Chapitre 1

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Même si ils sortaient ensemble, cela ne voulait pas dire, cependant, qu'ils se voyaient tous les soirs. Ils mangeaient ensemble à l'école et rentraient à la maison main dans la main après les cours. Ils sont bien allés en cinéma à quelques reprises, mais toujours en groupe.

Avant la soirée chez Jennifer ils se sont embrassés huit fois en tout, quoique certains baisers prolongés auraient bien dû compter pour deux, au moins. Elle aimait Micke, elle l'aimait beaucoup.
Elle se souvient encore de chaque seconde de cette soirée, et elle l'attendait avec impatience durant la semaine.

Micke arriva le premier. Épine le repéra dès son entrée dans la salle de séjour; assis sur le canapé, il lui sourit et tapota la place libre à côté de lui. Elle le rejoignit et se blottit tout contre lui. Micke l'entoura de ses bras et la serra. Aucun des deux ne dit mot, mais ils étaient tous deux très heureux.

Épine s'amusait vraiment jusqu'au moment où Joey et Louis les aperçurent. À les voir, on aurait dit des élèves du niveau primaire et non du secondaire

- Hé, Micke, mon vieux! S'éxclama Joey en se dirigeant vers nous.
Louis s'assit et commença à promener ses doigts sur le bras d'Épine.
-  Va-t-en lui dit-elle.
-  Qu'est ce qu'il y a? Rétorqua Joey, se glissant sur le canapé entre Micke et elle. -On ne peut pas partager?
Joey se mit à caresser son bras. Épine croit qu'il a bu de la bière ou quelque comme ça. Louis et Joey commençaient vraiment à les embêter et Micke s'en rendit compte.
- Allons nous-en, dit Micke.

Ils se levèrent, Joey et Louis riaient, comme si leur colère les amusait. Micke lui tenait la main. Elle le suivi en direction de l'entrée jusqu'à une chambre à coucher inoccupée.

C'était sûrement la chambre des parents de Jennifer. Le lit était grand et bien fait. Sur l'une des tables de chevet, une lampe était allumée et un veston, qui devait appartenir au père de Jennifer, était suspendu à la porte de la penderie. Micke hésita un instant;  elle était si émue de voir qu'il avait peur aussi qu'elle l'entraîna dans la pièce en fermant doucement la porte derrière eux. Micke la regarda droit dans les yeux, puis verrouilla la porte. Il s'assit sur le bord du lit et elle en fit autant. Puis, ils se sont embrassés.
De la salle du séjour ils parvenaient encore à entendre la musique et les rires. Épine se sentait en sécurité, sachant que, même s'ils étaient seuls, les copains étaient tout près.
   

Leur baiser dura un long et merveilleux moment. Ils étaient maintenant étendus, les jambes pendantes sur le bord du lit. En se tortillant, ils se sont glissés sur le lit et embrassés de nouveau. C'était magnifique. Épine avait la tête qui tournait.
 
  Après un moment, Micke voulait aller plus loin. Elle était embarrassée, mais Micke n'avait rien dit ni fait qui puisse la faire sentir inconfortable.
Il éteignit la lampe. C'était excitant, audacieux, en quelque sorte. Elle se sentait drôle, comme quand on est assis dans le wagon des montagnes russes et qu'on attend qu'il démarre : en sueur, en proie à des nausées, terrifié et heureux à la fois. Mais les montagnes russes ne sont pas dangereuses. Elles en ont l'air, c'est tout.

Même si, couchée avec Micke, c'est de cette façon qu'Épine envisageait la situation, les choses se passèrent tout autrement.
Elle savait que ce qu'ils faisaient était imprudent, mais c'était très difficile d'imaginer qu'un tel sentiment de bien être, qu'une telle intimité puissent nous attirer des ennuis.

Elle croyait que Micke avait compris qu'elle ne voulait pas aller jusqu'au bout. Elle savait, en se rendant à cette soirée, qu'elle n'était pas prête à aller plus loin qu'un simple baiser, après elle n'avait que quatorze ans pensait-elle, mais elle voulait aussi que, quoi qu'ils faisaient, qu'ils soient d'accord tous les deux pour le faire.

Parfois, dans les vieux films, l'écran s'embrouille lorsque les personnages commencent à faire l'amour et même s'il ne se passe rien à l'écran, on perçoit une certaine ambiance, une émotion.
C'est cette émotion qu'elle voulait retrouver, et elle l'a fait, pour un moment. Tant qu'ils étaient enlacés, tant qu'ils s'embrassaient, tout était magnifique. On sentait la passion, le romantisme. Et puis soudain, ils ne pouvaient plus s'arrêter.

Épine aurait voulu que Keysha frappe à la porte juste un peu plus tôt. Mais elle ne le fit pas.
- Épine? dit Keysha. On s'en va, Estelle et moi . Tu viens?
Elle l'entendit tourner la poignée de la porte. Micke sauta dans son pantalon tandis qu'elle remettait son chemisier.
- Hé, en voilà une idée de verrouiller la porte!
Elle savait que Keysha tendait maintenant  l'oreille.
- Épine? Enfin, qu'est-ce que vous faîtes là-dedans?
- Rien. Cria-t-elle. On bavarde, c'est tout...
Micke ralluma la lampe et replaça le couvre-lit.
- Ouais... Il me semble pourtant que ça ne bavarde pas fort, dit Keysha, cognant la porte avec insistance.
- On parlait à voix basse, ça te va? Répondit Micke avec un petit rire nerveux.
- Ouvrez donc.
Keysha frappait de nouveau à la porte.
Elle donna un rapide baiser à Micke et courra pour ouvrir la porte. Keysha les regarda tour à tour d'un oeil soupçonneux, puis agita un doigt réprobateur, comme le font les parents. Ils éclatèrent tous de rire.

Ce soir-là, quand Épine se glissa dans son propre lit,  elle songea à Micke, à eux et à la façon dont ils pourraient éviter qu'une expérience comme celle-ci se répète, car cela pouvait leur attirer des ennuis. Elle ne va pas cacher que c'était agréable pas au tout début mais elle crois surtout que ce n'était pas le bon moment.

Elle ne savait pas alors qu'il était déjà trop tard. Elle imagine que c'est un peu la raison pour laquelle, soir après soir, elle rêve de cette soirée. Même éveillée, elle n'arrive pas à croire que tout cela est réel.

L'Épine Dérobée à sa Rose ( En Pause )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant