Chapitre 6 : Sloane

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Les journées pourries ne cessent de se succéder en ce moment. M. Robins lui demande de faire des heures supplémentaires au Diner, tous les profs ont décidé de donner des dissertations à rendre et des oraux à préparer au même moment, et elle n'a pas parlé à Elliott depuis une semaine. Même sans le voir, Sloane arrive à sentir le froid entre eux. Ce n'est pas la première fois qu'ils sont fâchés l'un contre l'autre après un différend, et ce ne sera probablement pas la dernière. C'est ce qui arrive quand deux sales caractères se mélangent. La plupart de ces disputes viennent du même sujet de désaccord, de toute manière. Comme une rayure qui vient perturber le bon fonctionnement d'un disque.

Et comme si Sloane n'avait pas assez de choses à gérer, elle doit maintenant traverser tout le lycée pour déposer son jeu de clés à son frère. Cet idiot les a oubliées sur la table de la cuisine en prenant son petit-déjeuner, et évidemment, cela tombe sur un jour où il rentre à la maison plus tôt qu'elle. Une fois la passerelle entre deux bâtiments traversée, elle atteint la double porte de l'auditorium. Tyler est à l'intérieur, en pleine répétition avec le club de théâtre. Il dirige à la fois la fabrication des décors et le placement des acteurs. La manière dont il gesticule dans tous les sens laisse transparaître son exaspération.

— Mais non, râle-t-il, je n'ai pas dit ça ! Mets-toi plus sur la droite. Il faut que le public puisse te voir, sinon autant rester dans les coulisses.

Avec un peu d'hésitation, Sloane interrompt ce conflit artistique en appelant le nom de son frère. Tyler demande aux deux filles de commencer à s'échanger leurs répliques, puis il descend de la scène pour la rejoindre.

— Merci beaucoup, dit-il en attrapant le trousseau. Promis, ça n'arrivera plus.

— Ouais, tu as aussi dit ça les quatre fois précédentes. Un jour, t'oublieras sûrement de t'habiller avant de partir de la maison.

— Le look pyjama finira bien par être à la mode, de toute façon.

— C'est beau de rêver.

Sloane détourne son regard vers les gigantesques panneaux en bois au fond de la scène. Il y a encore du boulot avant que le décor soit terminé.

— Quelle pièce ce sera cette année ? demande-t-elle sans être entièrement sûre de ne pas lui avoir déjà posé la question.

Macbeth. Celle où un gars tue des gens pour devenir roi d'Écosse et avoir tous les pouvoirs. Et lui et sa femme deviennent complètement cinglés.

— Joyeux tout ça, dis-moi... Et qui va jouer Lady Macbeth ?

— Moi, bien sûr ! intervient la voix aiguë de quelqu'un qui n'a pas été sollicité.

Avant même de se retourner, Sloane sait que Carla Mercer se tient derrière elle. Elle a suffisamment entendu sa voix de pimbêche pour la reconnaître sur-le-champ. Elle se retourne avec une réticence non dissimulée afin de lui faire face.

— Il fallait bien quelqu'un de très talentueux pour réussir à retransmettre la complexité du personnage, poursuit Carla avec un petit signe de la main.

Tyler se contente de souffler, puis il rebrousse chemin vers la scène. Génial, Sloane se retrouve seule avec la star en toc.

— J'imagine qu'il n'y avait pas non plus une grosse concurrence, dit-elle. La plupart des gens ici veulent prendre l'option théâtre parce que ça rend bien sur un dossier d'inscription à la fac.

— Au moins, ils auront quelque chose à mettre dans leur dossier, eux.

Les insultes fusent dans l'esprit de Sloane. Elle n'arrive pas à croire que Carla était son amie, il fut un temps.

L'enfer des faux-semblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant