𝓗𝓮𝓪𝓿𝓮𝓷 ~ 𝕥𝕜

~ Hand-picked

«J'ai dis non !
- C'est la seule chance que tu as pour pouvoir vivre putain !
- Vivre ? Pour moi à partir du moment où t'as le cancer c'est comme si t'étais déjà mort.
- Comment tu peux dire ça Jungkook..?
- C'est moi que tu fais passer pour le méchant mais t'es quand même entrain de me dire que tu veux que je fasse cette putain de chimio bourrée d'effets secondaires qui ont eux-mêmes des effets secondaires pour "vivre" !
- Tu veux te laisser crever c'est ça ? La voix de mon frère dérailla, signe qu'il allait bientôt pleurer.

- Non. Je veux vivre. Mais si je dois mourir alors je mourrai. Ça sert à rien de combattre la mort alors que dans tout les cas elle arrivera, quoi que je fasse. Je préfère avoir une vie courte et belle qu'une longue vie remplie de souffrance, je pense que tu peux le comprendre Yugyeom.
- Le comprendre ? T'es qu'un égoïste Jungkook ! Tu penses pas à tes proches ? T'es entrain de me dire que tu t'en fous de crever ? Tu crois que j'en ai pas eu assez avec maman ?
- C'est pas toi qui a la vie gâchée alors tais-toi ! »

Je poussai mon frère hors de ma chambre et claquai la porte, me laissant tomber contre celle-ci, les mains sur les oreilles comme pour me protéger du monde dépourvu de pitié qui m'entourait. Des larmes menaçaient de couler mais je me retenais. J'avais assez pleurer la nuit dernière en lisant la lettre de mes amis et je savais que je pleurerai d'autant plus dans quelques mois.

Cela faisait de longues années que Yugyeom et moi ne nous étions pas disputés de la sorte.
D'habitude nous affrontions les épreuves épineuses de la vie main dans la main comme on l'a toujours fait. C'est pour cette raison que me fâcher avec mon frère me nouait autant la gorge.
Surtout sur ce sujet-là.
«La maladie.»
Ma famille a énormément souffert à cause de la maladie qui a tué ma mère ainsi que le départ de mon père.

Certaines formes de cancer sont génétiquement transmissibles.
Et, comme toute famille ayant eu affaire à un cancer, nous avions peur que l'un de nous n'en ai un aussi.
Et on m'a découvert une tumeur.
Comme si nous n'avions pas assez souffert.
Comme si nous n'avions jamais assez souffert.
Comme si jamais ça n'était assez.
Comme si jamais ça ne s'arrêterait.

Vous avez des personnes qui vivent une vie heureuse avec quelques épreuves seulement car il est impossible de vivre une vie sans obstacles et d'autres qui, chaque jour de leur vie, se battent pour trouver ne serait-ce qu'une once de bonheur dans leur existence pleine d'embûches.
N'est-ce pas injuste ?

Mais à quoi est-ce-que ça sert de se plaindre me direz-vous car, en effet ce n'est pas parce qu'on demande à je-ne-sais-qui de nous offrir une vie heureuse parce-que, comparée à mon voisin, elle est « nulle », que je-ne-sais-qui va faire quelque chose.

C'est à nous de se bouger pour construire une vie qui en vaut la peine.
C'est nous qui, chaque jours, décidons de l'impact qu'on aura sur notre environnement.
C'est nous qui décidons si on veut faire le bien ou le mal.
C'est nous qui décidons si on veut consacrer notre vie à nos études ou à une religion.
C'est aussi nous qui décidons de la vie qu'on veut mener.

Mais ce n'est pas nous qui décidons de ce qui va nous arriver.
Alors oui, parfois il y a des conséquences à nos actes comme par exemple avoir deux heures de colle pour avoir dit à la prof de catéchisme d'arrêter d'essayer de nous convertir à la religion,
mais parfois, il y a des choses qui arrivent qu'on ne choisit pas.

La mort d'un proche, une agression, perdre ses clefs, se rendre compte qu'on est fauché ou pire, que le McDo du coin a fermé.

Ou alors vous apprenez du jour au lendemain que vous avez une maladie incurable et vous vous rendez compte que vous n'avez pas assez profité de votre vie parce-que, pour vous c'est la fin, votre vie s'arrête là ; alors vous tombez dans les fins fonds de la dépression, vous rajoutant une maladie de plus.

Mais moi j'ai eu la chance d'avoir des amis, une petite famille, certes, mais une famille quand même, qui étaient là avec moi, et qui ne m'ont pas tourné le dos en apprenant que j'avais une tumeur.

J'étais triste en pensant au passé, j'avais peur en pensant au futur,
j'ai regardé à côté de moi, ils étaient là.

Alors pour moi, il est inimaginable que je me laisse dépérir alors que je suis jeune et que je peux faire beaucoup de choses encore avant de m'abandonner.
Il est aussi impensable que je suive ce stupide chemin de la vie, et ça, Jimin me l'a bien fait comprendre ; avant même ma maladie.

« Quand on est jeune, on a le temps et l'énergie, mais pas l'argent.
Quand on est adulte, on a l'énergie et l'argent, mais pas le temps.
Quand on est âgé, on a l'argent et le temps, mais pas l'énergie », m'avait t'il dit en sortant des cours en quatrième.

Et bien Jimin et moi avons décidé qu'on aurait les trois.

Le temps : les vacances scolaires ou peut-être même les week-ends.
L'énergie : on est jeunes et fous, pourquoi ne pas en profiter ? Ne pas réfléchir à l'impact de nos actions pendant dix minutes, ou peut-être seulement deux.
L'argent : Durant l'entièreté de nos années de collège et de lycée, Jimin et moi avons fait multiples petits jobs, allant de garder un chat jusqu'à caissier. L'argent récolté allait tout droit à nos économies, qui nous serviraient plus tard à accomplir de nombreuses choses à faire, toutes écrites dans notre « bucket list » commune.

Finalement, Hwasa, Yoongi, Sunhee et maintenant Taehyung avaient rejoint notre projet.
Et on dirait que la mission « accomplir les choses à faire une fois dans ma vie » commence aujourd'hui.

L'heure du rendez-vous est étrangement vite arrivée.
J'étais un peu excité en pensant à cette surprise que mes amis me réservaient, mais aussi en songeant aux affirmations contenues dans la lettre, comme quoi ils allaient faire de ma vie quelque chose de beau.

J'avais, comme mes amis me l'avaient intimé, pris un sac-à-dos avec quelques babioles.
J'avais aussi ingurgité les cachets qui étaient effectivement dans ma veste.

Je voyais les néons colorés du Tommy's au fur et à mesure que le bus s'approchait.

Je décidai d'envoyer un message à Yoongi, car j'étais arrivé au lieu de rendez-vous et je ne voyais pas de visages familiers à l'horizon.