Fake Love |Yoonmin|

九

⚠ présence d'automutilation dans ce chapitre : chapitre déprimant. ⚠

-ANALEPSE-

Jimin était recroquevillé contre son lit, il se balançait misérablement d'avant en arrière, serrant ses genoux contre son torse avec ses bras encore couvert de sang. Des larmes muettes coulaient sur ses joues rondes mais ses yeux restaient perdu dans le vide. Il avait laissé tomber le cutteur qu'il avait utiliser pour tracer ces lignes sanglantes sur sa peau près de lui, tachant avec certitude le tapis de la chambre qu'il occupait dans la maison de ses grand parents.

Cela ne faisait qu'un mois et demie qu'il était ici et il n'en pouvait déjà plus. Les autres dans sa nouvelle école lui faisaient subir bien pire que tout ce que Minjae avait bien pu faire. Et cette fois ça n'était pas son homosexualité la cause de tout ces coups bas, ces médisances et ces crasses que lui faisaient ses camarades de classe... Non, c'était autre chose, quelque chose que Jimin ne connaissait pas. Certes il avait bien demandé aux autres pourquoi ils faisaient ça, quelles étaient leurs raisons. Ils avait murmuré, imploré, crié puis hurlé à s'en déchirer les cordes vocales, des larmes toujours plus abondantes coulant sur ses joues. Mais les autres continuaient de se moquer du pauvre petit Park Jimin sans jamais lui apporter de réponses.

Jimin en avait assez. Il ne comprenait pas ce qu'il avait fait de mal pour être traité ainsi par ses camarades, et puis Yoongi n'était plus là pour le protéger. Son Yoongi, qu'il avait aimé si tendrement, avec toute la douceur et l'innocence dont il était capable de faire preuve. Il lui avait fait tant de mal, il l'avait tant fait souffir, et Jimin ne comprenait pas pourquoi. Pourquoi Yoongi s'était-il montré si méchant avec lui devant tout le monde ? Pourquoi l'avait-il rejeté.

C'est de ta faute.

Comment ça pourrait ne pas l'être ? Apparemment tout chez lui ne pouvait être que détestable. Tout chez lui était révulsant, repoussant, dégoûtant. Il n'était qu'un bon à rien qui pensait avoir trouvé un rayon de soleil dans sa vie, mais après tout, les gens comme lui n'avait pas le droit d'avoir leur rayon de soleil à eux.

C'est de ta faute... !

Les sanglots se remirent à innonder la pièce et Jimin tomba à la renverse, incapable de se contenir, les larmes dévalées ses joues avec une lenteur sans égale pour finalement s'effondrer sur le parquet. Dans un réflexe irréfléchi, le jeune blond attrapa son cutteur par la lame, se tranchant sans le faire exprès le bout des doigts. Mais il n'y prêta guère plus attention et resserra sa prise sur le manche de l'objet pour l'avancer vers son bras déjà tellement couvert de ces lignes écarlates qu'on en voyait plus la réelle couleur de sa peau.

Jimin ne comptait pas, ça faisait longtemps qu'il avait arrêté, il regardait juste le sang couler sur ses bras, son t-shirt et sur le tapis en pensant à Yoongi. Tout devenait flou autour de lui, ses paupières étaient lourdes et doucement il commençait à ne plus sentir ses bras mais il continuait quand même, sentant à peine la lame trancher sa peau.

C'ÉTAIT DE TA FAUTE !

***

Mme Park avait fait le chemin depuis Séoul jusqu'à Busan spécialement pour voir son fils unique qu'elle aimait tant. Quand ses parents l'avaient appelé pour la mettre au courant de l'état mentale dans lequel était plongé leur petit fils et ce qu'il faisait à son corps, elle avait été dévastée. Et tout de suite, elle s'était sentie coupable de ne pas être près de son fils et avait accouru jusqu'à Busan pour l'accompagner à son premier rendez-vous chez le psychologue qui les avait envoyé chez un psychiatre et finalement, ce dernier avait été formel : c'était une grosse dépression et il faudrait du temps avant de revoir le Jimin doux et gentil que tous connaissait.

Ça avait commencé par les anti-dépresseur mais apparemment ça ne suffisait pas puisque le psychiatre avait fini par décrété que ça serait une bonne chose d'envoyer Jimin dans un hôpital psychiatrique, une "maison de repos" comme il disait. Il disait aussi que ça serait une bonne chose de le couper de tout, de son école, de ses camarades de classe...

Et ils en étaient là maintenant, dans cet hôpital froidaux lumières blanches dont les couloirs semblaient interminables. Mme Park passa sa main dans le dos de son fils qui se recroquevilla sur lui même en serrant les manches de son large pull noir entre ses poings tirant dessus plus que nécessaire comme si il voulait couvrir ses bras entièrement bandés. Elle lui adressa un sourire triste et ils s'arrêtèrent finalement devant une petite porte.

_ Le psychiatre a dit que c'était la meilleure chose à faire, souffla Mme Park en cherchant à capter le regard de son fils.

Elle passa ses mains sur les frêles épaules de Jimin et détailla le visage de son fils. Elle l'avait toujours trouvé magnifique, normal en même temps, c'était son fils.

_ Ça va aller maintenant, d'accord ? Je viendrais te voir autant de fois que je le pourrais.

Il hocha la tête, ses yeux se perdant sur les joints du sol. Mme Park se mit sur la pointes des pieds et embrassa la joue de son fils avant de reculer d'un pas.

_ Et n'oublie jamais que je t'aime de tout mon coeur.

***

Jimin avait arrêté de compter le temps qu'il avait passé enfermé dans cet hopital. Il ne savait pas dire non plus si il s'y sentait bien ou non. Il ne s'y était pas vraiment fait d'amis non plus, en fait, faire copain-copain avec d'autres dépressifs ne l'intéressait pas vraiment non plus, alors il restait un peu tout seul dans son coin.

C'était d'ailleurs comme ça qu'il avait rencontré Jung Hoseok. Le jeune homme était venu rendre visite à sa grand mère, atteinte d'un cancer du sein mais s'était perdu dans les locaux de l'hôpital et avait échoué dans le service psychiatrique.

À cet instant, Jimin était assis juste à côté de la porte de sa chambre, un Rubik's Cube entre les mains. Comme il n'avait pas le droit d'utiliser son téléphone portable, sa mère lui avait offert quelques vieux jouets tel qu'un Rubik, un casse-tête ou encore un bilboquet pour que son fils ne s'ennuit pas trop. Hoseok s'était arrêté devant lui et l'avait dévisagé un instant. Jimin l'avait apperçu du coin de l'oeil et attendait juste qu'il s'en aille mais au lieu de ça, Hoseok avait demandé :

_ Où je suis ?

_ À l'hosto vieux. T'es amnésique ? T'es pas dans le bon service, ici c'est les dépressifs, les fous et les suicidaires, faut que tu trouves une infirmière pour lui demander ton chemin.

_ Je suis pas amnésique. Je viens voir ma grand mère mais je me suis perdu. Je suis dans quel service ici ?

Jimin quitta enfin des yeux son jouet pour lever la tête vers Hoseok :

_ Psychiatrie.

_ Pour les cancer c'est où ?

_ Je sais pas je suis jamais sortie de cet étage à part pour aller à la cantoche.

_ Ah.

Jimin baissa de nouveau les yeux sur son cube et fit tourner quelques faces avant que la voix de Hoseok ne résonne dans ses tympans :

_ Et alors, pourquoi t'es ici ?