Acte I : Un toit et des bières

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Antoine était rentré dans le bar comme à son habitude. Lui qui s'attendait à n'y trouver personne mis à par Buscaron en ce dimanche pluvieux, voilà qu'il était tombé sur cet homme au regard plus qu'impénétrable et au sourire aussi moqueur qu'énigmatique.

Antoine était rentré dans le bar dégoulinant de pluie, trempé jusqu'aux os. Il avait ébroué sa masse capillaire s'était avancé puis assis sur le tabouret sans vraiment prêter attention à son voisin. Mais lorsqu'il avait tourné sa tête vers lui, il avait eut cette impression d'affinité évidente qui l'avait frappé de plein fouet.

Mais à vrai dire, Antoine n'était pas rentré pour faire des rencontres. Non, Antoine était rentré dans le bar pour se noyer dans l'alcool. Il pensait y trouver son salut. Il voulait y trouver son salut. Sa journée avait était un enfer. Et l'eau sur ses joues n'étaient pas entièrement due au sale temps.

Mais, pour une raison qui lui était encore inconnue, la rencontre avec le châtain lui avait fait voir un peu moins noir.

Ils étaient sortis sous la pluie, ignorant le froid et l'eau qui imprégnait à présent leurs vêtements. Et ils s'étaient tout de suite entendus. Antoine riait trop fort pour être sincère, et Mathieu pas assez pour être serein. Mais aucun des deux ne le fis remarquer.

Alors, bien que totalement inconnu l'un à l'autre, une collocation temporaire s'était organisée.

Ainsi ce fut après un bon quart d'heure de marche sous l'averse qu'ils arrivèrent devant la résidence de l'aîné. Mathieu chercha fébrilement les clés dans sa poche frissonnant dans le froid. Enfin, il parvint à déverrouiller la porte, s'engouffrant précipitamment chez lui suivit de près par son nouveau coloc, puis il claqua la porte derrière eux.

Les deux hommes tremblait de froid dans le vestibule, leurs habits lourds de pluie dégoulinant sur le carrelage.

- Vivre dans le nord, un bonheur au quotidien, marmonna ironiquement Mathieu. Bon ! Je vais nous chercher des serviettes. Pose ton manteau, tes chaussures, bref mets toi à l'aise, visite, ce que tu veux !

Légèrement réticent à profiter autant de l'hospitalité du jeune homme, Antoine le remercia bon nombre de fois. Puis, une fois le châtain à l'étage, se délesta de sa veste et de ses converses et s'avança hésitant dans le grand appart.

Les pièces étaient sûrement spacieuses mais le bordel qui y régnait les faisait paraître nettement plus petites qu'elles ne devaient l'être. Antoine cligna des yeux.

- Nom de dieu ! s'exclama Mathieu dans son dos. J'avais oublié que c'était si mal rangé. J'suis désolé.

Le brun se retourna et répliqua avec un grand sourire.

- Honnêtement ? Je me sens comme chez moi ! Il manque plus qu'une bouffe et...

- Deux, trois bonnes bières.

Mathieu balança une serviette émeraude dans les bras d'Antoine en lui rendant son sourire de complicité.

Et comme convenu, une pizza qu'ils espéraient brûlante fut commandée, et un pack de bière sortit du frigo. Le châtain dégagea son canapé puis son chat. Le chauffage fut augmenté à en faire sauter le thermostat. Ils n'allumèrent ni la télé, ni l'ordinateur. Dans la moiteur du soir, une serviette sur les épaules, une fossette sur la joue, les deux hommes firent connaissance. Ils en oublièrent même le sommeil, ils ignorèrent l'appel languissant du lit les implorant de venir dormir, ils ignorèrent l'heure, le petite, la grande aiguille. Le temps pouvait aller se faire foutre, ils étaient dans la 25H.

Ce fut seulement vers 3H du matin que Mathieu papillonna des yeux et s'affala sur le canapé, la tête renversée sur le dossier avant d'émettre un bâillement plus que significatif.

Thérapie - MATOINEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant