♥ Chapitre 1

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Je m'assis à une place et me préparais à vivre encore une heure de souffrance extrême : un cours de philosophie. La salle de classe se remplissait peu à peu. Un groupe de garçons arriva et s'installa derrière moi. Le clan des élèves populaires, qui ne faisaient que parler fortement à longueur de journée, s'assirent au fond pour mieux piailler durant cette dernière heure de la semaine. Toujours adossée contre le mur dont la peinture s'effritait, je détaillais chaque personne pénétrant dans la classe, dont l'odeur était un mélange de transpiration, de chaleur et de déodorant bas-prix. Les paupières étaient lourdes, la fatigue pouvait se ressentir à travers tous les élèves. Je laissais un bâillement s'échapper d'entre mes lèvres. Je croisai le regard d'un garçon, Raph, tout le monde l'appelait comme ça bien que son véritable nom soit Pharell. Un nom pas si commun, si on ne comptait pas le grand Pharell Williams. Raph était tout simplement les 4 premières lettres de son prénom mises dans un ordre différent. Pas si bête quand on y pense. Pour en revenir à notre accrochage de regard, je me rendis compte que je l'avais fait bailler à son tour. Son meilleur ami Elliot, assit à ses côté, bailla à son tour. Cela me fit sourire, un soufflement de mon nez se fit même entendre.

- Pourquoi tu rigoles toute seule toi ?

Je vis une longue et fine silhouette s'approcher de la table sur laquelle j'étais maintenant presque avachie de fatigue. Mes yeux furent momentanément aveuglés par la lumière artificielle émanant des néons accrochés au faux-plafond.

- Je rigole pas.

- Si.

- Non. J'ai juste souri.

- Très bien alors pour quelle raison souriez-vous de la sorte très chère ?

- Pourquoi tu me parles comme si j'étais la princesse du Royaume des Iles Salomon ?

- Réponds.

- Rien d'important, tu sais que je pense tout le temps à des trucs totalement inutiles.

- Pas faux. Sinon comment tu vas ma petite Iris ?

- Fatiguée comme 99% des gens qui sont dans ce bahut.

- 99% ?

- Ouais parce que toi t'es jamais fatiguée. Toujours le sourire, toujours une mine positive. J'sais pas comment tu fais.

Elle me sourit et s'assit à côté de moi. Elle c'est Eve, une petite pépite de gentillesse perdue dans ce lycée pourri. Mon petit rayon de soleil quotidien. Je la regarde. Elle tourne sa tête vers Elliot, elle lui offre son plus beau sourire. Je ne sais pas quand il va capter qu'elle est à fond sur lui. Des fois je me demande s'il est aveugle. Je ne compte même plus le nombre de signe qu'elle lui envoie chaque jour. Enfin bref, c'est pas mes histoires.

10 minutes que je suis dans cette classe et pas un signe de vie du prof de philo. Putain. Mais il fait quoi ? Je prédis déjà ce qu'il va se passer : il va arriver avec 15 minutes de retard, il va s'excuser en inventant une excuse alors que tout le monde sait qu'il est en retard car il s'est accordé une petite pause clope. Bien sûr, quand la sonnerie marquera le début du week-end, il n'aura pas fini son cours et il nous fera rester 10 minutes de plus dans cet enfer. Bien entendu, tous le monde sera distrait car nous auront tous retrouvé notre motivation à la pensée de ces deux jours de repos bien mérité.

Mais non. Il n'est toujours pas là. Putain. Vie de merde. Je jette un regard vers Eve. Elle est toujours obnubilée par les beaux yeux d'Elliot. Très bien. Je peux encore partir dans mes pensées très peu intéressantes mais qui m'occupent l'esprit malgré tout. Qu'est ce que je vais faire ce week-end ? Dormir ? Matter des séries sur Netflix ? Faire mes devoirs au dernier moment dimanche soir ? Oui. Ca me semble être un bon programme.

Mes yeux toujours perdus dans le vide, à moitié clos se rouvrent, brusquement, en entendant des rires provenant de l'entrée de la salle. Je réussi à distinguer deux filles. Comment peuvent-elles arriver 12 minutes en retard ? Oui, j'adore la ponctualité. C'est une qualité que je trouve essentielle.

Deux filles. Je les connais de vue. Je sais qu'elles sont meilleures amies. Il me semble que je ne partage que le cours de philosophie avec elles. Ces deux filles. Cassandre et Jenna. Ces deux filles. Mes pupilles sont particulièrement attirées par le style vestimentaire de Jenna. Elle porte une chemise hawaïenne. Une chemise hawaïenne. En octobre. Sans m'en rendre compte les extrémités de mes lèvres dessinent un léger sourire. Pris à part, cette chemise aux motifs fleuris pourrait sembler laide et provoquer aux plus sensibles un début de crise d'épilepsie. Mais sur Jenna, elle est embellie. Elle correspond parfaitement à ce que dégage la jeune fille. Cet habit ne semble pas excentrique sur elle.

Jenna souris. Cassandre lui souris en retour. Elles semblent prises d'un excès de joie, ce qui contraste avec l'assommement général. Je les vois s'installer dans la rangée du milieu, légèrement plus au devant que Eve et moi.

- Bonjour à tous, désolé pour le retard.

Le prof de philosophie vient de rentrer dans la classe. Je regarde l'heure. 15 minutes. Il a 15 minutes de retard, comme je l'avais deviné.

La fille à la chemise hawaïenneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant