Par une nuit enneigée

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(avant de commencer cette lecture je te propose d'écouter cette musique en même temps , ton expérience sera plus immersive )

Un silence assourdissant , d'une telle puissance que le monde semblait muet . Il durait une éternité . Elle se perdit dans ce calme oubliant son corps et son âme. Elle se laissait bercer par l'interruption de la vie. C'était tout ce qui lui restait . Plus de vue , plus d'ouïe , plus d'odorat , plus de toucher . Seulement cet arrêt dans sa réalité .

Puis une sensation ,

Une brûlure , elle se sentait brûlée. Un feu crépitait en elle. Elle ouvrit la bouche pour crier mais cet incendie ne lui provoquait aucune douleur, seulement un léger sentiment d'être arrachée à un rêve. Les flammes dévoraient le bas de son corps . Mais il lui semblait irréel, son corps , au point où elle se demandait si il lui appartenait vraiment . Un moment passa pendant lequel elle s'hypnotisait sur l'embrasement de son corps .

Puis un arôme ,

Une acidité mêlée à une douceur . Un mélange autodestructeur mais d'une beauté indescriptible . Et cette magnificence n'était trouvable que dans les montagnes , que dans les forêts , que dans les arbres , que dans les épicéas . Mais son nez , étant bouché , lui empêchait de profiter de cette douceur . Elle essayait de se rapprocher de cet effluve . Mais son corps n'interrompai pas sa marche vers l' inconnue .

Puis une saveur ,

Un enchevêtrement dangereux . Mais aucune beauté ne venait l'égaler . Car elle était à la fois la vie coulant dans la chair et la mort s'écoulant dans la terre . C'était du sang . Son goût était froid et métallique et son filet pourpre coulait de ses lèvres . Ce sang annonçait la visite de la faucheuse. Et malgré cela rien ne pouvait l'inquiéter : elle se sentait seulement spectatrice de ce danger .

Puis un son ,

Un bruit répétitif et lent . Semblable au bruit d'une goutte d'eau s'écoulant d'une stalactite . Des personnes étaient torturées ainsi en étant condamné à recevoir une goutte d'eau sur elle . Les premières heures tout allait bien mais au bout d'un milliaire la victime finissaient pour ressentir un douleur telle , au contact de la gouttelette d'eau , que la mort ne lui semblait plus aussi impensable. Mais la mort lui était toujours aussi impensable . Elle compris avec le temps que ce bruit était en réalité celui de ses pas et non celle de cette torture infini .

Puis une vision ,

Une apparition aveuglante . Un étincellement tel que les ténèbres donnaient l'impression de ne jamais avoir existés . Plus rien n'existait à part cette clartée . Du moins c'est ce qu'il lui semblait en regardant autour d'elle . Du blanc et seulement du blanc lui apparaissait . Puis après des secondes , qui étaient pour elle d'une durée infini . Elle réussit à distinguer des couleurs . Des tâches , semblable à celles que laisse la plume d'un écrivain sur un papier , d'une couleur livide , rosé et blanche . Puis après encore quelques secondes , elle réussit à dissocier les formes . Un paysage d'une incroyable harmonie lui apparut . Si elle avait été maître de son corps elle se sera sûrement retrouvée à genoux devant tant de charme . Elle se mit à observer longuement le paysage qui défilait au rythme de ses pas .

Le paysage qui l'entourait était un désert de glaces . Il n'avait que de la neige , seulement de la neige , aussi loin que ses yeux pouvaient voir . Elle scintillait au contact des rayons du soleil rougissant . Son lever teintait le ciel de bleu et de rose . Les épicéas encadraient ce décor ressemblant à une aquarelle des plus réussies

Et Ce fut à ce moment qu'elle comprit pourquoi elle marchait pied nu dans la neige au lever du soleil . Car elle la vit .

Cette table vers laquelle elle était inexorablement attirée . Elle était en bois sombre et paraissait ramener à la civilisation cette nature impitoyable . C' était la seule chose qui lui paraissait réelle .

Elle se rapprochait de cette table . Elle avait été faite avec un bois d'une grande qualité . Et de chaque côté de cette œuvre d'art se trouvait des gravures . Des gravures d'une extrême complexité . Cette table était la définition même du mot élégance . Il lui était donc douloureux de la voir abandonnée dans les neiges éternelles . Une beauté perdu , laissée à la mort. Elle tombait à genoux devant cette résistante encore intacte après le froid et l'humidité . Et se laissait tomber tête la première . Son visage percuta le bois.

Sa dernière pensée fut qu'il était dommage qu'elle n'ait pas sur elle son carnet pour y écrire la beauté de ces lieux , et surtout de cette table , pour qu'elles ne soient jamais oubliées même dans l'infini.

Puis elle perdit à nouveau tout : sa vu , son ouïe , son touché , son goût , son odorat.

Elle sombrait à nouveau dans le sommeil.

Elle sombrait à nouveau dans le sommeil

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(Illustration faite par mes soins)

La demeure aux glaces éternellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant