Hiding the tears in my eyes

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  Dans un silence pas si désagréable, même plutôt doux et reposant, Changbin et Minho pédalent à moins de deux mètres loin de l'autre. Derrière eux la nuit tombe, le ciel s'assombrit, les étoiles apparaissent et les rires des enfants courants dans les rues ne sont plus qu'un lointain souvenir. Ça devient plus calme, moins bruyant. La brise leur souffle sur le visage et fait virevolter des dizaines de mèches de cheveux sur son passage. Dans les yeux pour Minho, en l'air pour Changbin.

  Un coup de guidon à droite puis à gauche et les roues des vélos foulent enfin le chemin de terre qui emmène jusqu'à tout là haut, sur la colline aux fleurs. Ils suivent ce sentier qui slalome entre les arbres et les fleurs avant d'arriver tout en haut, sur le toit de leur monde.

Minho arrive en premier et abandonne son vélo un peu n'importe comment. Il inspire et l'odeur du pollen, celle de la sève des arbres et de la nature remplissent ses narines. Et ça lui fait du bien, ça lui rapelle toutes ces nuits d'été passées ici.

« – T'as pas tes affaires. Pour les étoiles.

– C'est pas grave. »

  Et au lieu de s'assoir sur la chaise en plastique écaillé, Minho se jette directement sur le canapé cuivré. C'est l'emplacement fétiche de Changbin ça normalement mais Minho s'en fout, il veut juste s'assoir pour éviter de faire plus de mal à son coeur défaillant. Le sport et l'endurance c'est de plus en plus dur et de moins en moins son truc à Minho. Mais bon, là c'est exceptionnel comme situation, c'est le rendez-vous émotionnel de deux garçons pas vraiment sûrs du temps à venir.

« – T'es plutôt canapé maintenant ?

– Occasionnellement. »

  Comme réponse audible, Changbin ne fait que sourire mais dans ses pensées voguent des millions de compliments pour Minho. Il a un joli regard, des lèvres toujours légèrement ouvertes dont on ne pourrait jamais se lasser, un sourire plus éclatant que n'importe quel astre et d'autres centaines de petits détails qui le rendent si lui.

   D'un coup de pied, Changbin fait rouler le sac à dos, pris chez lui au passage, jusqu'à la touffe d'herbe juste devant le canapé. Il dépose son vélo décoloré à côté de celui de Minho, contre le pin qui les surplombe, et il le rejoint sur le canapé en s'asseyant le plus loin possible de lui. S'il y avait eu un accoudoir, il s'y serait assis dessus pour être encore plus à l'opposé de Minho.

« – Alors...

– Attends. »

Sans écouter ce que Minho allait dire, Changbin se pense et ramasse son sac duquel il sort un pull pas trop épais pour les soirs d'été et la mini-radio qu'ils aiment tant amener ici.

« – Attends mais t'as pris quand tout ça ?

– Quand tu m'attendais en bas, dans mon jardin, et que j'suis monté rapidement.

– J'avais même pas fait attention que t'avais un sac à dos.

– Observateur dis-donc Minho. »

Et cette fois, c'est Minho qui sourit à Changbin. D'être là, au-dessus des toits de la ville à la nuit tombée avec Changbin à ses côtés, ça le rend heureux. Il est moins stressé que coincé entre les quatre murs de sa chambre, à se perdre dans le dédale de ses pensées.

« – Changbin tu... tu veux allumer la radio maintenant ?

– Comme tu veux. Tu veux pas ?

– J'aimerai bien... te parler avant, quoi. Enfin, parler, comme on a dit tu vois.

– Ouai, t'as raison, c'est mieux.

– Bon alors... Changbin. En gros, quand on a fait la soirée chez Seungmin, t'avais bu mais bon ça je vais pas te le répéter quinze fois parce que je pense que tu l'as compris. Et puis, tu sais, tu t'es réveillé sur le balcon dans le pouf qui n'était pas encore détruit. Et j'étais avec toi.

