jeunesse frivole

Noe

Franchement quand on y pense, je suis indescriptible.

J'ai les cheveux bleus, les yeux bleus, je m'habille en bleu, et j'adore le bleu.

Et pourtant, quand on me demande quelle est ma couleur préférée, je réponds rouge.

Je ne me comprends pas moi-même, c'est plutôt comique.

Après tout, c'est peut-être ce genre de choses, qui font justement celui que je suis, qui font parler les autres.

Noe il est bizarre.

Noe la pédale.

Regarde-le lui, avec ses
cheveux colorés.

Tu sers vraiment à rien Noe.

Tu pourrais être mort ou vivant
qu'on verrait même pas la
différence.

Noe
Noe
Noe

Bref,
Je me souviens qu'une fois, on est allés à la fête foraine, Alizée, Barth et moi.
C'était la première fois qu'on y allait ensemble parce qu'Alizée déteste ce genre d'ambiance.
Aujourd'hui encore elle préférerait aller s'enfermer trois heures dans des toilettes publics plutôt que d'aller dans un évènement du style.

Ce soir-là, on a gagné des peluches, mangé des churros et des barbes à papa, fait des tours de manèges et de grandes roues...
On a passé une super soirée, et pourtant, Barth il semblait vide.

Comme une feuille vierge qui attend patiemment d'être gribouillée,
Comme une feuille d'automne qui attend d'être écrasée,
Comme une glace qui attend d'être fondue par les rayons du soleil.

Ce n'était pas le Barth joyeux, heureux que je connaissais et pourtant, il nous a quand même offert une super soirée pleine de souvenirs.

Décidément il n'est vraiment pas le genre de personne à parler de lui, à se préoccuper de son état à lui.

Mais je le connais.

J'ai vu comment il la regardait.

Comment il regardait Alizée, avec des yeux vides, un cou tendu de stress et des joues creuses.

Il savait et il ne faisait rien.
Il ne montrait rien.

Il endurait tout, tout seul, en silence.
Sans jamais se plaindre, sans jamais en parler.

Et j'étais le seul à le voir.
Et pourtant, ça ne m'a pas empêché de ne rien faire.