II

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Les dernières paroles de Hercule ne cessaient de tourner en boucle dans ma tête depuis l'annonce du lieu où nous devrions arriver. Et je me permettais de m'accorder un peu de temps pour me perdre dans mes pensées, observant le paysage défiler sous mes yeux dehors. Nous arrivions bientôt au printemps et cela me réjouissait. 

Je n'étais jamais allée à la cour de France et aucunes de mes suivantes n'y était allées non plus. Je n'étais d'ailleurs jamais sortie de ma Bretagne natale ou de Tours. Ce que j'avais pu apprendre, de la cour, était dans les paroles des femmes que je pouvais côtoyer, et grâce à Florine, ma défunte amie.

Cela me rendait nerveuse, je ne savais me construire un avis sur ce lieu décrit comme riche et fascinant. De ce que racontait les idiotes de la ville, les femmes sont toutes d'une plus ou moins grande beauté et n'ont pour objectif que de séduire le Roi et devenir sa nouvelle favorite tandis que les hommes tentent par maintes façons de s'accorder ses bonnes faveurs, soit en faisant leurs preuves dans les domaines politiques, soit dans les domaines sociaux. Un monde de guerre permanentes. Elles disaient d'ailleurs que la favorite du Roi ne laissait que peu de répits aux possibles prétendantes pour tomber dans son lit. Il se disait de Louis XIV qu'il aimait les bonnes choses et que les femmes en faisaient parties. Il éprouverait également une passion sans failles pour l'art et on dit de lui qu'il organise les meilleurs soirées que le monde n'ait jamais pu voir, d'où son surnom de "Roi Soleil".  J'ai également entendu que beaucoup de personnes venaient de toute l'Europe pour avoir l'occasion d'y participer. Un monde doré que j'espérais découvrir rapidement.

Florine ne me parlait que rarement de la Cour de France et ne me laissait que le minimum à savoir sur la généalogie de cette famille ou les manières que nous devons adopter face à un roi d'une telle ampleur que le nôtre. Elle avait servis une dame de la cour pendant un temps : Madame de Sainte-Claire. Elle en parlait toujours en bien, disant que cette femme était un joyau plutôt qu'une de ses des épines présentes autour du Roi. Peut-être que cette femme pourrait être une amie, si je la croise à la cour de France.

Florine ne cessait aussi de me répéter que c'était un univers particulier où il fallait apprendre à flatter les autres pour s'y trouver une place et éviter de se faire des ennemis. Et moi, de ma curiosité maladive, je souhaitais toujours quérir plus d'informations. Alors, je lui posais des questions et elle put m'apprendre tout ce que je devais savoir. La révérence à plus grand hiérarchiquement que soi-même, une attitude et une posture toujours parfaite,  de la politesse, de la culture, de l'aptitude à savoir tenir une conversation avec plus grand que soi, être la plus civile possible. Ma vieille amie me disait aussi qu'il fallait rester discrète dans sa façon d'être afin de ne pas s'attirer la haine des autres, ou la jalousie. J'avais été préparé à tout ce qui pouvait me servir. Elle me répétait que cela ne me servirait peut-être jamais mais qu'il était toujours important de savoir comment saluer le Roi et la Reine de France. Je ne l'en remercierais jamais assez pour cela aujourd'hui.

Je savais également que le Roi de France se nommait Louis, et était devenu roi très jeune, par la mort de son défunt père. Il devait être un peu plus âgé que moi, à présent. En ce qui concerne la Reine, je n'en savais pas grand-chose. Je savais que c'était l'infante d'Espagne et que son mariage avec le roi était purement politique. On disait d'elle que c'était une femme assez renfermée, plutôt froide d'apparence qui manquait de chaleur face à celle de son pays. D'autres semblaient dire qu'elle était simplement malheureuse dans son mariage mais qu'elle restait une magnifique jeune femme. 

« L'amour n'a pas sa place dans notre société », disait mon père.

Je peinais à trouver le sommeil tandis que mon mari dormait profondément en face de moi, dans un bruit qui aurait pu effrayer même les plus braves chevaliers. À chaque fois que je posais les yeux sur cet homme qui partage ma vie, je repense au choix de mon paternel d'avoir pu me laisser l'épouser. Je ne voyais rien en lui de beau, d'éclatant. Il était vile, un vrai malandrin et je comprenais rapidement qu'il avait pu obtenir ce haut-poste à la Cour grâce à son argent et ses relations. Je me retrouvais seule avec cet infâme personnage comme compagnie et le voyage se promettait long et silencieux.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 06, 2020 ⏰

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