Archibald ferma la porte de la cabine de douche, laissant derrière lui l'intendant, choqué. Il n'avait pas regardé Thorn tout court.
Rien n'avait plus de splendeur que l'homme qui se tenait dans cette cabine de couche. Pas un même le plus beau des diamants ne pouvait égaler la sculpture de ce dieu aux abdos de marbre, ces muscles scintillants.
Une vie menée dans la débauche des danse des corps dans les couloirs, les chambres, les canapés en velours, tout ces plaisirs si futiles n'avaient plus de goûts. Archibald s'était senti comme mort dans sa demeure du Clairedelune. Plus rien n'avait de sens, de toucher, de son, ni d'odeur là-bas dans cet enfer qui brûlait. Lui-même s'embrasait dans cette maladie, cette chaîne d'acier aux verrous scellés.
Il avait toujours cru jusqu'ici qu'il allait dormir sous terre sans avoir connu quoique soit. Alors voir cet homme, ce virtuose de Babel, sous ses yeux d'enfant ne lui laissait pas du tout indifférent.
Pour la première fois depuis la mort de ses parents, il sentait son cour battre sous sa poitrine nu et enveloppait dans les vapeurs des douches. Il humait l'odeur fraîche du savon parfum citron. Il avait le goût des épices et des oranges, doux souvenirs de la Mère Hildegarde, de son aïeul. Son imagination renaissante lui fit perdre la tête en lui donnant l'illusion d'une peau différente de la sienne sous ses doigts.
Etait-ce ceci de vivre ? Avoir les sens en éveil, redécouvrir les joies enfantines du monde, aimer, ne plus sentir aussi seul.
Sa solitude, il l'avait oublié dans le raccourci qu'il avait crée pour se faufiler dans les douches. Archibald savait que s'il partait sans lui parler, à ce fils du soleil, qu'il ne vivrait plus. La mélancolie et la mort était une sucrerie fourbe qu'il ne voulait plus jamais croquer amèrement.
- « Que faîtes-vous ici ? »
Une nouvelle voix s'imposa hors celle qu'Archibald connaissait le mieux. Une mélodie tendre, légèrement grave mais imposante qui se répercutait en écho à travers les carreaux blancs des douches.
Le regard perçant du virtuose l'auscultait, l'examinait attentivement. Saurait-il lire, défaire le masque de porcelaine que sa vie d'ambassadeur lui avait façonné ?
- Je recherchais quelqu'un, j'ai finalement trouvé une autre personne que j'imaginais jamais rencontré, répondit Archibald avec honnêteté.
Ce dernier s'inclina et esquissa une légère révérence, chapeau baissé. Il ne savait pas mentir et il n'en avait aucune envie. Il avait besoin de se montrer, pour une fois... exemplaire.
Pour Archibald, ce mot était vide de sens. Il ne le comprenait pas. Il s'était toujours contenté de jouer le rôle vagabond, jamais de celui du modèle. Si son pouvoir de transparence ne lui avait été pas coupé par ce qu'il avait toujours pensé être sa « famille », il aurait pu passer dans les pensées de cet homme insondable et savoir comment s'en rapprocher. Son lien, ce qu'il restait de vivant dans ce corps mort lui avait été arraché, brisé.
Cette mélancolie encore plus profonde fit disparaître le sourire qu'il gardait constamment. Non, sourire, paraître heureux...Personne ne voudrait d'un jouet déplorable.
-Well, vous semblez cacher de lourds secrets, une tempête de tristesse sous ce visage naïf. Vous me faîtes penser à .... So ce n'est pas important, je suis Octavio, visionnaire, and you ?
Il réprima un petit rictus en voyant que son regard flamboyant avait tout révéler de son masque.
Octavio...quel joli nom qui sonnait tendrement avec son accent mélodieux de Babel. Il retiendrait son nom, Octavio...
Archibald sait qu'il le cherchera sans cesse lorsqu'ils seront hors des douches. Octavio... Il aimera ce nom, ces lettres, il ferait vivre ce prénom pour ne plus jamais se sentir mourir.
- Archibald, ex-ambassadeur du Pôle. Dîtes ne vous sentez-vous jamais seul ici ?
