attiré à nouveau par la voiture rouge, immobile sur la chaussée, la carrosserie défoncée. Des corps que je devinai sans vie gisaient sur le goudron, certains membres étaient désarticulés. Au beau milieu, la petite Anna, tout simplement allongée entre les morts et les flaques de sang, pleurait silencieusement, les bras couverts d'égratignures.

  " Retourne-toi ! "

  Anna, la jeune fille que je venais de tuer et dont j'avais dérobé l'âme, était là, devant moi. Elle m'observait sans un mot, des larmes inondant ses joues. Aussi pâle que la mort. Normal, après tout, puisqu'elle l'était. Elle donnait le sentiment d'être d'avantage déboussolée que morte.

  " Je t'avais dit de ne pas regarder ! "

  Ses lèvres ne bougeaient pas. Je captais ses pensées, contemplant de nouveau la scène de l'accident. Cette petite fille qu'elle avait été autrefois... Quinze personnes au moins avaient péri. Anna était la seule survivante.

  _ Pourquoi tu me montre tout ça ?

  " Je viens de te dire, je ne contrôle pas ce qui est en train de se passer ! "

  _ Ils sont tous morts, c'est ça ?

  " Tu n'as pas besoin que je te le dise pour t'en apercevoir, et je n'ai surtout pas besoin de ta pitié ! "

  _ De ma pitié ? Tu crois vraiment que je peux avoir de la compassion pour toi ? Sache que je n'accorde ma pitié à personne !

  Elle s'avança silencieusement vers moi. Ses pieds ne touchaient pas le sol, contrairement aux miens.

  _ Pourquoi est-ce que j'entends tes pensées ? Et qu'est-ce que tu fais là, tu es morte !

  " Les âmes sont immortelles ! "

  _ Mais pas quand je les vole ! Je t'ai déjà expliqué que...

  " Tu ne me l'as pas volée. "

  Heureusement que mes pouvoirs étaient limités dans cette étrange zone à souvenirs, sinon je ne sais pas ce que je lui aurais fait. Peut-on tuer la même personne deux fois ?

  _ Bien sûr que si, répliquai-je, je te l'ai volée !

  " Je t'ai donné mon âme, David ! "

  Mon véritable prénom, du temps où j'étais humain !

  _ Ne m'appelle plus jamais comme ça, la menaçai-je.

  Immobile, Anna m'observait toujours.

  " Pourquoi pas, David ? Tu préfères que je t'appelle le voleur d'âmes ? "

  Elle disparut avant que j'aie le temps de lui lacérer le visage. Des sirènes d'ambulances retentirent. La petite Anna était désormais prise en charge par les médecins qui se pressaient sur les lieux. Les membres de sa famille avaient été enveloppés d'une couverture.

  Quand à moi, je fus entraîné sur le chemin du retour, direction le sofa du vieux hangar où je me retrouvai allongé.

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J'espère que ce chapitre vous a plu.

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Le voleur d'âmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant