« Alors, j'avais pas dit qu'on tomberait sur la poésie ! » s'écria Merlin en apercevant ses amis franchir les grilles de leur école.
Le blond était adossé à une barrière de fer séparant le trottoir de la route. Il avait terminé depuis plus d'une demi-heure et attendait la fin de l'épreuve pour récolter les ressentis de ses trois comparses, un livre à la main.
Merlin aimait lire. Merlin adorait lire. Il ne se promenait d'ailleurs jamais sans emporter un livre avec lui, et si, par mégarde, cela lui arrivait, il faisait demi-tour. Il lisait partout et de tout : quand il ne lisait pas Rimbaud dans le métro, il lisait Hawking à la cantine. En fait, ce que Merlin aimait par-dessus tout, c'était apprendre. Il pouvait retenir des quantités astronomiques de vers, des pages entières de démonstrations scientifiques en tout genre. Tout invitait à la découverte, tout était bon pour épancher sa soif de savoir. Sans doute, c'est cette passion encore plus que son prénom, qui lui donnait aux yeux de tous l'allure d'un sage.
« T'es un magicien, mon pote ! Tu nous as fait étudier deux des textes du corpus, comment t'as fait ? » s'exclama Tristan, surexcité après avoir passé quatre heure le nez rivé sur une copie.
« Un bon magicien ne révèle jamais ses secrets ! » lui répondit le blond, un sourire amusé aux lèvres.
Domi et Ava, restées un peu derrière, arrivèrent à leur tour au niveau de Merlin, les yeux pleins d'interrogations : leur ami avait une telle moyenne de mathématiques qu'il aurait totalement été possible qu'il ait réussi à hacker le sujet. Elles réfutèrent bientôt cette hypothèse de triche en voyant un sourire angélique se dessiner sur le visage du blond. C'était bien de Merlin qu'il s'agissait, le garçon le plus droit et honnête qu'elles connaissaient. Après tout, c'était lui qui avait encouragé Tristan à se dénoncer après que celui-ci ai lancé une boule puante dans la salle de musique en cinquième. C'était aussi lui qui retournait à la caisse quand il avait un nugget de trop au Mac Do -démarche soit-dit en passant inutile.
A présent qu'elles étaient plus que certaines de l'innocence de Merlin, les deux filles se jetèrent dans les bras de celui-ci, bientôt rejointes par Tristan qui pour rien au monde ne manquerait un câlin collectif. Ce fut alors d'un pas enjoué que les quatre amis rejoignirent leur repère, le parc.
Ils passèrent le reste de leur après-midi à discuter de l'épreuve, de leur interprétation du sujet et de leur plan. Merlin avait sans surprise pris la dissertation et disputait gentiment Tristan, qui avait eu l'audace de prendre l'écriture d'invention. Ava avançait que le poète exprimait son amour pour la nature, là où Domi avait vu de la mélancolie face au temps qui passe. Après s'être rassurés en se disant que tout plan peut être bon, les quatre amis se souvinrent qu'ils venaient de passer leur première épreuve du bac et leur dernier contrôle de français. Délivrance pour certains et déception pour d'autres, ils songèrent que jamais plus ils n'auraient cours avec Mme Fantin, leur si dévouée professeure.
Avec nostalgie, ils évoquèrent ce temps où le baccalauréat leur semblait si loin, presque inatteignable. Aujourd'hui, ils venaient pourtant de le toucher du doigt pour la première fois, brisant ainsi une partie du mythe et rentrant dans un nouvel âge dont les années ne sont pas l'unité.
Tristan s'exclama joyeusement que c'était aussi la dernière fois qu'il mettait les pieds dans ce drôle d'établissement qu'était le lycée Victor Hugo. Appelé « le bagne » par certains, ce bâtiment centenaire rythmait le quotidien des adolescents des environs. Des escaliers aux corridors, il était imprimé dans la tête de chacun comme leur propre maison. C'était ici qu'ils avaient le plus grandi. Alors peut-être que les quelques petits centimètres -finalement pas si petits- qu'ils avaient pris n'étaient pas marqué sur le pan d'un mur, pourtant ils s'y étaient construits une amitié de taille.
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Domitille
Ficção Adolescente« Pourquoi c'est si compliqué de grandir ? » Domitille n'aime pas beaucoup son prénom, alors on l'appelle Domi ou Mimi. Elle a toujours été la petite sœur. Et être la petite sœur n'est pas toujours une chose facile dans une famille de cinq enfants...