Tandis que Octavio rinçait la mousse sur ses cheveux de cendre, Archibald se rapprocha un peu de cette vapeur. Il n'imaginait pas que son propre paradis se résumerait à une cabine, à une eau chaude et d'un homme Visionnaire. Aucun sablier n'aurait pu deviner que cet endroit aurai été son jardin d'Eden.
En entendant le soupir d'Octavio et voyant ses lèvres se retrousser dans un signe de réflexion, Archibald prit conscience de la question qu'il lui avait posé.
Sa sincérité n'était pas vraiment un allié pour le séduire. Toutefois c'était cette curiosité qui avait jaillit de cette coupe de cristal vide qu'était sa poitrine.
-Well on est toujours seul, au fond. Indeed on se pensait vivre mais en réalité on doute de toutes nos valeurs... de notre famille.
Octavio avait murmuré la dernière partie de cette phrase comme s'il se parlait à lui-même oubliant la présence d'Archibald.
Ce dernier resta ébahi en écoutant ses derniers mots, l'écho de cette révélation réveilla en lui une douleur qui se cachait. Ses plaies n'avaient jamais cicatrisé, seulement recouverte d'un linge pour se mentir à lui-même.
Octavio esquissa un geste, il pressa le cordon de la douche et fit taire l'écoulement de l'eau brûlante sur son corps. La vapeur d'eau s'évapora. Archibald se tendit.
- Si vous vous sentez aussi alone que ce votre regard me crie, prenez une bonne douche ça vous fera du bien, répondit sensuellement Octavio.
- Examinez moi !
Archibald n'avait pu réprimer cet appel de tout son corps. Il voulait que cet homme le découvre un peu plus, comble sa mélancolie, le répare de ses torts. C'était comme s'il souhaitait se repentir de ses ébauches, de sa vie de vagabond...
Le virtuose, nu, se rapprocha de plus en plus d'Archibald. Ses lèvres rouges se retroussèrent, son corps se mouva avec grâce. Son bras sculpté dans le marbre, les contours de ses muscles aussi pareils qu'un dieu, s'élança derrière la silhouette de l'ex ambassadeur. Il ne restait plus que quelques centimètres qui séparait leur deux peau.
Archibald ferma les yeux, attendant le contact chaud de cet homme pressé sur lui. Il frissonna quand il sentit le genou d'Octavio effleurer le sien avec tendresse. Son coeur tambourina, son sang circula à une vitesse si incroyable qu'il fit tomber son chapeau dans un hoquet de surprise.
Puis, il fit froid.
Le froissement d'une serviette parvient aux oreilles d'Archibald en même temps que la glace qui s'emparait de lui. Il ouvrit les yeux et fut affreusement déçu en voyant Octavio déplier sa longue serviette banche moelleuse pour se couvrir les hanches.
- Ne faîtes pas cette tête, SirArchibald. Ce sera pour une autre fois.
Sur ce, Octavio lui fit un clin d'oeil avant de sortir de la cabine de douche.
Les jambes d'Archibald se dérobèrent sous lui en même temps que ses sens qui s'évaporèrent dans les conduits d'aérations des vestiaires. Octavio lui fait donné une invitation à plus, cela voulait donc dire qu'il avait une chance de pouvoir se rapprocher encore plus.
Oui, Archibald y croyait de tout son coeur qui se calmait difficilement. Il le chercherait, parlerait à Ophélie, au valet à le chevelure de renard, à la mécanicienne et à la charmante Berenilde. Il aurait besoin de leur aide pour savoir comment embrasser un tendre Dieu aussi seul que lui.
Décidément rien ne tournerait comme il aurait imaginé. Ce jour restera gravé dans sa mémoire comme celui de sa naissance.
-Personne ne résiste longtemps à Archibald, se murmura-t-il comme une promesse tout en ramassant son chapeau défraîchi par l'humidité.
VOUS LISEZ
𝕊𝕦𝕟𝕤𝕙𝕚𝕟𝕖
FanfictionAvez-vous déjà imaginé des couples improbables dans vos univers préférés ? Si oui, c'est de cette simple idée qu'est né le couple Ambassavio. Avec la collaboration de CamilleOllivau sur Instagram, nous avons donné vie à cette charmante relation. Se...