Cette année là, Mère pleurait beaucoup, la nuit. Peut-être avait-elle toujours pleuré, mais c'était la première année où j'étais assez âgée pour m'en apercevoir.
Je me réveillais dans l'obscurité chaude de Calcutta et le bruit oppressant de ses pleurs déferlait sur moi, vague après vague, me cernait au point que je n'aurais pu dire d'où il provenait.
Les toutes premières fois, je me redressais dans l'étroit lit d'enfant qu'elle s'était mise récemment à partagé avec moi et murmurais son nom.
Elle m'attirait alors, me tenait serré contre son corps tremblant et l'odeur humide de talc et d'amidon de son sari l'étouffait si bien que , n'en pouvant plus, au bout d'un moment je commençais à me débattre et à la repousser.
Mais elle pleurait de plus belle.
Ainsi, j'appris à ne pas bouger et immobile sous le drap, je m'enfonçais les doigts dans les oreilles pour échapper aux sanglots.
Si je fermais les yeux très fort et les gardais assez clos longtemps, des petits points de lumière apparaissaient sous mes paupières et je n'arrivais presque à me persuader que j'étais au milieu des étoiles.
Un matin, alors qu'elle me préparait pour l'école, tressant mes cheveux en cette nature serrée et lisse que je n'aimais pas parce qu'elle pendait, raide, le long de mon dos, je remarquai quelque chose d'étrange sur son visage...
• • •
Voilà la première partie, courte mais comme c'est la première fois que je fais une histoire, veuillez m'en excusez.
Emy.
VOUS LISEZ
Mariage arrangé
RomanceAu mot " amour ", une mère indienne respectueuse des traditions ne donne pas la même signification qu'un jeune amant américain. Comment concilier la puissance d'un sentiment avec les codes sociaux qui tentent de le réglementer ? A cette question, ch...