𝓗𝓮𝓪𝓿𝓮𝓷 ~ 𝕥𝕜

~ You can't kill my name

Je voulais à tout prix remercier mes amis pour ce qu'ils faisaient pour moi.
Eux, qui essayaient chaque jours de me faire oublier ma maladie.

Grâce à eux, je n'étais pas allé voir de psychologue. Enfin, si, trois fois. Mais mes amis remplissaient entièrement son rôle. Dans tous les cas, je préférais largement me confier à eux, qui me connaissaient, plutôt qu'à un parfait inconnu.

En réalité, mes amis jouent un rôle de psychologue sans forcément s'en rendre compte. Ils m'offrent un soutien psychologique indirect en me changeant les idées, inconsciemment aussi, quand ils me font vivre comme une personne normale.

Ces moments qu'ils partagent avec moi, ils peuvent paraître insignifiants pour une personne en bonne santé, mais pour moi, c'est différent.
La durée de ma vie est comptée.
De ce fait, tout ce que vous allez vivre en vingt ans, je le vivrai en seulement une année ; peut-être même moins.

Alors je fais attention à chaque détails, aussi inutiles soient-ils, pour profiter de mes proches, passer par chaque émotions, regarder le monde d'un œil admiratif et non craintif.

Alors pour les remercier, j'ai passé, avant Noël, deux jours entiers à réfléchir à un cadeau que je pourrai leur offrir.

En fait, je les remerciais pour tout ce qu'ils m'offraient comme tout nos repas au Tommy's, le château à Halloween, le camping en forêt, le saut en parachute...

Mais par dessus tout, par ce cadeau, je les remerciais d'exister.

Leurs rires, leurs blagues, leurs gamineries, leurs caractères, leurs moments de faiblesse, leurs moments de gloire, leurs câlins, leurs sourires, leurs regards, leurs pleurs, leurs confidences, leur écoute...
Tout ça, tout ça c'était pour moi le plus important.

Souvent je les regardais simplement s'amuser, moments où pour moi, le temps était arrêté alors qu'il continuait.

Leur simple existence me faisait exister moi.

Leur offrir un cadeau me paraissait tellement futile comparé à leur existence.
J'ai donc pris soin de choisir un cadeau qui pourrait durer l'éternité.

Je refusais de me l'admettre mais mon subconscient me hurlait qu'à travers mon attention, ils ne m'oublieraient pas.

Leur donner ce cadeau, m'assurait qu'ils ne pourraient pas m'oublier.

Mais malgré tout, il manquait quelque chose à ce cadeau. Et je comptais bien le rendre parfait.

Je sursautai, un poids m'atterrissant dessus.

« Dernier jour de l'année 2019 ! » La voix enjouée de mon frère envahit la pièce.

Pourquoi malgré sa joie évidente je percevais une pointe de tristesse ? Sûrement parce-que mon frère savait tout autant que moi je n'allais pas finir l'année suivante.

J'allais lâcher sa main avant même sa fin, le laissant ainsi continuer son chemin seul.

Je me redressai en le poussant, ce qui le fit tomber du lit.

« Hé ! Je sais que t'es en colère parce-qu'on ne passera pas le réveillon ensemble mais ce n'est pas une raison pour me martyriser, s'indigna Yugyeom.
- Je te martyrise pas morpion. »