Chapitre 1

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Je marchais. J'ai beaucoup couru. J'ai beaucoup fui. Je pense que je peux marcher maintenant. C'est loin. Je ne sais pas trop où je suis. Je suis rentré dans la capitale depuis un bout de temps maintenant ; mais où ? Aucune idée. Les ruelles comme ça se ressemblent toutes pour moi. Il y avait de l'animation sur ma droite. Sur la terrasse d'un bar il y avait beaucoup de monde, pas mal de musique et le tout baignait dans de la boisson. Je me suis donc dirigé vers ce bar. Deux hommes en sortaient ; ils parlaient vite, surexcités ils évoquaient un pull. Ça ne m'intéressait pas. Des lumières brillaient sur des petits lampadaires, beaucoup de cendriers se remplissaient sur les tables et par terre la bière créait des petits tas de mousses ou des petites flaques qui entrainaient des mégots jusqu'au caniveau. Ce qu'il y avait en grande quantité aussi, c'était des jeunes gens qui débordaient d'une folle envie de se défouler. Ils voulaient s'arracher aux démons de leurs préoccupations du quotidien. Ils partageaient cette volonté avec des personnes plus âgées qui s'étaient déguisés pour se mettre en valeur et tester ce qu'il restait de leur pouvoir d'attraction. Et dire que ces quelques femmes et hommes mûrs qui me fusillaient de regards aguicheurs allaient peut-être rentrer chez eux & retrouver conjoint et enfant. J'ai traversé la terrasse, des odeurs de tabac et de cannabis qui me chatouillaient le nez, je voulais voir le décor à l'intérieur. C'était tamisé, il y avait trop de monde pour que je vois vraiment le style des meubles, mais ça avait l'air accueillant. Pourtant je n'étais pas à l'aise. Peut-être toujours sous tension après la fuite. Alors que je tournai les talons pour quitter l'établissement un petit homme me percuta et renversa le fond d'une pinte sur mon torse. Le fautif s'est jeté sur moi pour balbutier des excuses incompréhensibles. Je ne voyais ni Bleed ni Doob. Il était surement trop alcoolisé. Toutefois, la femelle... Pardon, la femme, qui était dans son dos avait un bon gros Doob qui brillait au-dessus de sa tête. Elle sermonna le petit homme en sifflant entre ses dents :

- Wesh Charles à quoi tu joues ?

Son ton rude contrastait avec son allure soignée. Des cheveux mi-longs ondulés, bruns parsemés de mèches blondes qui contrastaient avec sa peau. Elle portait une paire de sneakers, un jean moulant et un t-shirt METALLICA. Je refusai de croire que sa bouille d'ange écoutait ce genre de son. Je ne devrais pas me fier à ma première impression apparemment puisqu'alors que je la jugeai sur sa tenue je la vis attraper son ami et le secouer comme un chiffon. Ledit Charles, mis en peine, braillait :

- Mais non ! Mais t'inquiète ! AAH ! Arrête y'a pas de honte il est gentil le monsieur ! Hein pas vrai ? T'es mon pote mec ?

Non je ne suis pas ton pote mec. Je n'eus guère le temps de répondre que l'homme passa son bras autour de mon cou et m'entraina brutalement vers son groupe d'ami. Il mugissait :

- Eh regardez ! On a un nouveau camarade !

A son beuglement quelques jeunes regroupés dans un coin du bar levèrent pintes et bouteilles de verre avec acclamation. C'était un groupe très hétéroclite, idéal pour en apprendre plus et répondre à ma mission. Un colosse dans l'équipe se détacha, retira le joint qu'il avait dans la bouche avant de demander d'une voix grave :

- Et c'est quoi le blaze de ton pote ?

Mon blaze ? Mon prénom ? Il y avait un protocole pour cette question. Ouais je devais donner un prénom, pas de nom de famille, rester évasif et s'inventer des origines qui concordaient avec mon prénom.

- Je m'appelle Maher.

- Oh c'est trop joli ! s'exclama une petite blonde survoltée à la voix criarde qui avait un Doob rose fuchsia. Ça vient d'où ?

- Du Liban ; répondis-je machinalement.

Toujours la même blonde :

- Oh mais truc de ouuufeuuuh y a Antea qui est libanaise aussi !

ArraWhere stories live. Discover now