Chapitre 1 - Voyage

59 3 0
                                    

Je me nomme Tordan. Un nom assez répandu parmi les humains. Mais je ne m'en plains pas, j'ai toujours aimé la discrétion. Certains préfèrent être au centre de la scène, adulés et admirés de tous, mais pas moi. Bien sûr, j'aime bien que l'on me prête de l'attention mais la foule a tendance à me mettre mal à l'aise.


Je suis né dans un petit village, perdu dans l'Est lointain au milieu des landes désolées qui entourent Kheos sur plusieurs centaines de lieues. De toute ma jeunesse je n'ai connu que le calme de ma bourgade, et ma répulsion de l'agitation vient peut-être de là. Je n'ai jamais aspiré à autre chose que la vie à laquelle se tenaient mes parents : vivre simplement en honnêtement, dans le respect de tous. Je n'ai jamais montré de dons particuliers dans aucun domaine : je n'avais pas spécialement la main verte, ni un don pour la peinture, encore moins pour les chiffres et le commerce. La seule chose dont je pouvais être fier, c'était d'avoir lu tous les livres que contenait la petite école de mon village. Un bien maigre succès ! C'est pourquoi ma surprise fut des plus totales quand lorsque je fus appelé à rejoindre la prestigieuse Académie de magie d'Alejiats.

Comme il en était de coutume alors, les magiciens envoyaient des émissaires de par le monde, pour rechercher dans les différents royaumes et villages tous les jeunes gens avec un potentiel magique, afin de les éduquer et de leur apprendre tous les secrets de leur art. Les magiciens étaient reconnus partout dans les deux royaumes, pour tous les services qu'ils rendaient dans tous les domaines : agriculture, médecine, construction... Mais en vérité, dans un village aussi petit que le mien, on ne les voyait que rarement : il s'agissait plus d'un vieux conte qu'on raconte aux enfants pour les endormir.

Ce matin là, il régnait sur la place du village une grande agitation . Presque tous les habitants étaient rassemblés en un grand cercle, entourant les deux arrivants, n'osant leur poser la moindre question. Ils étaient impressionnants, et tout ce que l'on peut attendre d'un magicien : ils portaient de longues barbes tressées, et des robes d'un violet irréel qui leur descendaient jusqu'au pieds - pas très pratique pour voyager, je songeais. L'un des deux prit la parole :

« Salutations à vous ! Nous sommes des mages de l'Académie d'Alejiats, je me nomme Fodel et voici mon compagnon Melkor. Nous sommes venus dans votre contrée lointaine à la recherche d'éventuels détenteurs de pouvoir magique, pour les former et leur permettre de découvrir l'ampleur de leur talent. Il continua : Nous allons tester chaque habitant de moins de 30 ans. Rassurez vous, le test n'est pas dangereux et vous ne sentirez absolument rien. »

Ils s'installèrent dans une grande tente à la sortie du village, et demandèrent à chacun de patienter en file à l'extérieur. Chacun passait l'un après l'autre, au fur et à mesure que les tests s'effectuaient. Quand vint mon tour, j'entrai dans la tente. Il y régnait une chaleur étouffante, mais néanmoins habituelle en ce début d'été. Une chaise était posée au centre de la pièce, et Fodel me fit signe de m'asseoir. Il mit ses mains sur mes tempes, et ferma les yeux pour se concentrer profondément. Je n'osai bouger par peur de le déranger. Finalement, après ce qui me sembla être une éternité, il retira ses mains. Il me sourit, mais je ne pus m'empêcher de remarque combien il avait soudain l'air épuisé.

« Félicitations, dit il d'un souffle court, tu as un très fort potentiel. Nous allons t'emmener avec nous et te former, si tu le désires.   

   - Bien sûr que j'en ai envie ! je m'exclamais.  

    - Dans ce cas, il ne te reste plus qu'à préparer tes bagages, et faire tes adieux à ta famille et tes amis. Le voyage sera long, et ta formation encore plus. Tu ne reviendras pas dans ton village avant de nombreuses années. »

Ainsi donc, je dus quitter mon village pour rejoindre l'une des plus grandes villes du monde (si ce n'est la plus grande), moi qui préférais rêvasser dans les champs et regarder passer les nuages. Je mentirais si je disais que je n'étais pas heureux - je l'étais bien évidemment. Mais mon cœur se serrait à l'idée que je ne reverrais probablement plus jamais mes parents, ou du moins pas avant très longtemps. Le voyage vers Alejiats prenait près d'un an à pied, et les aspirants devaient marcher tout ce chemin, en guise de première épreuve pour l'admission. Ce n'est pas un périple extrêmement difficile, pour quiconque est un peu habitué à la marche, et heureusement pour moi je marchais régulièrement dans la lande, à la recherche de champignons ou d'herbes ou simplement pour admirer la beauté de la nature au lever du jour, ou encore la triste mélancolie du coucher de soleil.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Jan 17, 2022 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

TordanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant