Chapitre 30

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En remontant dans ma chambre, je vis que Luc m'avait envoyé un long message de félicitations, impressionné que j'eusse obtenu l'autorisation de mon père aussi vite. Je lui expliquai par retour que c'était uniquement due à son humeur amoureuse du moment, précisant qu'il fréquentait quelqu'un qui, visiblement, l'adoucissait beaucoup. J'allai me coucher et m'endormis avant de recevoir une nouvelle réponse.

*****

3h15.

J'éteignis rapidement la sonnerie de mon téléphone et consultai celui-ci, ainsi que le message de Luc, reçu pendant la nuit. La luminosité de l'écran me fit plisser les yeux et je lus.

✉ Charmant — [Comment ne pas devenir une guimauve quand on a quelqu'un à qui on tient dans notre vie ]

Je pouffai et tapai une réponse avant de me lever rapidement, les yeux encore un peu collés.

✉ Eva — [Ben voyons ! Si toi, tu es une guimauve, alors je suis un chewing-gum : collant et impossible de s'en débarrasser !]

Je vérifiai une nouvelle fois mon autorisation signée par mon père et j'esquissai un sourire extatique, comme si la veille n'avait été qu'un rêve éveillé. Rangée dans mon bureau, je n'avais pas encore pris le temps de la scanner en me disant que de toute façon, je pourrais la donner en main propre à mon professeur bien assez tôt.

Je m'habillai rapidement, m'emparai de mon deuxième exemplaire pour Masson et quittai ma chambre sans un bruit avant de rejoindre la cuisine pour me préparer rapidement un thé avec un bout de brioche. Il ne me restait plus que dix minutes avant que la mère de Steve ne vienne me chercher. Et elle était d'une ponctualité redoutable.

J'avais appris à apprécier de partir avec eux le matin. Evelyne n'était pas très loquace, mais Steve faisait volontiers la conversation pour eux deux. Tout le temps joyeux, il suffisait de se laisser gagner par sa bonne humeur pour l'encourager à alimenter la discussion. Sa mère me faisait comprendre qu'elle m'appréciait, ainsi que la façon dont je traitai Steve.

J'imaginai que son rythme devait être rude, son fils était vraisemblablement une source d'angoisse permanente pour elle. Une fois déposés à l'arrière de la boutique de Masson, après un rapide au revoir à Evelyne, nous nous dirigeâmes ensembles vers nos vestiaires respectifs, afin de récupérer nos tenues de travail.

Je tripotai nerveusement mon tablier lorsque j'allai voir Masson directement, comme tous les matins, pour le saluer. Steve avait été plus rapide et, après l'avoir salué en premier, il parti tout de suite à ses tâches.

— Bonjour chef, dis-je d'une voix claironnante en entrant dans la pièce.

Masson faisait en effet fonctionner un batteur bruyant, dans le deuxième labo, et il ne m'aurait certainement pas entendu si je n'avais pas haussé le ton. L'homme se tourna avec un sourire et me rendit mon salut.

— Salut Eva ! Alors, cette semaine d'école ?

Je tripotai toujours mon tablier et la feuille, pliée dans la poche arrière de mon pantalon pied-de-poule, semblait me brûler la fesse.

— Très bien, comme d'habitude, répondis-je, esquissant tout de même un sourire. Vous avez reçu mes notes ?

— Oui, d'ailleurs, j'ai été un peu surpris de ta note de pratique.

Je tiquai et m'écartai tandis que mon patron arrêtait l'énorme batteur et en décrochait la cuve avant de s'en saisir et de la poser sur le plan de travail, vidant son contenu sur celui-ci et malaxa la pâte sucrée un instant, lui donnant vaguement la forme d'une boule. Je me rapprochai d'un mouvement.

Ne pleure pas mon angeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant