« Par là »
Sa conscience lui indiqua la direction. Son écho. La passe-miroir qui était en elle la guidait vers là où elle devait aller. Elle s'élança, franchit des kilomètres de ce monde si gris, ou tout était figé. Il n'y avait personne, pas âme qui vive. C'est alors qu'elle le vit.
Il n'était d'abord qu'une silhouette au loin. Puis un dos naquit de cette silhouette. Un grand dos, démesurément grand, voûté. Il semblait porter un grand fardeau, trop lourd. Il était là. Frêle et fort en même temps. Avec ses cinquante-six cicatrices, qui se dessinaient plus précisément à mesure qu'elle se rapprochait. Elle s'arrêta à quelques mètres, et bien que le paysage qui l'entoure soit gris, il lui semblait qu'il s'était soudain illuminé, tant son cœur respirait la vie. Alors, en ce moment suspendu dans le temps, elle murmura :
« Nous. »
Il tressaillit. Puis se retourna lentement. Son regard voilé peina à la voir véritablement. Ses lèvres s'ouvrirent puis se refermèrent. Les deux mariés restèrent là, face l'un à l'autre, dans la crainte de rompre cette distance, dans la crainte de ce qui adviendrait après. Puis, l'instant d'après, ils s'élançaient l'un contre l'autre, s'attachant à l'autre comme à une bouée, retrouvant leur place. Les larmes jaillirent des deux, remplissant ce monde d'une teinte bleutée. Ils étaient réunis. Ophélie avait retrouvé sa vraie place, avec lui.
Ils s'agrippaient, ne pouvant plus se lâcher, tourbillonnant dans le vide, tandis que tout était de retour là où il fallait. Jusqu'à ce que Thorn se détache d'Ophélie.
« Ophélie... — il inspira longuement — tu ne peux pas être là. Tu dois retourner de l'autre côté. Je suis condamné à rester ici mais toi... Tu as le droit de vivre. Tu peux choisir ce que tu veux faire à présent. »
La jeune femme se sentit défaillir. Ce ton froid, elle l'avait déjà entendu auparavant. L'accent du Nord qui ressortait, tranchant comme de l'acier, tandis que ses yeux exprimaient le contraire. Mais cet homme avait fait suffisamment de sacrifice.
« Tu voulais m'être indispensable c'est ça ? Et bien tu l'es devenu, Thorn. Je ne m'imagine pas vivre sans toi, même dans l'indépendance. Je t'aime, et je ferai n'importe quoi pour que tu reviennes avec moi. Pour que nous soyons enfin réunis, et heureux. »
Elle le sentit se crisper. L'instant d'après, il franchissait à nouveau la distance et collait ses lèvres contre les siennes. Elle eut un éclat de surprise puis s'abandonna à ce baiser désespéré, mais aussi un baiser d'espoir.
YOU ARE READING
La Passe-Miroir : La tempête des Échos (spin-off)
FanfictionAttention spoilers ! La Passe-Miroir : La tempête des Echos a constitué une lecture frappante, incroyable qui m'a laissé remplie d'émotions avec une grande envie de continuer cette saga, en ajoutant ma plume à celle inoubliable de Christelle Dabos. ...