– T'étais avec moi.

– Et j'crois que tu ne te rapelle pas de ce qu'il s'est passé entre le moment où tu étais en bas avec encore tout le monde et le moment où tu t'es réveillé, où tu t'es foutu de ma gueule d'endormi aussi.

– J'me rappelle pas.

– Et voilà...Voilà un peu le problème. Quand on était dans le jardin, t'es parti tout seul à un moment, juste après le moment où tu n'avais fait que pleurer. On s'est dit que c'était parce que t'étais triste, que t'avais envie de rester seul sans que quelqu'un ne vienne te déranger. Alors on t'a laissé monter dans la maison, même si Seungmin ne voulait pas laisser rentrer qui que ce soit à la base. Et puis, le temps est passé, je rigolais en bas avec les autres, on dansait, on criait, on buvait et on dérangeait sûrement les voisins. On s'amusait et tu n'apparaissait toujours pas, t'étais toujours cloîtré à l'intérieur. Alors Seungmin est parti pour te chercher et même pas dix minutes plus tard il est redescendu, pour me dire que tu voulais que je vienne. Du coup j'ai quitté les autres et l'agitation et je suis monté dans la chambre de 'Min, comme il m'avait dit. T'étais recroquevillé sur le lit, on aurait dit une p'tite boule.

– Eh !

– Mais une jolie p'tite boule, t'inquiètes. Bref, je venais de l'extérieur alors dedans je mourrais de chaud. Je t'ai demandé si tu voulais bien aller sur le balcon et tu m'as dit oui. Dehors, j'me suis jeté sur le pouf et j'sais pas pourquoi mais je me suis dit que t'allais t'asseoir sur la chaise à côté, pas te jeter sur le pouf à mes côtés et pourtant, c'est c'que t'as fait. Tu t'es jeté sur moi et t'as ri. Tu ne pleurais plus mais tu riais et c'était bien mieux à mes yeux. T'avais ta tête contre la mienne, nos regards plantés dans le ciel. On est resté longtemps comme ça, dans ce silence. Enfin, silence...Y'avait juste un projet X en dessous mais pas entre nous.

– Je me rapelle tellement de rien...

– C'est pas grave, je te raconte maintenant. On est resté peut-être 20 minutes, peut-être une heure, je sais pas trop, mais à un moment t'as relevé la tête, toute violette à cause des spots qu'on avait installé. Et tu m'as regardé. T'as scruté mon visage, t'as scruté mes yeux et tes lèvres ont bougé pour sortir des mots inaudibles. J'ai pas compris, à cause du bruit, à cause des gens autour et sûrement à cause des gouttes d'alcools qui circulaient encore dans mes veines. J'ai pas compris alors t'as répété, un peu plus fort mais pas assez fort pour que je puisse entendre encore une fois. Alors, la troisième fois, t'as crié de toutes tes forces, du peu de force qu'il te restait. T'as crié 5 mots sortis de nulle part qui ont chamboulé mes sentiments et retourné mon cerveau. Tu m'as balancé une phrase trop puissante en plein dans la gueule et depuis je regrette de ne pas t'avoir répondu parce que j'aurai tellement dû. Depuis j'me dit que j'aurais dû dire que moi aussi. Parce que depuis, j'suis dans un flou sentimental où je sais pas si je dois te dire ce que t'as dit, par peur de me prendre une phrase du type " j'avais juste trop bu". J'ai peur d'entendre ça, de te voir dire ça, Changbin. J'en ai parlé un peu avec Seungmin, avec ma soeur et tous m'ont dit de t'en parler mais j'ai peur. Parce que... Changbin, comment tu réagirais si je te disais que t'as hurlé de tout ton coeur que tu étais amoureux de moi ? Tu dirais qu- »

  Et les derniers mots de Minho sont capturés par les lèvres de Changbin.

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Bam
Nouveau chapitre
Comme d'habitude, j'espère vraiment que vous l'avez aimé !

Boys Don't Cry | MinbinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant