Mon amour est mort,
Oui, mort de plus d'espoir,
Mort de ne plus y croire,
Mort parce que plus d'envie,
Et mort de trop de labeur,
Il a mis fin à sa vie,
Comme tant d'agriculteurs,
Mon chéri est mort ....
Aidés par leurs experts comptables,
Qui les poussent à surinvestir,
Leurs bénéfices aléatoires,
Pour défiscaliser ou pire,
Car mieux vaut contracter un prêt,
Et réaliser ce projet,
Plutôt que de payer des impôts,
Vous diront ces messieurs les bobos,
Et se tourne la première page,
Ils ont mis un doigt dans l'engrenage.
Mon amour est mort,
Oui, mort de plus d'espoir,
Mort de ne plus y croire,
Mort parce que plus d'envie,
Et mort de trop de labeur,
Il a mis fin à sa vie,
Comme tant d'agriculteurs,
Mon chéri est mort ....
Aidés par ces sémillants commerciaux,
Salariés de firmes à gros capitaux,
Qui vous expliquent avec beaucoup de conviction,
Que la mise aux normes de votre exploitation,
Est plus qu'indispensable et nécessaire,
Si vous voulez continuer à tout faire,
Et puis à produire plus sans vous abrutir,
Alors contractez un prêt pour vous agrandir,
Et voilà comment se tourne les autres pages,
Et oui, ils s'enferment dans de très belles cages.
Mon amour est mort,
Oui, mort de plus d'espoir,
Mort de ne plus y croire,
Mort parce que plus d'envie,
Et mort de trop de labeur,
Il a mis fin à sa vie,
Comme tant d'agriculteurs,
Mon chéri est mort ....
Et les années ont passé,
Les discours n'ont pas changé,
Ils leur ont accordé leur confiance,
A tous ces messieurs les diplômés,
Mais ils n'ont pas connu l'abondance,
Leur quotidien est loin d'être aisé,
70 heures de travail chaque semaine,
Pour régler toutes ces charges et ces gros prêts,
Et à la fin du mois pas un seul billet,
Ils sont les nouveaux esclaves de ce système.
Mon amour est mort,
Oui, mort de plus d'espoir,
Mort de ne plus y croire,
Mort parce que plus d'envie,
Et mort de trop de labeur,
Il a mis fin à sa vie,
Comme tant d'agriculteurs,
Mon chéri est mort ....
Je me souviens de tes premières années,
A la tête de l'exploitation familiale,
Des projets, des rires et puis nous, c'était génial,
Tu semblais si solide, si motivé,
20 ans après, se lever tous les matins,
Etait devenu un enfer quotidien,
Ton beau rêve s'était évanoui,
On nous parle de la ferme aux mille vaches,
Mais eux on les efface tous de la carte,
Cruellement, sans bruit, sans bruit...
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IL Y CROYAIT
PoesíaJ'ai écrit cette poésie quelques jours après avoir écouté le témoignage d'une femme dont le mari, agriculteur, s'était suicidé.