20 mars 1986

10 1 0
                                    

20 mars 1986:

Un doux soleil de printemps irradie Pripyat aujourd'hui! La luminosité tape contre la salle de contrôle de la centrale au loin ce qui illumine l'appartement d'une lumière étrange. Nous avons de la chance, la ville nous a attribué un logement face à la centrale. Je peux donc avoir une vue magnifique pendant la journée. Je peux également voir la ville de Tchernobyl. C'est une ville bien plus petite que Pripyat, mais la plus proche de la centrale.
Aleksendre et moi sommes finalement allés nous promener dans la ville. Nous y avons vu des choses que nous n'aurions jamais vu dans notre forêt. C'est si grand! Il y a une piscine, un gymnase, un futur stade, des magasins, des restaurants et tellement d'autres choses!
Mais, en venant à Pripyat, nous avons aussi découvert quelque chose que nous ne soupçonnions pas... l'ambiance. Ici, tout le monde a peur d'une attaque nucléaire. Les américains pourraient nous envoyer une bombe à tout moment. La larguer sur la centrale est stratégique. Cela créerait une explosion nucléaire 1000 fois plus puissante qu'un simple missile. Toute l'URSS serait rasée sur un rayon d'au moins 400 kilomètres. Et nous serions les premiers touchés. Sinon, en cas d'attaque nucléaire, des caisses entières de masques à oxygène ont été livrées. Il en faut pour plus de 50.000 habitants en cas d'urgence. Pour se protéger, d'autres systèmes ont étés mis en place. Des immenses antennes de plus de 100 mètres ont étés dressées dans la forêt proche de la ville. Elles sont capables de détecter un missile dans un rayon de 1000 kilomètres dans les trois minutes après son lancement. On raconte que ce dispositif aurait coûté plus cher que la centrale en elle même. Ce n'est pas pour me rassurer... Aleksendre travaille. Il m'a dit, hier soir que le travail est très fatiguant. Mais il a rajouté que c'était parce qu'il est en phase d'apprentissage. Savoir tout ce que ces boutons, ces manettes ou ces symboles veulent dire est très compliqué! De plus, les attentes sont très lourdes, surtout celles d'Anatolie Diatlov. Ce dernier n'est « que » ingénieur en chef adjoint, mais c'est déjà une responsabilité, et il doit s'en acquitter du mieux qu'il le peut. Ses supérieurs sont régulièrement absents. Alors c'est à lui de prendre les commandes en main. Tout le monde sait que cet homme n'a pas été choisi pour ses compétences, n'est même pas du milieu, mais par intérêt politique.
Dans le petit appartement de Pripyat, la vie est tranquille. Je suis invitée tout à l'heure à l'heure du café par Elena. Nous irons goûter dans un salon de thé. Je n'y suis allé que cinq ou six fois, il y a fort longtemps. Mais, de toutes façons, je commence à m'habituer à cette vie de ville!

Rescapée de TchernobylOù les histoires vivent. Découvrez maintenant