"Dire qu'il y a peu de temps je n'avais pas le droit de lui offrir une bague"

2.2K 190 92
                                    

Nous n'avons jamais vraiment parlé de mariage. À Konoha, le mariage homosexuel n'étant pas inscrit dans la loi, il n'a jamais été question que deux personnes de même sexe se marient, et nous n'avons jamais pensé que cela serait possible un jour. Je ne me souviens pas avoir un jour abordé le sujet avec Naruto, par pure résignation. Je suis capable de beaucoup de choses, mais faire changer les lois d'un village, cela reste plus compliqué à mes yeux que d'engager un combat de ninjutsu. Certaines batailles sont plus faciles à mener que d'autres...

Alors ce soir, je suis très surpris quand Naruto, allongé dans mes bras sur notre lit, en contemplant à la lumière du plafonnier sa nouvelle bague qui lui sied à merveille, me déclare de but en blanc :

- Ça veut dire qu'on va se marier ?

Son ton est rêveur, beaucoup plus posé que de coutume. Je ne saurais dire si ce n'est qu'un vague souhait ou une véritable volonté. Intrigué, je lui réponds la première chose qui passe dans mon esprit, en resserrant mon emprise autour de lui.

- Toi qui vas bientôt devenir Hokage, ce serait dommage de commencer en enfreignant la loi, non ?

Naruto hausse les épaules.

- Tu ne trouves pas ça stupide qu'on n'ait pas le droit de se marier alors qu'on s'aime ? me demande-t-il en levant vers moi un regard indéchiffrable.

Bien sûr que si. C'est stupide, illogique même. Mais qu'y puis-je ? Je ne suis ni Hokage, ni assez haut placé dans la hiérarchie du village pour y remédier. Naruto fronce ses sourcils avec une nouvelle expression de détermination et annonce qu'il en parlera à Tsunade dès demain. Ma bouche esquisse un sourire contre ses cheveux si doux. Je ne sais pas s'il parviendra à un quelconque résultat, mais j'aime y croire tout de même. Après tout, Naruto n'est pas surnommé le ninja le plus imprévisible de Konoha pour rien !

Mais le lendemain, quand il revient du bureau le soir après sa longue journée, c'est avec une mine déconfite qui ne me dit rien qui vaille. On dirait qu'il n'a pas réussi à convaincre tout le monde. Après quelques explications, j'apprends que Tsunade n'était pas contre, mais que la majorité du conseil avait voté un « non » sans appel.

- Mais je ne jette pas l'éponge, Sasu. Je ne sais pas comment mais j'y arriverai, je te le jure.

Mon cœur se serre quand je l'entends dire cela.

- C'est si important pour toi qu'on soit mariés, Naru ?

- Non, en fait je m'en moque un peu si tu veux savoir. me répond-il en s'agenouillant pour caresser Ichibi. J'aimerais bien mais ce n'est pas le plus important pour moi. Par contre, je suis sûr qu'il y en a qui en crèvent d'envie et j'aimerais leur offrir cette possibilité.

Avec un regard plein d'admiration, je glisse une main sur sa joue rosie par le vent d'automne qui souffle au dehors. Il n'y a pas à dire, mon homme est admirable. Je le suivrai au bout du monde s'il le fallait, mais pour l'instant je le soutiens surtout. Il lui arrive de plus en plus souvent de rentrer, éreinté, à une heure tardive de la nuit car il reste tard au bureau pour rédiger son projet de loi ou pour débattre avec le conseil. Il s'effondre alors comme une poupée de chiffon sur le lit et s'endort en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, ayant de temps à autres la force de marmonner un « bonne nuit » épuisé.

Ce soir en particulier, je m'inquiète, assis dans le canapé, à me demander où est passé Naruto. Je regarde les minutes s'égrener sur le cadran de l'horloge du salon depuis si longtemps que mes yeux se ferment parfois. Il est vingt-trois heures passées ; en général, Naruto arrive vers vingt-deux heures. C'en est assez pour m'inquiéter. Je laisse Ichibi s'installer sur mes genoux et me mets à le caresser d'un geste presque mécanique, obnubilé par les aiguilles qui continuent leur course. Mais que fait-il donc ? Soudain, la porte d'entrée s'ouvre dans mon dos avec un grand fracas, me faisant sursauter.

- C'est moi ! claironne Naruto en laissant le vent glacial pénétrer dans la maison.

Il referme la porte derrière lui, puis, après s'être débarrassé de son écharpe et de son manteau, s'approche de moi avec un grand sourire.

- Qu'est-ce qui te met de si bonne humeur ? lui demandé-je, surpris.

- Je t'aime, c'est tout ! répond-il avec un sourire éclatant.

Il passe une main sur le dos du chat, qui se met à ronronner, puis plante un regard brillant dans mes yeux emplis d'incompréhension. Naruto a toujours été démonstratif, mais jamais comme cela. Il y a quelque chose de différent dans son expression ce soir. Il glisse ses doigts glacés sur mes joues avant de rapprocher son visage du mien, puis ferme doucement les yeux et m'embrasse tendrement. Aurait-il, par le plus grand des hasards, une bonne nouvelle à m'annoncer ? Quand il s'éloigne un peu, je reconnais cette expression victorieuse qu'il arbore lorsqu'il gagne un combat. Oui, il a une bonne nouvelle à m'annoncer. Je sens mon estomac se tordre délicieusement dans mon ventre ; j'ai soudain une envie incontrôlable de sourire.

Naruto s'assied à côté de moi, et je sens mon cœur s'emballer dans ma poitrine. Il récupère quelque chose dans le fond de sa poche, un petit sachet de satin d'où il sort un anneau en argent.

- C'est tout ce que j'ai pu me permettre avec ma petite paie d'apprenti, mais j'en trouverai une plus belle plus tard, promis. J'ai réussi, Sasuke. m'annonce-t-il avec les yeux brillants. On peut enfin se marier.

J'ai beau haïr mes faiblesses le reste du temps, en ce moment je n'en ai rien à faire. Je me jette dans les bras de Naruto, et ne peux empêcher mes larmes de couler, à vrai dire je ne cherche même pas à les retenir. Aller jusqu'au bout de ses idées pour nous, c'est le plus beau cadeau qu'il pouvait me faire. Et même si le mariage n'est qu'un bout de papier pour certains, il représente à mes yeux la victoire de l'amour sur la haine et l'idiotie des hommes. C'est sûrement cliché, sans aucun doute niais, mais c'est ce que je pense, même si je ne l'avouerai jamais à haute voix.

Mon visage plongé dans le cou de Naruto, je marmotte contre sa peau :

- Je ne veux pas d'une autre bague, mon amour, celle-ci est parfaite. Je t'aime tellement... !

Je suis amoureuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant