Quand je dis que je ne suis pas du matin, je ne mens pas. Et certains ne sont pas faits comme d'autres. En effet, il y a des matins qui s'annoncent vraiment pourris et d''ailleurs, dans ces moments là, on pense que c'est le destin mais il y a toujours des indices qui devraient nous mettre la puce à l'oreille. Vous savez, ce fameux matin où rien ne va comme vous voulez et où le moindre faux pas peut vous faire complètement exploser. Où on ferait mieux de rester dans le fond de notre lit et de ne surtout pas se lever avant d'être sûr d'avoir reçu les bons signaux. Le mien, c'était ce matin.
Et je vous confirme que les fameux indices étaient bel et bien tous présents. Vous vous demandez ce qui a pu se passer pour que je les ignore? Je ne sais pas...je dirais l'obligation d'aller au boulot, peut être. Et ouais : l'homme est contrôlé par ses émotions mais également par ses obligations. La catastrophe a donc commencé en me levant où je me suis prise le pied dans le rebord de mon lit et je crois que j'y ai laissé mon petit orteil. Je n'ai pas pu m'empêcher de lâcher une violente série d'injures qui, si elles avaient été entendues, m'aurait envoyé directement au purgatoire. On dit aux enfants de mettre une pièce dans le cochon à chaque gros mot; pour ma part, il aurait fallu que j'y laisse mon salaire. D'ailleurs, il faudra que je pense à aller le récupérer : il doit être entrain de pourrir quelque part du côté Sud de mon lit. Bon, même si j'en suis parfaitement incapable, je me dis qu'il ne faut pas plus s'énerver...je me réconforte avec l'idée d'une bonne douche chaude à venir. Mais ce ne sera pas celle ci qui va apaiser la situation : elle a surtout alimenté ma mauvaise humeur naissante. Je me suis retrouvée les yeux pleins de shampoing, qui pleuraient de douleur, à me raccrocher aux parois de ma douche pour ne surtout pas glisser et risquer de me péter le coccyx. Putain, je vais vraiment réussir à me briser quelque chose ce matin... Et une vieille traînée de lait chocolatée sur mon haut blanc et parfaitement repassé a fini de me rendre complètement cinglée.
Je vous laisse donc imaginer dans quel état d'énervement j'ai commencé ma journée. On aurait dit une vraie bombe à retardement prête à exploser à la moindre remarque, au moindre mot que j'aurais jugé (et mal jugé en soit....l'énervement ne fait jamais bon couple avec la raison!) inapproprié. Aussi, après un court séjour de 3 minutes dans ma voiture pour me rendre au boulot, je me suis entretenue avec moi même (non non je ne suis pas schizophrène) et je suis tombée d'accord pour tenter le sourire (forcé) en arrivant. Imaginez, 3 minutes pour tout ça : ce n'est même pas le temps nécessaire pour écouter une musique complète, qui, pour le coup, m'aurait, elle, permit de vraiment me détendre. Je suis quelqu'un d'efficace et l'utilisation optimisée de ma matière grise me permet de rapidement prendre de grandes décisions. On en était donc au sourire forcé. Belle initiative quand on sait que je suis une femme qui ne sait pas simuler ni faire semblant. On lit en moi comme dans un livre ouvert....c'est excessivement agaçant d'ailleurs. Voulez vous bien tous cesser de faire cela? Bon, autant d'efforts pour finalement être grillée par les collègues qui t'affuble d'un "oh t'as mauvaise mine toi ce matin" ou "t'es fatiguée" ou bien encore (là, on a carrément décidé de violer le politiquement correct) "t'as une sale gueule toi"... Quel bande d'ingrats! Mais qu'est ce que je les aime car ils ont le mérite de toujours me faire sourire.
Alors, commencer une journée aussi merdiquement, c'est donc possible... Là, tu n'as qu'une envie, c'est faire demi tour, envoyer chier tout le monde (la base quoi) et retourner te planquer dans ce qui, à ce moment là, te semble être ton meilleur acolyte à savoir ton lit! (J'imagine déjà très bien les quelques sourires d'acquiescement de certains ou certaines à la lecture de cette dernière phrase. On est tous pareils : on kiff tous notre plumard!) Et ne plus rien entendre voire se mettre en mode ermite avec le portable en mode avion, les piles enlevées de l'interphone et un mot, relativement explicite, sur la porte d'entrée : "M'emmerdez pas". Mais, tu ne peux pas. Non, tu ne peux pas car ton adorable chef t'a repéré, toi et ta sale tronche dépeinte, limite cadavérique. Il plonge ses yeux dans les tiens (non, non, pas pour te pécho), limite avec un air de dégoût après qu'il ait vraiment constaté combien tu ressembles à rien, comme pour te contrôler du regard et te faire comprendre que le taulier, ici, c'est lui. Heu, comment ça se passe chef quand on maîtrise pas la télépathie? Faut arrêter maintenant Monsieur, ça devient gênant... Bon OK, je reste. Mais, alors ne me demandez aucun effort! L'effort, il est déjà dans le fait que je sois présente et encore en vie. C'est là où l'on peut tous et toutes attester que ce qui me caractérise le plus est ma tête de con. J'étais donc parfaitement dans le rôle; rien d'étonnant! On est pas sur un concept novateur de ma part.
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L'abus de questions est dangereux pour la santé...
HumorUn jour pas comme les autres où la recherche ultime de médicaments se transforme en échange plein d'humour...