Méandres d'une Patrie

La récolte

Pas besoin de me sentir dans l'bain
Si mes écrits apaisent les esprits ça fait du bien🙏

Á Jérémie,il y a ces pâles basilics dont l'aspect ne fait référence qu'à l'austérité du paysage.La plupart des lilas ont éclaté par le milieu,les palmistes qui dansaient à la lueur du soleil ,le vent secouait les feuilles de manguiers,les mapous gigantesques ainsi que les arbres à pain.Les enfants s'amusaient à la rivière.Sur ces entrefaites je vous fait part de Buisson,une localité peu connue,dans laquelle vivait la famille Saint-Fleur <<Si jeunesse savait vieillesse pourrait>>.Ces paroles résonnèrent lentement dans la tête de Zefiren.Lui et son épouse sont quinquagénaires.Pierre,a trouvé la mort durant le passage du tremblement de terre 12/01/2010,Belizer le cadet est âgé de 18 ans,Asefi 16 ans l'unique fille de la famille et le plus jeune Ti Jan qui n'a que 10 ans.La tentation d'être un chef juste et humain est naturelle chez un homme,mais il faut savoir que le pouvoir change profondément celui qui l'exerce.L'inflexibilité est l'un des caractères de Zefiren.Une joie et un amour inextinguibles régnaient dans la famille.Ti Jan surnommé le loquace était en liesse,son coeur battait la chamade car il attendait impatiemment le lever du jour pour réveiller les autres afin d'aller aux champs ,aujourd'hui est le jour de la récolte.Asefi de son côté n'appréciait guère aller aux champs avec ses frères.Tijan toujou renmen mache sal disait-elle souvent.Belizer lui,très compendieux dans son coin il ne parle que quand on lui adresse contrairement à Ti Jan qui est bavard comme une pie Et enfin Dyedòn la daronne qui est prête à poser ses mains au feu pour sa famille.
-Cocorico !
-Li jou leve leve ! Répétait Zefiren qui était déjà debout,le père et ses 2 garçons se mirent en route pour le jardin laissant la mère et la fille.Il ne cessèrent de lancer des Bonjou kòmè ! Kòman kò a ye konpè au cours de route.Ils semblaient vivre en symbiose.Zefiren comtemplait son jardin,le fruit de plusieurs mois de travail.
-Ti jan,al anba rak la ordonna Zefiren
Ils changèrent les bêtes,cueuillèrent quelques épis de maïs désséchés particulièrement Ti Jan qui s'entretenait trop bien avec les boeufs et cabris.
Le père se reposait sous un manguier.

La matinée se passa assez vite.Ti Jan se broyait du noir à la vue d'un autre boeuf défuncté,ils devaient l'emmener chez Kòmè Tina afin d'équarrir l'animal mort.Belizer lui,tentait d'enlever des esquilles de bois enfoncées sous ses ongles.

Arrivé dans sa baraque avec son caractère extravagant,il ne prit même pas le temps de se laver les mains plongea sur les Zaboka ak wayal que Dyedòn et Asefi leur a cuisinés.Zefiren se laissa exhaler contre sa dodine,sa pipe en main,tandis que Tijan curieux comme un chat se glissa dans le bercail de Grann Nana.Dans l'après midi la Konbit finie,chacun retourna à ses occupations personnelles.

-kisa wap regle lè sa ? (Que fais-tu à cette heure indigne ?) Questionna Grann Nana à Ti Jan
-Map tann lanjelis tonbe poum al chanje bèt yo pou papam(J'attends la tombée de la nuit pour déplacer les animaux pour mon père) répondit-il

<<A père avare,fils prodigue>>Les progénitures de la famille St Fleur n'ont point tiré les défauts de leur père mais les meilleurs techniques leur permettant de savoir comment tourner la terre de façon avantageuse.
<<Lajwa debòde nan kè Zefiren lè pitit li pa gen feblès kiyè,konn vire tè yon fason lèl mouri pou yo jere eritaj la>> (La joie inonda le coeur de Zefiren quand ses enfants mangèrent à leur faim,le jour où il partira ils sauront comment gérer cet héritage...)