17 Let Me Live

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[6 ans plus tard]
[Decembre 2001]

« Bonne nuit Wembley !!! On vous aime !!! »
Je crie en brandissant mes baguettes, respirant fort, alors que des explosifs font des flammes sur les bords de la scène, faisant trembler tout le stade sous un tonnerre d'applaudissements. Je me suis tellement donnée ce soir que j'ai mal à ma gorge ainsi qu'à toutes mes articulations, je suis épuisée, heureusement que c'était la dernière date de l'année, je n'en peux plus. Je me laisse tomber sur un fauteuil dans les loges et vide toute une bouteille d'eau. Jack vient s'asseoir à côté de moi, nous attendons William. Il arrive après dix minutes, changé. Il m'embrasse sur la joue et je comprends ce qu'il a derrière la tête.
« Tu ne rentres pas avec moi ce soir...? »
Dis-je, en connaissant déjà sa réponse. Il adopte un air faussement désolé, puis m'embrasse à nouveau.
« J'ai promis à Saul qu'on se retrouverait après le concert. »
Il prend alors les clés de voiture et s'en va, je baisse la tête en passant une serviette sur mon visage et mes épaules, retenant mes larmes. Jack me prend dans ses bras. Quand j'entends le nom « Saul », je sais immédiatement que William ne va pas rentrer à la maison avant trois heures du matin, si jamais il rentre.

Je m'étais attendue à toute sorte d'épreuves à surmonter, en acceptant la vie d'artiste, mais pas à celle là. Cela fait quelques années que William s'est beaucoup rapproché des Guns n Roses, et particulièrement du guitariste, Saul Hudson, plus connu sous le nom de Slash. Il a douze ans de plus que lui, mais ils s'entendent particulièrement bien. Au début, ils sortaient de temps en temps, et ces sorties ont commencé à se multiplier de plus en plus au fil de mois, maintenant, ils sortent presque tout le temps, et c'est rare que je puisse profiter d'une vraie soirée avec William à la maison. Je repense à nos tendres années, nos 18 ans, quand nous avons commencé à sortir ensemble, qu'il était d'une douceur sans pareil. Jack, en revanche, n'a pas changé et est resté égal à lui même, à l'écoute et sérieux. Il tente de me réconforter alors que je me lève doucement. Il me propose de m'emmener manger quelque part. Mon meilleur ami balaie une larme roulant sur ma joue et me tend son bras, je le prend, tandis que nous nous dirigeons vers la voiture pour aller dans un grand restaurant.

Je retouche mon maquillage qui a coulé, Jack me regarde avec tristesse.
« Allez Line, ça va s'arranger, c'est promis. »
Je hoche la tête faiblement, essayant de m'en persuader moi même, mais n'y croyant pas. Nous arrivons, et le jeune homme ouvre ma portière, m'aidant à descendre. Nous nous installons à une table et commandons. Heureusement que Jack est là, il me donne une bonne raison de continuer de faire partie du groupe, et une raison de sourire. Nous passons la soirée ensemble, et pendant l'espace de quelques heures, j'oublie tout mes soucis. Il doit tout de même le ramener chez moi, je suis silencieuse pendant le trajet. Il me dépose devant la grande maison que je possède avec William, puis il me serre dans ses bras, caressant mes cheveux. Il s'éloigne alors, et je remonte l'allée du grand jardin, traînant des pieds. Je n'ai plus de forces, il fait noir et je me sens si seule. Lorsque j'atteins enfin la porte d'entrée, je me laisse tomber sur le sol, en larmes, cette maison est si grande, trop grande pour moi, trop grande pour la solitude. Je ramène mes jambes vers ma poitrine, en regrettant le temps d'avant.

Je vais prendre une douche et me démaquiller, je réalise que je n'ai vraiment pas le même visage, sans tout ce que les visagistes me mettent sur la tronche, plus je prends de l'âge, plus mes traits s'affinent et s'approchent encore de ceux de mon père. J'ai l'air mortifiée, pale, beaucoup trop pour 25 ans, les derniers événements de la vie ont commencé à m'abimer. Je sais qu'il est encore temps de faire quelque chose, mais quoi ? Je me traîne jusqu'au salon et m'allonge sur le canapé, attendant mon compagnon, comme d'habitude. Il est déjà quatre heures du matin, lorsque je regarde l'horloge, et William n'a toujours pas donné de signe de vie. Soudain, la porte d'entré s'ouvre. Je me lève dans un sursaut pour accueillir mon homme, mais je suis immédiatement repoussée par la vive odeur d'alcool. Il est dans un état pitoyable, presque incapable de marcher et de s'exprimer. Je peux sentir sur sa peau le parfum immonde d'une autre femme. Je prends une grande inspiration et tourne les talons, me forçant à être méprisante. Je vais me coucher dans la chambre d'ami, m'y enfermant, imaginant évidemment le pire, et tombant de fatigue en sanglotant.

Le lendemain matin, j'arrive dans la cuisine, prête, après avoir réfléchi pendant des heures, pendant des jours en fait, pour être complètement honnête. Je trouve William, assis devant un café, ayant la gueule de bois évidemment. Tenant ma valise je le regarde et prends une grande inspiration.
« Je crois qu'on devrait arrêter. »
Il lève la tête, affolé, puis se précipite vers moi, tentant de me prendre dans ses bras, mais je le repousse.
« Chérie, ne me laisse pas ! Je t'aime voyons ! »
Gémit le jeune homme, mais il est trop tard, ma décision est prise, ravalant mes sanglots, je lui réponds.
« Au revoir William, n'essaie pas de me retenir. »
Je tourne les talons et pars en courant, je mets mes bagages dans ma voiture en pleurant, sous le regard effondré du guitariste. Lui lançant un dernier coup d'œil timide, je monte dans le véhicule et démarre. Après avoir roulé une dizaine de minutes, je m'arrête sur le côté de la route pour me laisser aller. Je n'ai nulle part où aller, si ce n'est chez mes parents. Je finis par me décider à retourner au domicile familial, je ne peux plus compter que sur papa et maman.

Somebody To Love Où les histoires vivent. Découvrez maintenant