Acte II : De l'éthanol pour le courage

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Mardi :

- Antoine ? Où est-ce que t'as foutu les pâtes ? Et le riz ? Et... bordel ! T'as pas acheté de lait non plus ! Et... et y'a pas de café ! Putain Antoine t'as oublié le café !! Comment je vais survivre au montage du prochain SLG ?!

- Oh. Je me disais bien que j'avais oublié quelques trucs...

***

Mercredi :

- HYAAAAAAAA!

- Quoi ?

- Là !

- Euh ?

- L'araignée !

- ...

- ...

- Ai-je bien entendu ce que j'ai entendu ? Mr Antoine Daniel aurait peur des araignées !

- Ta gueule ! Traumatisme d'enfance, okay ?

***

Jeudi :

- Mathieu, Mathieu, Mathieu !

- Mec, j'suis en tournage là !

- Désolé mais ça peut pas attendre !

- ...

- J'ai un job ! Un putain de job !

- Non sérieux ?! C'est génial ! Et où ça ?

- McDo

- Hum. Au moins t'as un job. C'est... déjà ça.

***

Les jours passant, le quotidien des deux hommes s'installait.

Le matin, Antoine partait généralement travailler avant même que Mathieu ne soit réveillé, et ce dernier filait sur l'épisode SLG en cours après son café matinal. La maison était assez grande pour qu'ils aient chacun leur chambre sous les toits, côte à côte mais à présent, ils connaissaient les petites manies et habitudes de l'autre sur le bout des doigts. Antoine savait que Mathieu détestait plus que tout au monde être réveillé, et Mathieu savait qu'Antoine ne supportait le café qu'avec un quart de lait et au moins 2 sucres.

Ce jour-ci devait être un vendredi. C'était la fin de la semaine mais également bientôt celle du délai pour rembourser les bières (qui avait été rallongé d'une semaine par Buscaron face aux supplications d'Antoine). Demain ce problème-ci serait réglé, songea Mathieu, tandis que ses pas résonnaient sur la route. Quand à celui des clés, il ne tarderait pas non plus, Antoine l'avait prévenu qu'il appellerait le serrurier dans les prochains jours. Et alors il serait de nouveau seul chez lui. Un soupir franchit la barrière de ses lèvres.

Il s'arrêta de marcher et leva son regard vers le ciel. Gris. Sombre. Déprimant. Mathieu serra la mâchoire. Lui qui pensait que cette petite marche l'aiderait à réfléchir, c'était tout le contraire ! Il n'avait pas envie qu'Antoine s'en aille. Après deux semaines de vie commune, les deux hommes s'entendait comme jamais et la solitude n'en serait que plus blessante. Il ne voulait pas retourner à son quotidien d'avant. Il ne voulait pas abandonner cette nouvelle façon de vivre. Et puis Antoine était si coloré, si enthousiasme et entraînant. Il était son opposé et son tout. Il mettait du rouge, du bleu, du vert, du orange et du violet dans sa vie assombrie à la manière du ciel de Paris.

Il avait BESOIN qu'il reste.

Mathieu redressa la tête et regarda droit devant lui. C'était décidé. Ce soir il demanderai à Antoine de lui accorder une petite semaine de plus.

– Bon choix gamin.

Le cinéaste fit un bond de côté.

– Patron ?! Qu'est-ce que tu fous là ? s'exclama-t-il en regardant le criminel de haut en bas.

Thérapie - MATOINEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant