Rose

Chapitre 1

Rose, es-tu prête ? crie ma mère.

Aujourd'hui je m'installe à la cité universitaire. Les cours commencent dans deux jours.

Je descends les escaliers avec deux valises en main. Mon père me lance un regard plein de questionnements.

_ Mais Rose, pourquoi autant de bagages ? Tu ne seras qu'à trente minutes de trajet de la maison.

Il marque une pause pour me regarder et finit par demander :

_ Ou bien, ne comptes tu pas rentrer souvent à la maison pour nous rendre visite ?

Il est clair que mon père est inquiet. Je m'approche de lui et pose un bisou sur sa joue, y laissant une trace de rouge à lèvre. Je le regarde dans les yeux :

_ Ne t'inquiète pas, papa, je vous rendrai visite souvent.

_ On y va !

La voix de ma mère nous arrache de ce moment père-fille.

Ma mère n'est pas aussi affectueuse que mon père, mais je sais qu'elle m'aime aussi. D'ailleurs elle est obligée, puisque je suis leur unique enfant.

Permettez-moi de me vanter.

Après un trajet de trente minutes, nous arrivons enfin à la cité de l'Université de Lomé. Nous passons à la conciergerie pour prendre la clé de ma chambre avant de monter. Une fois dans ma nouvelle chambre, je suis un peu déçue. Elle n'est pas aussi large que je l'espérais, vu que je devrais la partager avec une autre. Il y a deux lits et deux placards. Le mur est peint en blanc, rendant la chambre encore plus nul.

_ Chérie, veux-tu qu'on t'aide à t'installer ? demande ma mère.

_ Non, ça va. Je vais me débrouiller, dis-je presqu'immédiatement.

Je veux me débarrasser d'eux le plus vite possible et profiter de ma liberté. En plus, il est temps que je me prépare psychologiquement pour ma rentrée universitaire.

Je les raccompagne jusqu'à la voiture.

_ Prends soin de toi, Rose, dit ma mère tout en me prenant dans ses bras.

_ On s'appelle, dit papa avec un sourire.

Il me prend lui aussi dans ses bras et pose un bisou sur mon front.

En les voyant s'éloigner, un sourire s'affiche sur mon visage :

Vive la liberté !

Une fois arrivée dans la chambre, j'ouvre une de mes valises et commence à mettre les choses en place dans mon petit placard.

J'entends derrière moi la porte s'ouvrir. Mais qui ose entrer sans cogner ?

Je tourne et vois Maaya, une fille de mon quartier accompagnée de sa mère. On était aussi dans la même école, mais jusque-là on ne se fréquentait pas vraiment.

_ Maaya, qu'est-ce que tu fais ici ?

_ C'est ma chambre, me dit-elle.

Quelles sont les chances de se retrouver dans une chambre universitaire avec une personne qu'on connait déjà ?

Sans trop réfléchir, je saute dans ses bras.

_ Je suis trop contente qu'on soit ensemble.

Et c'est là que je me rappelai qu'on n'était pas seule. Je me détache de Maaya et salue sa mère.

_ Bonsoir, madame, dis-je timidement.

_ Bonsoir, Rose. Je suis contente de savoir que ma fille partage sa chambre avec une fille aussi sage que toi.