Chapitre 2

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Une fois le remplissage de leur panse terminé, la plupart des élèves se rendirent en salle de repos. On y trouvait des canapés et des fauteuils fortement confortables, sauf qu'ils dataient malheureusement des années soixante-dix. Mais il y avait pire que le grincement que faisait les vieux ressorts lorsqu'une personne s'asseyait dessus avec réticence.

Ils étaient verts.

Lyndsey ne supportait pas cette couleur. Comme si elle n'en avait pas assez vu avec la surpopulation d'arbre planté dans chaque parcelle du Canada. Elle en voyait à tous les coins de rue ! S'asseyant sur le seul canapé marron de la pièce qui évidemment était tout tâché, elle bouda face aux autres sofas verdâtres.

Cassie était partie juste après le repas pour aller retrouver son cher et tendre. Lyndsey l'enviait de cette proximité avec son prince charmant. Son petit-ami à elle était disons-le, carrément virtuel. Texto et appel étaient les uniques échanges qu'ils pouvaient réaliser depuis le début de leur relation, quatre mois après leur rencontre. Il fallait quand même spécifier qu'ils s'étaient vus une fois ! Voilà pourquoi elle était si fière de dire qu'elle ne l'avait pas rencontré sur le net et que son amour, c'était du vrai !

Les anges de Cupidon battaient à l'unisson autour du cœur de Lyndsey, la rendant farouchement surprotectrice vis-à-vis de son cher Tim. La seule chose qui lui occupait l'esprit la plupart du temps était de savoir ce qu'elle pouvait bien lui dire. Jouant l'effarouchée, elle lui envoya un banal « salut ». D'après elle, cela la rendrait irrésistible, voir un peu mystérieuse. Les bad boys en raffolaient.

La magie de l'instant se dissipa bien trop rapidement toutefois, lorsqu'elle attendit bêtement sa réponse. Sa plus grande qualité n'étant pas la patience, elle passa rapidement à autre chose. Sa meilleure amie Chéryl. Très complices, elles se racontaient absolument tout. Sachant les problèmes qu'avait eus Lyndsey l'année dernière, Chéryl voulait constamment savoir si son amie allait bien. C'était une question assez complexe à laquelle Lyndsey répondait négligemment par « oui ». Parce qu'elle était persuadée que ces récents cauchemars n'étaient que le début d'une longue série de catastrophe.

Pour l'instant, rien de potentiellement catastrophique n'était encore arrivé. Mais il est clair que pendant un temps, ses terrifiantes visions nocturnes avaient fait partie de sa longue routine. Ne plus pouvoir dormir la nuit inquiétait plus qu'elle ne souhaitait l'admettre la jeune lycéenne tourmentée.

Chassant son angoisse, le texto de sa meilleure amie finit par la ramener à la réalité. Chéryl lui faisait savoir qu'elle l'appellerait dès le soir même. C'était une sainte avec elle.

La sonnerie pointa le bout de ses fesses en annonçant la reprise des cours. Foutue lycée ! Elle aurait dû insister pour suivre ses leçons à domicile. Au moins, elle aurait eu des barres de chocolats à grignoter. La seule barre qu'elle reçue aujourd'hui fut celle de l'escalier métallique qui lui rentra dans les reins quand une bande de débiles la poussa par mégarde. L'idée de piquer une des battes de baseball à l'équipe de l'école traversa furtivement son esprit rancunier. Cela fut placé en haut de sa liste d'objet de torture à obtenir pour régler le compte de ses crétins décérébrés.

Et ils étaient nombreux. Les objets comme les idiots. Autant qu'elle soit généreuse.

Quand on parlait des loups, elle rencontra deux de ses spécimens dont elle ignora les regards accusateurs d'un balayement de cheveux. Digne d'une rockstar. Val et Sara devront attendre. Elle était déjà suffisamment aimable de les laisser la contempler avec tant de hargne, sans rien dire. Lyndsey sentait très bien qu'ils lui reprochaient silencieusement ce qu'ils s'étaient passé entre eux. Soit, qu'ils croient à leurs mensonges. Elle s'en fichait éperdument.

Sans HOù les histoires vivent. Découvrez maintenant