Après l'arrivée du prince charmant sur son cheval blanc

1.2

Furieux, je claque la porte d'entrée, sans même prendre le temps d'enfiler ma veste en cuire noire qui pend à mon bras, la laissant avec ses délires. J'enfourche ma magnifique Monster 821, m'équipe de mon casque et ma veste avant de faire vrombir le moteur et démarrer. La sensation de contrôle sur la Ducati à un effet calmant sur mes nerfs. 

Avec elle, je peux me sentir libre. Et ce n'est pas qu'une question de circulation. Cette impression d'être tenu par des câbles qui me dicte comment agir et où aller, me bouffe de l'intérieur, si bien que, quand je pense réussir à m'en défaire, je suis déjà trop englué dans les emmerdes. Peut-être est-ce parce que je n'ai pas choisi cette vie. Que je me retrouve malgré moi dans des lieux qui me semble trop réels et irréels à la fois.

Jamais je n'avais songé que ma relation avec Amélie durerait aussi longtemps. En général, avant elle, les filles ne restaient pas longtemps avec moi. C'était en partie parce que je le voulais bien. Qui voudrait d'un mythomane pour compagnon ? Personne. Je le savais et je le sais encore. 

Mais je préférerais crever plutôt que raconter ma véritable histoire à de parfaits inconnus. Même le fait de les baiser n'y change rien. Je ne l'ai jamais narré à qui que ce soit. Même à Amélie. C'est elle qui à force de me côtoyer et par je ne sais quel autre moyen, qui l'a découverte. Et on n'a pas abordé une seule fois le sujet.Pourtant, elle n'a pas fait exception à mes mensonges, je dirais même qu'elle en a eut une bonne flopée. À présent, il n'y en demeure presque plus sur ce que je suis, mais plutôt sur ce que je fais.

Notre rencontre ne ressemblait pas à un coup de foudre comme on peut visionner dans les films destinés aux meufs. Le bad-boy qui tombe sur une jolie blonde aux yeux bleus et jette aux oubliettes sa personnalité et ses principes.Très peu pour moi, merci, je n'ai rien en commun avec Hero Fiennes-Tiffin qui interprète Hardin Scott. Inutile de préciser comment je connais ces détails, après tout, je vis avec l'une d'entre elles. Donc non, pas de flash cosmique, ni de révélation du destin, Amélie était juste à mon goût, avec ses grandes prunelles brunes, ses cheveux noirs et son corps métissé pas mal foutu, alors je l'ai dragué.

Mais pour finir, à force de jouer avec le feu, et je dirais, fort heureusement, sinon, je ne serais plus avec depuis X années, on finit par se brûler. Amélie est devenue à mes yeux une fille à part, ma perle tombée du ciel. Je ne conçois pas ma vie sans elle. Même si c'est l'impression que je donne. Elle semble être la seule qui me comprenne et m'accepte tout entier. Rare sont les fois où elle avait relevé l'incohérence qu'elle rencontrait dans mes dires. Rare sont les fois où elle me faisait passer un interrogatoire forcé pour réclamer la vérité. M'évitant des explications poussées et tout le bla-bla qui les accompagnaient. Elle me correspond parfaitement. Ce n'est pas de la stupidité qui la pousse à boire mes belles paroles, je déteste ce genre de fille, je dirais plutôt qu'elle possède une forte capacité d'analyse et d'empathie ainsi qu'un sens éthique hors du commun. Parfois, j'ai l'impression qu'elle arrive à se glisser dans ma tête,que ça en est effrayant. Seulement après un moment, comme ce matin, elle craque et pète les plombs.

J'avoue, je ne suis pas innocent dans cette histoire, mais je n'ai aucune idée de comment elle s'y prend pour me mettre hors de moi. Se pavaner sans cesse avec ses affaires de boulot et me les cracher en pleine face, me rappelant parla même occasion que je n'arrive pas à m'en trouver un, que je dépends d'elle et que ça me fait grave chier. Ouais, je fais de mon mieux pour lui cacher à quel point je suis dans un gouffre sans fond. Lui caché ce qu'il y a de moche en moi en ce moment, parce que rien ne vaut son regard quand elle est dans ses bons jours et qu'elle me contemple comme si j'étais un dieu vivant. Aucune nana ne m'a jamais offert cette sensation de toute puissance et j'en suis devenu accro.