Nouvelle

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Bonsoir.

Ce n'est pas une citation, mais une nouvelle que j'ai écrite il y a quelque mois.

N'hésitez pas à me donner votre avis!

Phénix

14h58, Paris, 18ème, Montmartre, Prélude in E minor, op.28, no.4 - Chopin.

Je penche ma tête et ferme les yeux. Je profite du soleil me tapant sur le visage. Les gens défilent un à un devant moi. Assise au milieu de cette agitation, les passants ne s'attardent pas trop sur ma présence. Des rires, des petits « click » d'appareils photos, immortalisant des gens devant le Sacré-Cœur de Montmartre me viennent comme des doux murmures aux oreilles. Un petit vent rafraîchissant passe, soulevant légèrement mes longs cheveux. Il me restait 2h00, 7200 secondes pour être exact. 7199, 7198, 7197.

Je sens un regard insistant sur moi. Je cherche du regard qui ça pourrait être. Un homme, la vingtaine je dirais. Cheveux décoiffés avec une petite barbe de quelques jours, le genre de mec qui aurait pu complètement me charmer mais ce genre de mec, je les connaissais tous sur le bout de mes doigts. Mais lui, il avait quelque chose de très profond qui vous transperce et fait vibrer tout votre âme. Je voulais détourner mon regard, partir mais je n'y arrivais pas. Il m'avait complètement envoûtée. Depuis combien de temps on se regardait ? Quelques minutes ? Quelques secondes ? Je ne saurais vous dire. Et puis il a disparu. Un jeune couple est passé devant nous, coupant notre contact. Ce n'était qu'une fraction de seconde, pourtant, c'est ce qui lui a permis de s'en aller, me laissant devant une triste vision de Paris.

16h50, Paris, 92, La Défense, Ballade No.1 in G Minor, Op.2-Chopin.

Il me reste 10 Minutes, 10 minutes et je vais enfin rejoindre les miens. Mon cœur bat la chamade et pourtant, je ne suis pas stressée. J'étais prête. C'était peut-être l'adrénaline après tout. On m'appelle, je me mets au centre et j'observe mes confrères. Ils étaient masqués et malgré ça, je sentais leurs regards et leurs visages forts derrière leurs masques. Vêtus de noir, ils chuchotaient en cœur quelques prières sacrées afin de commencer la cérémonie. Je me sens comme le centre du monde, mon cœur palpite. Je prends une profonde inspiration et saisie le poignard en main. Avec un geste net et précis, je tranche la gorge de la petite fille silencieuse qui ne bouge pas. Je sens son petit corps s'alourdir entre mes mains et je la relâche. Elle s'écroule et je vois une mare de sang se former autour de son corps inerte. Le sang coule le long de mes phalanges. Je les apporte à mes lèvres et lèche le sang si tendre de la petite fillette.

-Bienvenue parmi nous Daphne, dit le chef de famille.

Je suis partie de rien et me voilà vers le chemin pour tout conquérir. Moi, Daphne, 25 ans, je l'ai fait. Tout ce que je désire maintenant va se réaliser grâce à lui, au Grand Maitre. Certains l'appellent le Malin, le Diviseur mais c'est chez lui que j'ai trouvé refuge. Il est mon sauveur et mon but ultime.

Je sens le poignard s'alourdir entre mes doigts mais je ne relâche pas et me relève tête haute. On récite encore quelques prières, ce qui annonce la fin de la cérémonie. Les grands lampadaires illuminent parfaitement cette scène tout droit sortie d'un film. Je l'ai fait, je l'ai réussi.

L'herbe est plus verte ailleurs.

On a souvent tendance à envier ce que les autres possèdent, c'est dans la nature de l'humain ; l'envie, la gourmandise. Vouloir plus, toujours plus sans être satisfait de ce que l'on a déjà. Je pense être comme ça. J'ai une grande soif de victoire, de tout posséder. On me décrit souvent comme ambitieuse, tellement ambitieuse que je peux battre tout le monde pour avoir tout ce que je veux. Je n'ai jamais vraiment eu une vraie famille qui me soutenait et m'épaulait. J'ai dû me construire seule et créer mes propres opportunités. Ma famille était tellement nombreuse que mes parents ne pouvaient s'occuper de chaque enfant. Quand ils ont su qu'ils ne pouvaient rien faire de moi, ils m'ont abandonné, me laissant complètement à mon sort. La seule personne qui était là pour moi était mon meilleur ami d'enfance. Il me soutenait dans tous mes projets, même les plus fous. Il m'était d'un grand soutien psychologique. Il était si pétillant et joyeux mais malheureusement, on a dû se séparer il y a 10 ans quand j'ai quitté le pays pour Paris, la ville où tout est possible. Depuis, on s'est perdu de vue et je ne sais pas ce qu'il est devenu.

CitationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant