Après l'arrivée du prince charmant sur son cheval blanc

2.1

Lorsque que j'ouvre la porte d'entrée, l'atmosphère est pesante. Cela fait deux jours que c'est ainsi. La maison est vide et la fatigue de mes heures de boulot m'accablent davantage. J'étais loin de m'imaginer que me retrouver seule serait aussi difficile. Je ne sais pas si c'est le fait qu'Antho m'évite comme la peste sans aucun problème ou le fait qu'il me manque simplement. Sans doute les deux.

Durant ses absences, j'ai constaté que notre lit était défait à chaque fois que j'y montais pour me changer. Et à chaque fois, soulagée, énervée et triste, je le refaisais, étirais les draps dans lequel nous avons tant partagé, afin de m'assurer que je pourrais encore voir une trace de son passage ou une preuve qu'il m'aimait encore. Mais pas une seule fois je n'ai dormi dedans. Sans lui cela n'a plus aucun sens. De plus, le salon est plus réconfortant lorsqu'Antho part je ne sais où.

Je balance mon sac dans le couloir et traîne les pieds dans le salon. Les ténèbres, malgré l'heure matinale me donne un frisson et me pousse à éclairer la petite lampe posée à côté du canapé d'angle. Il ne me faut pas longtemps avant que je m'affale sur ce dernier. La télécommande se trouve sur la table, je m'en empare.

Tiens le paquet de cigarettes est vide.

Une autre preuve de sa présence quelques heures avant mon retour. Un sourire mélancolique m'échappe, il n'a jamais pris l'habitude de les jeter et je lui râlais dessus à cause de ce tic. À cet instant, j'aurais presque envie de serrer le paquet dans mes bras et m'endormir tout contre. Je suis consciente que c'est complètement idiot et débile. Après tout, je suis habituée maintenant de faire des choses absurdes en bonne amoureuse transie que je suis.

Je sens vaguement la chaleur de Rhaegar au creux de mon cou lorsque mes yeux se ferment. Mes membres s'affaissent et ma respiration devient régulière alors qu'un souvenir que je chéris m'enveloppe comme une bulle chaude et relaxante.

On venait juste d'acheter notre maison, notre nouveau chez nous. Je me souviens à quel point je me sentais poussé des ailes. L'homme de ma vie et moi allions pouvoir vivre librement ensemble, faire l'amour quand on le voulait et où ça nous chantait. Les projets fusaient dans ma tête et l'envie de faire en sorte que l'on se sente bien dans cet espace qui nous appartenait faisait battre mon cœur à une allure démesurée autant que l'idée de voir Anthony tous les jours sans exception. La maison était lamentablement vide car nous n'avions pas vraiment de meubles déjà acquis, nous venions de quitter la maison de ma tante qui nous hébergeait dans une de ses chambres d'amis.

Avec ou sans meuble, on savait se contenter de peu. Et cela ne nous empêchait pas d'être aux anges.

«

— J'avais oublié à quel point c'était grand, je m'extasie en esquissant une valse au mouvement exagéré pour prouver l'étendue de la pièce.

Adossé au chambranle de la porte, les bras croisés un demi-sourire aux lèvres, Anthony me regarde le regard amusé.

— C'est sans doute parce qu'il n'y a plus les affaires de l'ancienne propriétaire.

Arrêtant tout mouvement pour le regarder la mine encore plus réjouie.

— Tu te rends compte ? On est propriétaire !

En trois enjambées, mon prince charmant me rejoint. Sur ce laps de temps je peux admirer sa démarche nonchalante, son corps svelte qui ne manque jamais d'enflammer mon imagination.

Alors que je me laisse prendre dans ses bras, mon cœur fait un bond. Je ne comprends toujours pas,comment après deux ans j'ai l'impression d'être encore à mon premier rendez-vous, ni comment il fait pour avoir autant d'impact sur ce que je pense et ressent.

— Je te promets de tout faire pour te rendre heureuse. Rien ne compte plus que toi à mes yeux.

Je baisse la tête, la mine soudain morose. Mais il remonte mon menton afin que je fasse face à ses iris vert gris.

— Je tiens toujours mes promesses, non ? En deux ans, tu t'en ais rendu compte, pas vrai ?

Je hoche la tête muette, je ne souhaite pas débattre sur ce sujet dans un tel moment.

De belles paroles, de beaux yeux, un baiser à couper le souffle et je plonge comme une petite fille enfermée dans sa tour prête à suivre quiconque l'en sortira.Peut-être que c'est exactement ce qu'il s'est passé il y a deux ans ? Que ce prince qui se tient devant à cet instant n'en est pas un. Mais je me refuse de le croire. Mon moteur c'est lui. Personne d'autre. Cette force qu'il m'insuffle lorsque je me sens anxieuse, désemparée ou même encore en colère coule comme un ruisseau le long de mes veines à l'instar de l'Héroïne. Et tout comme ce poison, elle m'offre une dépendance farouche. Seul mon prince peut me procurer cet effet.

— Je ne t'abandonnerais jamais.

»

J'ai toujours eut du mal avec les promesses, aucune ne s'étaient jamais réalisées pour moi. Même venant de lui.

« Maman sera toujours là pour toi, c'est promis »

Celle-là non plus n'a pas été tenue, ma mère avait pris la poudre d'escampette à l'âge de mes sept ans. Me laissant chez sa sœur, ma tante. Ce sentiment d'abandon reste encré en moi. C'est un secret que je refuse de montrer. Avec les années, j'ai appris à faire comme si cela ne m'avait pas affecté. Il est facile de berner les gens lorsqu'ils ne sont pas assez intéresser pour creuser ou analyser vos actes. Et ils sont bien plus nombreux qu'on le croit. Même les proches, si l'on n'explique pas ses tristesses, ses traumas, ils ne se doutent de rien. J'ai tiré profit de ces lacunes humaines et le masque que je porte en permanence me permet d'avancer.

Dans certain cas.

Avec Anthony, ce masque s'est fendu, il n'est peut-être pas tomber, mais une partie de ma véritable nature lui est visible. Je ne crois plus aucune promesse de personne. Mais lui, il pourrait m'en faire des milliers que je le croirais, du moment qu'il ne me laisse pas tomber. Si un jour cela devrait arriver, je crois que plus personne ne serait en mesure de m'atteindre. Même plus lui.

Plus qu'un jour et je pourrais le revoir.