Colocation |KnB|

1. Bienvenue chez toi

Sawako Fukuda soupira d'aise en regardant la façade de son nouvel immeuble. Sa main se resserra sur ses clés, frustrée de ne pas avoir le temps de monter. Après un rapide coup d'œil à sa montre, la jeune femme se résigna à tourner les talons pour assister à son premier cours à l'académie de Tôo.

La jeune japonaise venait d'arriver à Tokyo. Ses parents avaient hérité, il y a peu de temps, d'une ferme isolée dans la campagne voisine de la capitale et avaient décidé d'y vivre. Sawako avait réussi à les convaincre de la laisser habiter seule en ville pour ses études.
Lors de sa recherche de logement, elle était tombée sur l'annonce de cet appartement fantastique. Situé à seulement quelques rues de Tôo, il était neuf, presque entièrement meublé et possédait deux chambres, le tout pour un prix défiant toute concurrence. Alors, oui, Sawako n'avait pas réellement besoin de deux chambres mais elle avait pensé qu'elle pourrait se mettre en colocation avec une autre jeune fille de Tôo, un peu plus tard. Et c'est vrai qu'il avait fallu payer trois mois de loyer d'avance, mais cet appartement valait bien tout ça.

Arrivant en vue des bâtiments de l'académie, la brune accéléra le pas. Elle avait hâte de terminer sa journée de cours pour pouvoir rentrer chez elle et commencer à déballer ses affaires déposées par les déménageurs dans la matinée.
Le lycée Tôo était semblable à n'importe quel lycée, avec son flot d'élèves qui donnaient l'impression d'être triés par catégories. On trouvait les intellos, les sportifs, les minettes, les marginaux... Tous les styles et tous les genres.

Sawako passa rapidement au secrétariat pour récupérer la liasse de documents habituels accompagnant son statut et fila à son premier cours. Lorsqu'elle pénétra dans sa salle, le professeur lui indiqua rapidement sa place. La jeune femme laissa échapper en soupir en remarquant que son pupitre se trouvait pile au milieu des rangées de bureaux. Comme si le fait d'être nouvelle n'était pas suffisant, on la plaçait au centre de la classe afin que chaque élève puisse la détailler à loisir, tel un animal de foire. Alors qu'elle remontait l'allée jusqu'à son siège sous les regards inquisiteurs de ses nouveaux camarades, la brune posa les yeux sur un élève au fond de la classe, le seul qui ne la fixait pas. Le jeune homme aux mèches bleues marines semblait grand avec une carrure d'athlète, mais cela restait difficile à juger tellement il était avachi sur sa chaise, le regard perdu dans la contemplation du plafond.

La journée s'étira en longueur, semblant interminable pour Sawako. Lorsque le son libérateur de la cloche retentit, la jeune femme rangea ses affaires et se leva rapidement. Dans sa précipitation, elle percuta de plein fouet un autre élève. En levant les yeux pour s'excuser, elle plongea dans un regard saphir si intense qu'il lui déclencha un long frisson dans le dos. Réalisant que ces magnifiques iris bleues devaient appartenir à une personne qui attendait probablement des excuses, Sawako secoua la tête.

- Pardon, je ne t'avais pas vu...dit-elle.

L'élève bousculé n'était autre que le jeune homme aux cheveux bleus foncés du fond de la classe. Mystère résolu, ce garçon était vraiment très grand une fois debout.

- Aomine-kun! s'écria une voix féminine sur le pas de la porte. Je te rappelle que tu as entraînement ! Tu as intérêt à y aller sinon...

- Ouais, c'est bon Satsuki. Arrête de crier, tu m'saoule... lui répondit d'une voix traînante le dénommé Aomine.

Balaçant avec nonchalance son sac sur son épaule, le jeune homme quitta la salle de classe, sans un mot, ni un regard pour Sawako. Cette dernière haussa les sourcils devant cette attitude quelque peu arrogante puis la pensée de son appartement lui revint à l'esprit et en chassa Aomine.

Lorsqu'elle inséra sa clé dans la porte de son appartement, Sawako sentit une vague d'excitation monter en elle. Elle avait enfin son chez soi. En entrant dans la pièce à vivre, son regard aux iris d'ébène balaya l'espace et elle sourit. C'était exactement comme dans son souvenir, à l'exception de quelques petits détails. La télévision accrochée au mur en face du canapé n'y était pas lors de sa dernière visite, ni la chaîne hi-fi...