Dans l'ombre du Triangle des Bermudes

Une visite inattendue

Chapitre 1
Jour 1
Une visite inattendue

Je prenais mon bain sous la chute alors que j'entendis une voix rauque. Cette voix, elle était comme la mienne, mais bien plus masculine. C'était plutôt étrange. Je me cachai derrière la chute, puis vis, à travers le fin rideau de la source, une sorte d'animal que je n'avais jamais remarqué précédemment. Une créature ressemblant à un singe incroyablement à l'aise sur ses deux pattes arrière. Curieux...

En l'observant, je m'aperçus que cette chose me ressemblait un peu trop et c'est à ce moment qu'un homme sorti de derrière les hautes fougères. C'était un jeune homme aux traits très masculins, mais tout aussi doux. Je compris bien vite qu'ils étaient comme moi. Humains. Moi qui croyais avoir vu une nouvelle race de primates. Oups...

Pourtant, il n'y avait jamais eu qui que ce soit d'autre d'humain ici sur cette île. Mis à part mes amis poilus, jamais des gens n'avaient fait apparition jusqu'à ce jour. Ils se rapprochaient de plus en plus de ma position et je crus qu'ils m'avaient vu.

Prise de panique, je criai de toutes mes forces le nom de ma tigresse. Elle déboula à une telle vitesse en rugissant. Ce puissant rugissement tout droit sorti du coffre de ma féline fit stopper net les inconnus. Une expression de détresse se révéla sur leur visage. Le vieil homme cria au jeune :

–     Cours !

Puis, le barbu s'enfuit pensant sûrement que l'autre le suivait, mais il n'avait pas décampé. Il recula en déclarant :

–     Tout doux le chat, je ne te veux aucun mal.

Il parlait très calmement. Shiva, semblait ne pas vouloir l'attaquer, mais juste me protéger et j'avais totalement confiance en elle. Ma féline s'assit simplement devant lui. Soulagé, le garçon fit la seule chose qu'il ne fallait pas. Il mit le pied en arrière et perdit l'équilibre, puis disparu. Je sortie de ma cachette en courant sans réfléchir. Ce geste avait été totalement instinctif. Je me jetai parterre. Heureusement, il c'était agrippé à une racine solide, mais le pauvre n'allait pas tenir très longtemps, car il s'était ouvert la main dans sa chute en s'accrochant à la paroi rocheuse.

Shiva et moi, avons tiré le garçon de toutes nos forces pour le ramener sur la terre ferme. Il s'étala sur la verdure. Son expression affirmait un tel soulagement. Il me dévisagea en relevant le buste. Rapidement, je reculai, méfiante. Shiva, elle, resta près de lui. Je m'accroupis derrière un arbre. Il n'avait pas l'air bien méchant. Je me dégageai légèrement du gigantesque tronc, laissant entrevoir une partie de mon visage à la lumière du jour, les paumes contre l'écorce. Intriguée par ce que j'avais devant moi, je plissai les yeux.

Dans la peau de Matt
Je mis du temps à comprendre ce que j'avais vu. À croire que je ne m'étais pas trompé. C'était bien une jeune femme qui était cachée derrière un arbre en ce moment même. Oubliant carrément le tigre posé à seulement quelques centimètres de moi, j'essayai d'adresser la parole à la fille, ce qui ne sa-verra pas facile. La première question qui me vint en tête fut de lui demander si elle parlait ma langue.

Elle fit un bon en arrière puis, finalement, elle pencha la tête sur le côté, examinatrice. J'étais toujours allongé sur le sol, relevé par mes coudes. Je tirai, finalement, cette conclusion : elle ne me comprenait pas. Comment allais-je pouvoir communiquer avec cette jeune demoiselle farouche ?

–     Oui...

Je fus surpris d'avoir définitivement une réponse. Je relevai subitement la tête et la fixa. Elle s'approcha, craintive. Ses gestes étaient tellement gracieux. Elle avait l'air si légère. Lorsque je croisai son regard apeuré, mais, toutefois, sage et courageux, je compris que cette fille était différente. J'étais sûr que nous ne venions pas du même endroit elle et moi. Peut-être vivait-elle ici ? Très probable, compte tenu de ce qu'elle portait. Un habit coloré, si nous pouvions appeler ça ainsi. Elle n'avait quasiment rien sur le dos. Des plumes de perroquets étaient modestement attachés à son haut qui ne recouvrait que sa poitrine. Son bas était une sorte de jupe faite de grandes feuilles fixées les unes aux autres.